Comment les cours de musique peuvent accélérer le développement cérébral de votre enfant<!-- --> | Atlantico.fr
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Les élèves qui apprenaient la musique ont été plus performants que les autres, notamment dans une épreuve consistant à remarquer les dissonances entre deux morceaux musicaux quasiment identiques. Ils ont développé une oreille musicale en deux ans.
Les élèves qui apprenaient la musique ont été plus performants que les autres, notamment dans une épreuve consistant à remarquer les dissonances entre deux morceaux musicaux quasiment identiques. Ils ont développé une oreille musicale en deux ans.
©Neuroservo

La clé de sol ouvre de nombreuses portes

Depuis 2012, des scientifiques observent le développement cérébral des enfants qui apprennent à jouer de la musique. Il en ressort une première conclusion : ces enfants-là développent une meilleure oreille. De quoi suggérer également de meilleures capacités de langage et de lecture, car ces capacités engagent les mêmes régions du cerveau.

On savait déjà qu’apprendre à faire de la musique nous était bénéfique en de nombreux points : le développement de la concentration et de la discipline, mais également une meilleure gestion de notre corps et de nos émotions, sans oublier sa fonction sociale. Un nouvel atout vient s’ajouter à ces déjà nombreux avantages : un développement cérébral accéléré, notamment chez les enfants, rapporte le site Quartz.

Différences innées ou acquises ?

Dans cet article, la scientifique Assal Habibi du département Brain and Creativity Institutede l’Université de Californie du Sud (Los Angeles, États-Unis) fait le point sur l’avancée des recherches qu’elle mène avec son équipe sur la manière dont évoluent les capacités cérébrales des enfants qui apprennent à jouer de la musique. Depuis 2012, elle a entamé avec ses confrères une étude à mener sur cinq ans, visant à comparer par le biais de tests annuels les performances cérébrales de 80 enfants défavorisés âgés entre 6 et 7 ans, séparés en trois groupes. Le premier groupe venait en 2012 de commencer un apprentissage de la musique dans le cadre du Youth Orchestra Los Angeles Program, qui vise justement à faire d’elle un moyen d’élévation sociale et intellectuelle. Le deuxième groupe rassemblait des enfants qui se lançaient dans un programme sportif. Enfin, les enfants du troisième groupe n’étaient inscrits dans aucune activité extrascolaire.

En réalisant une étude sur cinq ans sur des enfants qui commencent tout juste leurs apprentissages divers, Assal Habibi et son équipe ont pu explorer un champ scientifique encore inexploré, qui permettrait enfin d’obtenir des conclusions claires et définitives sur l’influence de la musique dans le développement cérébral. En effet, de précédentes études avaient observé des différences cérébrales entre des adultes musiciens et des adultes non-musiciens, ou encore des liens entre l’apprentissage de la musique et de meilleures capacités de langage et de raisonnement non-verbal et de meilleurs résultats aux tests de quotient intellectuel. Toutefois, ces études ne convainquaient pas tout le monde, car on peut estimer là que ces différences sont innées et ne résultent en rien d’un apprentissage quelconque. En se fixant sur des enfants qui n’ont pas encore touché à quelque instrument, Assal Habibi avait l’occasion de mettre un terme au débat.

Une oreille musicale et de meilleurs facultés

Et c’est donc ce qui a été fait. Chaque année, les enfants passaient un test au cours duquel allaient être évaluées leurs capacités de mémorisation, d’analyse musicale et de parole. Ce durant, les chercheurs pouvaient observer l’activité cérébrale de chaque enfant à l’aide d’un électroencéphalogramme qui permet d’observer succinctement chaque partie du cerveau. Durant deux ans, ces tests ne conduisaient à aucune différence entre chaque élève : leurs résultats étaient plutôt uniformes. Toutefois, en 2014, les élèves qui apprenaient la musique se sont révélés plus performants que les autres, notamment dans une épreuve du test consistant à remarquer les dissonances entre deux morceaux musicaux quasiment identiques. Ils ont développé ce qu’on appelle une oreille musicale, en seulement deux ans.

Normal, vous direz-vous. Une personne qui fait de la musique finit forcément par avoir une meilleure oreille musicale que les autres, cette activité l’exigeant. Et vous aurez raison. Toutefois, cet atout pourrait en cacher d’autres, estiment les chercheurs. En effet, cette oreille musicale dépend, scientifiquement parlant, de la rapidité à laquelle votre oreille transmet les informations reçues au cortex auditif, une partie du cerveau située quelques centimètres au dessus des tempes. Or, cette région du cerveau est notamment associée aux capacités de lecture et de parole. Des compétences que les enfants qui apprennent la musique pourrait ainsi développer, par le biais de la stimulation prolongée du cortex auditif. En d’autres termes, la musique apporte plus que ce l’on pourrait croire, comme le présageait déjà une autre étude publiée en 2015.

Alors que l’étude menée par Assal Habibi et son équipe n’a pas encore rendu toutes ses conclusions (l’étude ne sera achevée qu’en 2017), ces scientifiques estiment que ces résultats devraient déjà jouer en faveur d’une plus grande crédibilité d’un apprentissage musical à l’école, et notamment dans le cadre de l’accompagnement des enfants les plus défavorisés, qui éprouvent souvent de grandes difficultés de langage et de lecture.

Comme quoi, la clef de sol pourrait ouvrir de nombreuses portes.

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