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Comment la jeunesse iranienne prépare sur Internet la réouverture et le rayonnement international de son pays
©Reuters

Bonnes feuilles

Depuis le rapprochement entre l'Iran de Rohani et l'Amérique d'Obama, les cartes stratégiques sont totalement rebattues au Moyen et Proche-Orient, voire dans les pays du golfe persique. En revanche, l'Islam sunnite est devenu un danger, en témoigne les visées hégémoniques de l'Etat islamique. L'Occident a dont tout intérêt à s'appuyer sur Téhéran pour combattre le groupe terroriste. Extrait de "Iran, le sens de l'histoire" d'Ardavan Amir-Aslani, aux éditions du Moment. 2/2

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani

Ardavan Amir-Aslani est avocat et essayiste, spécialiste du Moyen-Orient. Il tient par ailleurs un blog www.amir-aslani.com, et alimente régulièrement son compte Twitter: @a_amir_aslani.

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70% de la population iranienne est âgée de moins de quarante ans. Ce qui fait plus de cinquante millions de citoyens sur les quelque quatre-vingts millions d’habitants que compte le pays. Cette statistique raconte l’histoire d’une jeunesse qui n’a connu que théocratie, sanctions économiques et limitation de ses libertés. Voici donc un peuple qui, dans son aspiration profonde au changement, rêve de construire une société nouvelle, sur des fondations qui cesseraient d’être exclusivement religieuses.

Chez les voisins plus ou moins proches, qu’ils soient tunisiens, égyptiens, libyens ou yéménites, les populations oppressées pendant des années sous le joug de régimes autocratiques, jouant sur des ressorts et des codes différents, ont parfois effectué le mouvement inverse. Des rêves à rebours pour d’autres jeunesses écrasées par d’autres tyrannies. Avec les excès chaotiques que les premières années sous de nouveaux régimes théocratiques rêvés leur ont parfois révélés bien vite. Cette jeunesse iranienne se présente au monde avide d’échanges, comme si elle avait stocké pendant ses années d’isolement une énergie qui ne demande désormais qu’à se déverser hors de ses frontières. Alors qu’elle aurait pu se trouver définitivement anesthésiée, comme plongée dans un coma profond dont le patient ne se remet jamais réellement, même revenu à la conscience. Il n’en est rien. Malgré les restrictions, les foyers iraniens possèdent presque tous une connexion Internet et les utilisateurs contournent les limitations d’usage par l’emploi quasi généralisé de VPN, ces systèmes qui permettent de créer des liens directs entre ordinateurs distants. Le persan figure déjà dans le peloton de tête des langues les plus pratiquées sur la toile, après l’anglais et le mandarin. La réouverture du pays au monde ne manquera d’affermir le phénomène, dynamisant comme jamais sa visibilité virtuelle – peut-être plus importante que toutes les autres aujourd'hui. En filigrane du retour de l’Iran, perle celui d’une jeunesse aspirant à un mode de vie profondément séculier, abreuvée d’Occident et espérant par les innombrables atouts dont elle dispose renouer avec une splendeur trop vite et trop brutalement évanouie, souffrant viscéralement, au fond, que ses parents aient vécu une Renaissance alors qu’eux-mêmes n’ont expérimenté que le Moyen-Âge. C’est le retour d’un peuple qui s’annonce. Un peuple jeune. Comme pour mieux souligner l’évidence du mouvement amorcé, les symboles incontestables s’accumulent, grands ou petits, émanant de l’intérieur de l’Iran ou de ceux qui l’observent avec la plus grande attention.

Au printemps 2016, les élections parlementaires et de l’assemblée des experts vont s’enchaîner. L’ancien président Hachemi Rafsandjani a osé une réflexion publique sur la succession de l’actuel Guide suprême. Il l’a envisagée sous la forme d’une collégialité. Un double tabou serait-il en train de s’effondrer ? Traditionnellement, on ne parle pas de la mort du Guide et de son remplacement. Encore moins d’une dilution de la théocratie qu’induirait le concept d’un pouvoir religieux polycéphale. En novembre 2015, Time Magazine barrait sa une d’un définitif « 2025 : comment l’Iran en se changeant, va changer le monde ». Au-delà de la pertinence du message et de la justesse de l’échéance fixée, nul besoin d’être fin connaisseur des arcanes de la géopolitique contemporaine pour mesurer ce que représente le changement de regard porté par l’opinion publique américaine sur cette contrée jadis honnie et méprisée. Avec la restauration au sein du concert des nations d’une puissance débordant bien au-delà de ses frontières et gorgée de forces, c’est le retour de l’Iran dans son influence des années 1970, gendarme du golfe Persique et du Moyen-Orient.

Extrait de "Iran, le sens de l'histoire" d'Ardavan Amir-Aslani, publié aux éditions du Moment. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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