Corinne Lepage : "En France, nous risquons d’être l’un des pays les plus affectés par le changement climatique"<!-- --> | Atlantico.fr
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Une personne observe les vagues lors de la marée haute, le 21 février 2015, dans la ville de Saint-Malo.
Une personne observe les vagues lors de la marée haute, le 21 février 2015, dans la ville de Saint-Malo.
©DAMIEN MEYER / AFP

Environnement

L'été 2021 est marqué par des conditions climatiques extrêmes. Des pluies torrentielles ont touché l'Europe, un dôme de chaleur a impacté l'Amérique du Nord et des feux ont ravagé les forêts en Sibérie. Les climatologues ont-ils été surpris par l'ampleur de ces phénomènes ? Comment avançons-nous politiquement sur ces enjeux et ces défis climatiques ?

Corinne Lepage

Corinne Lepage

Corinne Lepage est avocate, ancien maître de conférences et ancien professeur à Sciences Po (chaire de développement durable).

Ancienne ministre de l'Environnement, ancienne membre de Génération écologie, fondatrice et présidente du parti écologiste Cap21 depuis 1996, cofondatrice et ancienne vice-présidente du Mouvement démocrate jusqu'en mars 2010, elle est députée au Parlement européen de 2009 à 2014. En 2012, elle fonde l’association Essaim et l’année suivante, la coopérative politique du Rassemblement citoyen. En 2014, elle devient présidente du parti LRC - Cap21.

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Atlantico : Cet été les conditions climatiques ont été extrêmes. Des pluies torrentielles se sont abattues en Europe, un dôme de chaleur s’est installé en Amérique du Nord et en Sibérie les feux ont ravagé la forêt. Les climatologues ont-ils été surpris par l'ampleur des événements ? Cette situation a-t-elle bousculé les modèles établis ces dernières années ?

Corinne Lepage : Au tout début de l’été, nous avons connu des incendies au Canada d’une telle intensité qu’ils étaient inimaginables il y a quelques années. Une température de 50 degrés s’est abattue sur le pays provoquant des incendies provoquant la disparition de villages entiers. Les climatologues étaient très surpris et très inquiets par l’importance du phénomène car l’événement était imprévu. L’intensité n’était pas imaginable aujourd’hui, on attendait leur apparition dans 20 ou 30 ans.

Contrairement à ce que l’on pense, les incendies de Californie ne sont pas exceptionnels, mais comme s’y ajoutent les incendies canadiens, l’intensité est devenue énorme sur la côte Ouest. Aux États-Unis, la fumée a pris une telle ampleur qu’elle a atteint New-York, traversant le pays d’Ouest en Est.

Les phénomènes européens en Allemagne, en Belgique et au Luxembourg et à Londres sont totalement eux aussi hors de tout épure. Il peut arriver que surviennent des pluies abondantes l’été, mais avec autant de violence et autant de force non. Cela est bien le témoignage d’un dérèglement manifeste.

Si l’on ajoute à cela les incendies du nord de la Russie, en Sibérie, nous sommes en face d’une succession géographique d’événements exceptionnels concomitants. Lorsqu’un un tel événement se produit sur toute une surface de la planète en même temps ce n’est plus exceptionnel. C’est qu’il y a un changement de nature. Nous avons probablement passé un seuil cet été.

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Les modèles ne prévoyaient pas une telle violence et de tels effets à si courts termes. La rapidité dans le temps du changement étonne. Nous pouvons citer par exemple la thèse du MIT (Ndlr : évoquée dans Atlantico) sur l’effondrement au XXIème siècle. Nous avions été bouleversés et pensions que l’institut s’était trompé… alors que non.

Sommes-nous en avance plutôt sur ces prévisions ?

Malheureusement oui. Je suis frappée de voir que lorsque j’étais Ministre de l’environnement en 1995, nous avions eu une réunion des Ministres de l’environnement où nous prévoyions une augmentation des températures de 1,5 degrés à la fin du XXIème siècle. Et nous étions pessimiste. Nous sommes actuellement à 1,3 degrés.

Il faut expliquer que cette température n’a pas de sens car il s’agit d’une température moyenne. Cela se réchauffe beaucoup plus sur les continents que sur la mer et sur certaines zones que dans d’autres. En France, nous sommes au-delà des 1,3 degrés. Nous sommes l’un des pays qui risquent d’être les plus affectés par le dérèglement.

Et comment avançons-nous politiquement à ce propos ?

Au niveau planétaire, nous avons eu une succession de décisions juridiques à ce propos bouleversantes. Dans le monde actuellement, il y a plus de 1500 procès climatiques, en l’espace de trois mois et notamment la Cour de Karlsruhe qui a déclaré inconstitutionnelle la loi allemande sur le climat au nom des générations futures. Tout cela avance dans le bon sens.

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