Comment en un an François a conduit une des plus grandes évolutions institutionnelles qu'a connues le Vatican ces dernières décennies<!-- --> | Atlantico.fr
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Le 13 mars 2013, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio devenait le pape François, 266e évêque de Rome
Le 13 mars 2013, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio devenait le pape François, 266e évêque de Rome
©Reuters

Tranquillement, mais sûrement

Jorge Mario Bergoglio occupe la fonction papale depuis un an maintenant. Cette période lui a permis de conquérir le cœur de tous les catholiques, si ce n'est au-delà, et d'entamer une réforme fondamentale du Vatican.

Nicolas Diat

Nicolas Diat

Nicolas Diat est considéré comme un des meilleurs spécialistes du Vatican. 
 
"Un temps pour mourir" de Nicolas Diat
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Atlantico : Le 13 mars 2013, le cardinal argentin Jorge Mario Bergoglio devenait le pape François, 266e évêque de Rome. Quel bilan peut-on maintenant faire de son action, tant au sein du Vatican que vis-à-vis de l'ensemble de la communauté catholique ?

Nicolas Diat : Le grand trait de cette première année de François ne se trouve pas ailleurs que dans l’immense popularité du pape. Qu'on soit critique vis-à-vis de cette déferlante, qu'on soit choqué ou non par la couverture du magazine Rolling Stone, rien ne peut annuler le fait que le successeur de Benoît XVI est porté par un tsunami de popularité. On peut assurer que ce torrent d’estime surpasse de loin celui de Jean XXIII ou Jean-Paul II. La couverture médiatique était certes différente à ces époques, y compris sous le pape polonais, mais il y avait tout de même autour d’eux une forme de polarisation, un versant critique parfois acide... Alors que François ne cesse jamais à ce jour d’étonner par l'unanimité, voire l'unanimisme, autour de sa personne. On constate à ce propos une bipolarité entre la forme et le fond : la popularité porte sur la forme ; sur le fond, on saisit moins le vrai jugement des observateurs médiatiques ou de l'opinion publique. Ainsi, d’un mot, il existe à la fois une grande unanimité sur la forme, et un plus grand flou sur le fond.

Pour ce qui est du bilan sur le programme en tant que tel, il est important de saisir à quel point François a ouvert de grands chantiers gouvernementaux, ce qui permet de dire qu'il se distingue d’ors et déjà comme un grand pape réformateur. C'est un authentique leader, un homme prudent, déterminé et avisé. Je place la création et la conception d’un nouveau ministère des finances du Vatican au rang des plus grandes évolutions institutionnelles du Saint-Siège des dernières décennies.

Enfin, j'aimerais dire de ce pape qu’il est un pasteur pragmatique et  exigeant tout ensemble. Sur la question de l'accès des personnes divorcées et remariées à la communion, par exemple, il fera montre de grandes qualités d’écoute, en laissant le fleuve du magistère de l’Eglise couler dans son lit.

Pourtant, soyons surtout prudents, il est encore trop tôt pour formuler des conclusions définitives. Et lui-même, sachant que la route est caillouteuse, avance avec précaution pour, en bon jésuite, parvenir à la synthèse...

A quels obstacles a-t-il été confronté, et comment les a-t-il dépassés ?

Ces difficultés, on peut les résumer en un mot : l'inertie, cette capacité à la stagnation qui est propre à toute administration. Une technocratie engage rarement par elle-même sa propre réforme, au contraire elle a tendance à accumuler les pouvoirs plutôt qu'à s'en délester. La Curie s'interroge sur son avenir, notamment quand elle voit le pape enlever à la Secrétairerie d’Etat les prérogatives économiques et financières pour les donner à une entité indépendante et autonome, le Secrétariat pour l'économie. La révolution, et les résistances qui en sont le corolaire, réside donc dans le fait que le pape place son administration à son service ! Nonobstant, si les réticences et les malaises existent, ils ne sont en rien incontournables. En fait, une immense majorité de prélats considère que l'action réformatrice de François est positive, nécessaire et salutaire.

Quels sont les chantiers à venir ?

Un synode sur la famille va avoir lieu en septembre prochain. Il va ouvrir de manière nette la réflexion de l'Eglise sur la famille et la manière de concevoir ses évolutions.

Parallèlement la réforme de la Curie doit être parachevée. François veut rationaliser la "machine" et la délester de certains ministères ou conseils qu'il considère comme peu utiles. Ce mouvement s'inscrit dans la continuité de ce qui a déjà été posé cette année.

Ce pape est remarquable en ce qu'il laisse le temps au temps, et consulte énormément. Derrière une impression de lenteur, la révolution engagée au sein du Vatican est irréversible. Les finances du Vatican vont pouvoir être assainies comme elles ne l'ont pas été depuis des dizaines d'années. Les scandales connus par la Banque du Vatican deviendront quasiment impossibles.

Lorsqu'il aura achevé les consultations et les réflexions exigées par la réforme de la Constitution de la Curie, de même que pour la création du Secrétariat pour l'économie, la décision tombera, forte, puissante, et efficace.

Les qualités sont tellement nombreuses qu'on en vient à chercher désespérément la faille... On a beau chercher… elle est difficile à trouver ! En outre, François a su s'appuyer sur la profondeur de sa popularité pour mieux faire accepter la réforme. Certains imaginent, fantasment ou espèrent des oppositions internes qui finiraient par paralyser le pape et contrecarrer certains de ses projets... Certes, il est des franges qui sont un peu désorientées par la profondeur du changement en cours. Les réticences peuvent  exister, mais elles n'empêchent pas le pape d'agir. Depuis un an, les petites paroles passent, et François avance...

Propos recueillis par Gilles Boutin

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