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Comment les aliments peuvent-ils être à l’origine de cancers ?
©Reuters

Bonnes feuilles

L'organisme humain est heureusement très cohérent. Si nous lui donnons les bons aliments, nous avons le maximum de chances de rester en excellente santé et au maximum de nos capacités physiques, intellectuelles et affectives. A l'inverse, une mauvaise alimentation peut avoir de graves conséquences. Extrait de "Changez d'alimentation", du Pr Henri Joyeux, éditions du rocher (1/2).

Pr Henri Joyeux

Pr Henri Joyeux

Henri Joyeux est chirurgien cancérologue et chirurgien des hôpitaux, professeur honoraire de chirurgie digestive et de cancérologie à la faculté de médecine de Montpellier. Il a publié de nombreux ouvrages consacrés à l'écologie humaine, notamment sur l'alimentation. Parmi ses dernières publications, "Vaccins, comment s'y retrouver ?","Tout savoir pour éviter Alzheimer ou Parkinson" (en collaboration avec Dominique Vialard) et le best-seller "Changez d'alimentation".

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L’environnement au sens large est un facteur majeur de carcinogenèse. 80 % des cancers lui seraient imputables. » (W.A. Creasey, in Diet and Cancer, 1985.)

Un peu d’histoire

– En 1700, un médecin italien Bernardino Ramazzini observe que les cancers du sein sont plus fréquents chez les religieuses. Il suggère que la grossesse et l’allaitement protègent contre le cancer du sein.

– En 1775, Percival Pott avait remarqué que les cancers du scrotum (des bourses) et de la cavité nasale étaient plus fréquents chez les ramoneurs anglais. Il pensait que ces cancers étaient dus à une exposition excessive à la suie. Des années plus tard, les expériences de laboratoire montrèrent que certains hydrocarbures polycycliques, formés lors de la combustion, sont cancérogènes chez l’animal; plus tard, on a trouvé rayons X qui peuvent être également la cause de cancers chez les animaux.

– En 1940, Isaac Berenblum et ses collaborateurs montrent que le processus de cancérisation comprend au moins deux phases: la phase d’initiation et la phase de promotion.

État actuel des connaissances

La phase d’initiation résulte d’une interaction brève et irréversible entre un agent cancérogène et le noyau de la cellule où se situe l’ADN: on dit que le « génome » de la cellule se modifie… c’est son identité génétique qui est modifiée. La cellule est initiée, elle est capable de devenir cancéreuse mais elle reste en quelque sorte au repos. Il faudra que d’autres agents cancérigènes appelés promoteurs interviennent pour déclencher sa multiplication et l’apparition d’une tumeur.

La phase de promotion. L’agent ou les agents promoteurs sont capables de faire proliférer les cellules initiées, mais ils doivent avoir une action répétée, chronique sur une longue période de temps.

La période de latence qui sépare l’initiation cancéreuse d’une cellule de l’apparition d’une tumeur peut être longue1 et durer entre 10 et 30 ans. Un cancer du sein peut mettre 5 à 30 ans pour apparaître. Idem pour beaucoup de cancers de l’adulte.

Cette longue latence correspond à la période « cachée » de l’histoire naturelle du cancer.

Les facteurs d’origine alimentaire peuvent intervenir comme agents initiateurs ou promoteurs, ou bien au contraire, protecteurs.

L’activation des carcinogènes. Certains carcinogènes* nécessitent une activation préalable pour exercer leur effet délétère. Des virus ou des composés chimiques divers peuvent en être responsables, ils favorisent la croissance des tumeurs. Le rôle de l’alimentation est en général indirect, favorisant ou inhibant les voies de la cancérogenèse.

1. Chez l’enfant, la période de latence est plus courte. Elle peut commencer dès le premier trimestre de la grossesse de sa mère. C’est le cas du cancer des voies géni tales de la petite ou de la jeune fille (entre 6 et 20 ans) qui est initié par le Distilbène (oestrogène exogène) pris par sa mère au début de la grossesse. Les garçons font aussi des cancers. Et les mères qui ont consommé ce DES risquent de développer des can cers du sein et de l’ovaire…

*Les astérisques renvoient au lexique, page 377.

Extrait de "Changez d'alimentation", du Pr Henri Joyeux, éditions du rocher, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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