Chômage : la faible croissance n'est pas la seule coupable<!-- --> | Atlantico.fr
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Entre 2007 et maintenant, le chômage a augmenté, alors que la production n’est qu’en très légère hausse.
Entre 2007 et maintenant, le chômage a augmenté, alors que la production n’est qu’en très légère hausse.
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Cercle vicieux

Si le chômage ne baisse pas, ce n'est pas seulement à cause de la morosité de la croissance. Le poids de la dette, l'incertitude fiscale et les obstacles légaux aux licenciements y sont aussi pour beaucoup.

Florin Aftalion

Florin Aftalion

Florin Aftalion est professeur émérite à l'ESSEC.

Il a enseigné l’économie et la finance aux universités de New YorkNorthwestern et de Tel-Aviv. Il a cofondé la collection Libre Echange aux Presses universitaires de France

Son dernier ouvrage est  « Crise, Dépression, New Deal, Guerre », publié en 2012 aux éditions Economica

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La reprise qui a suivi la récession de 2007-2008 est particulièrement molle. Aux Etats-Unis la croissance sera cette année de l’ordre de 2 %. En France elle se limitera sans doute à 1,5 % avec une prévision pour 2012 de 1 %. De tels taux sont exceptionnellement faibles par comparaison avec ceux observés à la suite de récessions passées.

Plus inquiétant encore : le nombre d’emplois créés est largement insuffisant pour faire baisser le taux du chômage. On constate en effet qu’aux Etats-Unis le PIB a atteint, au cours du troisième trimestre 2011, exactement le niveau qui était le sien à la fin de l’année 2007. Pourtant, le chômage qui ne touchait alors que 4,6 % de la population active en affecte aujourd’hui 9,0 %. A production identique quelque 650 000 jobs ont été perdus. Le même phénomène a lieu en France. Entre 2007 et maintenant, le chômage a augmenté, passant de 8,3 % à 9,9 % alors que la production n’est qu’en très légère hausse.

Nous constatons donc que non seulement la croissance actuelle est anémique mais qu’en plus elle produit peu d’emplois. Les causes de ces deux phénomènes inquiétants sont d’une part les endettements excessifs des Etats et d’autre part les incertitudes fiscales et légales que les Etats imposent au secteur privé.

Des études récentes montrent en effet qu’un endettement public supérieur à 90 % du PIB est en général associé à une moindre croissance. Or, aujourd’hui les taux d’endettement des Etats-Unis et de la France sont proches du seuil de 90 %. Ce qui oblige les gouvernements déjà gravement endettés à s’approprier des fonds qui dès lors ne sont plus disponibles pour des investissements privés (et la création des emplois correspondants). Les gouvernements arrivent à leurs fins par des moyens détournés, dont la réglementation permettant aux banques de prêter à des Etats sans avoir à détenir des capitaux propres en regard n’est qu’un exemple. L’ensemble des méthodes d’appropriation de fonds par les Etats peut être qualifiée de « répression financière ».

Incertitude fiscale

Déjà privées dans une large mesure de capitaux les entreprises françaises aussi bien qu’américaines doivent par ailleurs faire face à une extrême incertitude fiscale et légale. Investir sans savoir quel sera le futur taux de l’impôt sur les sociétés, quel taux de TVA sera appliqué à sa production ou encore de quelles « niches fiscales » bénéficieront d’éventuels clients les conduits à limiter leurs projets.

Répression financière et incertitudes fiscales et légales expliquent que la croissance soit ralentie. Mais pourquoi engendre-t-elle si peu d’emplois ?

Une partie de la réponse à cette question tient au fait qu’une fois la croissance repartie, étant donné qu’avec le temps la productivité augmente, à production égale, les entreprises ont besoin de moins de main d’œuvre qu’avant la crise. Mais si les perspectives de croissance sont bonnes elles vont finir tout de même par embaucher. Or, aujourd’hui non seulement ces perspectives sont mauvaises mais des obstacles légaux rendent les licenciements extrêmement coûteux. Les entreprises veulent donc être sures avant d’embaucher qu’elles n’auront pas à le regretter.

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