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Le consommateur américain 
réveille le dollar et plombe l’euro
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EDITORIAL

Outre-Atlantique, la consommation des ménages permet aux États-Unis de redresser la tête. Les ménages français préfèrent eux épargner leur argent. Des comportements différents qui ne sont pas sans conséquences sur leurs monnaies.

Michel Garibal

Michel Garibal

Michel Garibal , journaliste, a fait une grande partie de sa carrière à la radio, sur France Inter, et dans la presse écrite, aux Échos et au Figaro Magazine.

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Début d’année en fanfare pour l’économie américaine. Après une longue période de morosité, la conjoncture se fait souriante. Le chômage est en fort recul grâce à la création de 325 000 emplois en décembre. Le secteur immobilier connaît des frémissements qui pourraient annoncer une reprise. L’automobile affiche des résultats record. General Motors est redevenu le premier producteur mondial avant Volkswagen et Toyota. Les Américains retrouvent leur goût légendaire pour les 4x4 et autres véhicules gourmands en énergie, signe du regain d’un certain optimisme. Après une longue période de doute, ils se remettent à consommer. Au demeurant le taux d’épargne des ménages qui avait commencé à remonter lors de la crise de 2009 pour atteindre six pour cent, redescend à nouveau pour satisfaire la nouvelle fringale de la population.

De ce côté-ci de l’Atlantique, le comportement est à l’opposé. Le ton reste à la frilosité avec un moral des ménages au plus bas. Les Français, qui détiennent déjà l’une des épargnes les plus importantes du monde, ont commencé à surveiller leurs dépenses afin de continuer à remplir leurs bas de laine, en prévision d’un avenir qui leur parait sombre. Les demandes de crédit diminuent, en particulier dans l’immobilier, où certains particuliers préfèrent rembourser par anticipation leurs emprunts en puisant sur la réserve de leur assurance-vie. Les livrets A se gonflent à vue d’œil. En freinant leur consommation, nos compatriotes accélèrent le ralentissement de l’activité qui est déjà à l’œuvre depuis l’automne dernier, ce qui constitue un nouveau casse-tête pour le redressement des finances publiques.

La conséquence se lit déjà dans le comportement des monnaies. Les investisseurs et tous ceux qui cherchent un refuge se tournent vers l’Amérique. Wall Street a enregistré une hausse de 5,5% des cours à la fin de l’an dernier, alors que les places européennes perdaient entre 15 et 20% . Les Etats-Unis, malgré l’énormité de leur dette et l’ampleur de leur déficit commercial parviennent à emprunter à dix ans à l’un des plus bas taux du monde (deux pour cent) sans la moindre difficulté, tandis que leur monnaie s’apprécie. C’est l’euro qui en fait les frais, avec un cours revenu à 1,27 dollar pour un euro, le plus bas niveau depuis dix-huit mois.

Une évolution qui pourrait bien se poursuivre en raison des craintes que suscitent toujours  les difficultés rencontrées par le vieux continent pour juguler la crise financière.

Tout n’est pas noir cependant : le recul de l’euro répond à une vieille revendication des milieux d’affaires, car la surévaluation de la monnaie commune depuis des années a asphyxié les productions nationales et favorisé les délocalisations. Si l’euro pouvait s’installer durablement autour de 1,20 dollar, la perte de compétitivité du made in France se trouverait enrayée et la désindustrialisation pourrait être stoppée. Ce serait un remède aussi efficace que celui de la TVA sociale que le gouvernement va tenter de faire voter au Parlement dans l’urgence et dont la réalisation demeure incertaine au moment où le pays est entré en campagne électorale.

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