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Chômage : les 6 graphiques qui montrent que la situation s’aggrave et pour tout le monde
©Dares

De mal en pis

Le ministre du Travail François Rebsamen ne s'attendait pas pour le mois d'avril "à une amélioration immédiate, pas non plus à une aggravation significative" des chiffres du chômage. Or, les chiffres montrent que la situation n'est pas près de s'améliorer...

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Pour le nouveau ministre du travail, François Rebsamen,  le numéro d’équilibriste lexical, que Michel Sapin a tenu pendant 2 ans, commence.  Alors que le Ministre devait déjà être informé des chiffres publiés le 28 mai à 18h00, il indiquait dans une interview au Dauphiné :

« Concernant le mois d’avril, je ne m’attends pas à une amélioration immédiate, pas non plus à une aggravation significative. Mais les analyses mensuelles sont fragiles, le mieux est de les apprécier sur la durée. Mon objectif est que la moyenne sur le deuxième trimestre de cette année soit inférieure à la moyenne du premier trimestre. Et à nouveau au troisième trimestre… Les dispositifs sont là, mais il faut aussi que l’économie française reparte. »

Le chiffre de 14 800 chômeurs de plus, pour le mois d’avril 2014, n’est donc pas retenu comme entrant dans la catégorie de l’ « aggravation significative ».  Quant à l’ « amélioration  immédiate », effectivement, elle n’est pas au rendez-vous.

Une situation qui peut se mesurer au nombre de personnes représentées dans la catégorie des chômeurs de moins de 3 mois.  Cette catégorie permet en effet de percevoir la tendance à court terme des personnes entrant au pôle emploi, et ayant récemment perdu le leur :

L'accélération nette depuis le début de l’année 2014 démontre que les pertes d’emploi sont largement à la hausse. François Kalfon, délégué national du Parti Socialiste chargé des élections et des études d’opinion indiquait sur l’antenne d’iTélé que les licenciements économiques sont à la baisse, une baisse de 6%. Le chiffre est juste, mais pratique. Car si les licenciements économiques baissent effectivement de 14 200 à 13 400, (soit une baisse de 800 personnes) la catégorie des « autres cas », comprendre les ruptures conventionnelles sont quant à elles à la hausse : 11 600 personnes de plus que le mois dernier.

De plus, le fait que le nombre de démissions atteigne son plus bas historique, soit 12 800 en un mois, démontre que le sentiment de « peur » et de sclérose domine le marché du travail en France. Les salariés n’ont plus suffisamment confiance pour démissionner et trouver un autre emploi. Le taux de démission par rapport au nombre de chômeurs atteint 0.26%, chiffre qui témoigne du niveau de confiance des salariés par rapport au marché de l’emploi.

Concernant la désormais célèbre « courbe du chômage », l’amélioration n’est pas non plus à l’ordre du jour. Pour éviter de parler de pourcentages, il convient de représenter l’évolution du chômage en France depuis l’entrée en fonction de François Hollande. Pour la catégorie A, ce sont 470 000 chômeurs de plus depuis mai 2012 :

Une tendance semblable à celle de l’ensemble des catégories principales AB et C ; 664 000 personnes de plus sont concernées depuis mai 2012.

Mais cette aggravation générale de la situation de l’emploi est également à considérer du point de vue des chômeurs de longue durée. Ce sont plus de 2.114.000 personnes qui sont au chômage depuis plus d’une année. Là encore, un record historique pour le pays et une hausse de plus de 100% depuis l’entrée en crise.

Pour ceux qui sont au chômage depuis plus de 3 ans, c’est-à-dire pour ceux qui  auront le moins de chance de pouvoir trouver un emploi, car devenus « inemployables », la progression est la plus forte : 625 000 personnes en avril 2014.

La problématique du chômage de longue durée avait pu justifier à elle seule la mise en place de plans de relance économique aux Etats Unis, car « avec le temps », le chômage conjoncturel se transforme en chômage structurel, phénomène bien plus complexe à traiter.

Pour François Rebsamen, les mots risquent de manquer pour le prochain mois. Car si les indicateurs avaient pu montrer une accalmie de la situation pour les mois de mars et avril, toutefois insuffisante pour faire baisser le chômage. Les chiffres disponibles pour le mois de mai s’annoncent bien moins prometteur.

Dans son interview, le ministre du travail déclare  « mais il faut aussi que l’économie française reparte. ». On ne peut pas lui donner tort, mais elle ne va pas repartir toute seule.

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