Les plus grands lobbies industriels mondiaux montent à l’assaut de la COP 26 qui joue cette semaine son avenir<!-- --> | Atlantico.fr
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Le président britannique de la COP26, Alok Sharma, s'exprime lors d'une conférence de presse lors du sommet COP26 des Nations Unies sur le climat à Glasgow le 6 novembre 2021.
Le président britannique de la COP26, Alok Sharma, s'exprime lors d'une conférence de presse lors du sommet COP26 des Nations Unies sur le climat à Glasgow le 6 novembre 2021.
©Paul ELLIS / AFP

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Après une première semaine par les chefs d’Etat et de gouvernement du monde entier, la COP 26 entre dans une deuxième semaine très technique contre les lobbies industriels qui sont désormais à la manœuvre.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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La première semaine de la COP 26 a été celle des grands principes et des bons sentiments. En bref, les chefs d’Etat occidentaux ont imploré les peuples de faire des efforts, compte tenu des urgences mais ils se sont aussi succédé en regrettant l’absence des responsables russes et chinois qui restent les plus gros pollueurs de la planète.

Cette semaine, les négociations vont entrer dans le concret des efforts à faire. Les ingénieurs vont prendre la main pour déterminer les modalités d’encadrement des marchés du carbone, dans la mesure où la fixation d’un prix international du carbone constitue l’arme la plus efficace pour limiter les émissions de gaz à effet de serre ou alors de trouver les moyens de les compenser.

Il faudrait donc y voir plus clair dans les échanges de quotas entre pays ou sur les marchés privés. C’était déjà prévu dans les accords de Paris et on n’a pas beaucoup avancé. 

Mais les négociations de la semaine vont aussi porter sur le soutien financier des pays les plus riches vers les plus vulnérables, qui sont souvent les plus pollueurs. 

Ces pays pauvres n‘ont souvent pas d’autres solutions que le charbon pour produire de l’énergie électrique. L’Inde, la Chine et la plupart des pays asiatiques ont du mal à prendre des engagements pour baisser leur production et leur consommation de charbon. Mauvais signe, l’Australie, très gros producteur mondial de charbon, a encore promis à ses clients de leur fournir ce dont ils ont besoin pendant plus de 7 ans encore.

Quant aux pays riches, ils y vont à petits pas. Plus de 100 pays, par exemple, ont signé un pacte pour baisser de 30 % les émissions de méthane qui est un des plus puissants gaz à effet de serre, mais pas avant 2030. Autre exemple, une centaine de dirigeants ont promis d’enrayer la déforestation dans le même temps d’ici 2030 mais pas ceux du Brésil. 

Par ailleurs, les États-Unis et le Canada ont décidé, pour donner l’exemple, d’arrêter de financer les énergies fossiles dès l’année prochaine. Il faut dire que leur gaz de schiste, aujourd’hui, est devenu un des plus chers du monde. La Pologne, pour contrecarrer les critiques et la pression de ses voisins d’être un très gros extracteur de charbon, s’est contenté de signer une déclaration de principe, s’obligeant à étudier « une transition du charbon vers l'énergie propre ». Ce type de déclarations ressemble aux promesses électorales, elles n’engagent que ceux qui les écoutent. 

L’issue finale de cette COP 26 va évidemment dépendre principalement de toutes ces négociations. 

Mais ce qui rend l’évolution très compliquée, c’est le rôle des grands groupes industriels mondiaux qui agissent en coulisses et qui sont, cette semaine, passés à la manœuvre pour protéger certains de leurs intérêts vitaux. 

Le bureau influence Map  (https://influencemap.org), un think tank international spécialisé dans la lutte pour le climat, a publié un rapport qui liste les entreprises dont l’intérêt est de freiner cette lutte pour le climat, et sans doute d’empêcher les accords de la COP 26. Ces entreprises agissent directement auprès des négociateurs de la COP, auprès de leurs gouvernements, et même auprès d’organisations internationales dont la Commission de Bruxelles, où les lobbies ont pris une place très importante ou même le FMI. 

Ce qui est intéressant, c’est qu’en tête de liste des groupes les plus actifs, c’est à dire les plus négatifs pour les négociateurs, on trouve les mastodontes américains de l’énergie, Exxon mobil et Chevron. Mais en troisième position, Toyota, le géant japonais de l’automobile, premier groupe automobile, spécialiste de l’hybride. 

En 4e position, Southern company 

En 5e position, Sempra Energy 

En 6e position, Basf 

En 7e Glencore 

En 8e BP.

Toutes ces entreprises sont présentes à Bruxelles, bien sûr, mais ça n’est pas elles qui dépensent le plus d’agent. L’Union européenne ne les menace pas au premier chef. 

Les plus actives à Bruxelles, ce sont les géants du digital : Google, Facebook, Amazon etc…  pour des raisons fiscales et normatives. Le comble d’ailleurs, dans cette affaire, est qu’à Bruxelles, les Gafam et les autres grands du digital, qui sont dans le collimateur des Européens, se défendent en expliquant qu’elles sont les entreprises les plus actives pour lutter contre le réchauffement climatique. Sans doute, encore que tout dépend l’origine de l’électricité que leur activité consomme. Parce que plus de la moitié de l’électricité consommée par le digital ( 1er consommateur mondial ) provient encore de centrales qui fonctionnent aux énergies fossiles (gaz, pétrole et charbon).

Pas facile de se débarrasser du charbon en dépit des engagements des uns comme des autres. 

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