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Charte du parti socialiste : le progressisme est en marche… mais ailleurs
©Reuters

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Le "progressisme" voulu par Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a fait long feu, rejeté en bloc par son irréductible aile gauche.

Michel Fize

Michel Fize

Michel Fize est un sociologue, ancien chercheur au CNRS, écrivain, ancien conseiller régional d'Ile de France, ardent défenseur de la cause animale.

Il est l'auteur d'une quarantaine d'ouvrages dont La Démocratie familiale (Presses de la Renaissance, 1990), Le Livre noir de la jeunesse (Presses de la Renaissance, 2007), L'Individualisme démocratique (L'Oeuvre, 2010), Jeunesses à l'abandon (Mimésis, 2016), La Crise morale de la France et des Français (Mimésis, 2017). Son dernier livre : De l'abîme à l'espoir (Mimésis, 2021)

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Le « nouveau progressisme » voulu par Jean-Christophe Cambadélis, le souhait du premier secrétaire du PS de réaliser l’« alliance des progressistes et des productifs », a fait long feu, rejeté par l’aile gauche de sa formation politique. Ainsi s’achève une éphémère opération de « centritude », pour parler comme qui vous savez, c’est-à-dire de rassemblement de la famille socialiste autour d’une idée supposée être de consensus : le progrès (humain). Ne reste qu’une Charte de 23 pages dont l’avenir, en vérité, dira ou non l’impact sur l’action socialiste. De toute façon, il est clair que le « progressisme » cambadélisien n’a jamais tendu à autre chose que d’être « le plus petit commun dénominateur fédérateur » d’un parti en souffrance idéologique. Rien à voir avec le « progressisme » du Premier ministre, ce rêve de Manuel Valls d’une « maison commune de toutes les forces progressistes ». Cette opération d’ouverture du PS au centre incarné par François Bayrou a, pour l’heure, pareillement avorté. Et d’éminents journalistes, dans un réflexe épidermique, de conclure sentencieusement : « Cette OPA sur le mot « progressisme » en a signé l’arrêt de mort » (Le Monde des 7-8/12/14). EN AUCUN CAS. Le progressisme n’a pas seulement un avenir, il est l’avenir de la société française et de l’humanité tout entière. Il est du reste en marche, ailleurs (qu’au PS) et pour longtemps.

Mais qu’est-ce que le progressisme ? Et d’abord que n’est-il pas, que doit-il ne pas être ? Un mot que l’on brandit dans les discours, une incantation de vieilles formations politiques pour cacher leur épuisement idéologique certain. Le progressisme vaut mieux que cette idéologie « molle », esquissé aujourd’hui par la direction du parti socialiste. Le progressisme est une grande IDEE, une idée réfléchie, travaillée, on l’oublie souvent, depuis plusieurs années, par le Mouvement des Progressistes (ex-MUP), dirigé par Robert Hue. Un document d’une trentaine de pages, intitulé « Une ambition progressiste » et disponible sur le site mouvementdesprogressistes.fr, témoigne d’un premier travail de réflexion et de propositions.

Le progressisme, comme l’explique le président du MdP, dans son dernier ouvrage (Les partis vont mourir, et ils ne le savent pas, Ed. L’Archipel), est un projet politique révolutionnaire. « Nous aussi nous sommes des révolutionnaires si l’on entend par ce mot des hommes de progrès », disait Zola (Son Excellence Eugène Rougon).

Le progressisme, c’est, au plan intérieur, une nouvelle économie, plus humaine, une nouvelle politique, plus co-décisionnelle. C’est le rejet du productivisme effréné, de « la croissance pour la croissance » au seul service des financiers et des grands patrons. L’économie progressiste est une économie solidaire, durable et écologique. C’est un éco-progressisme (R.Hue). Cette économie est partageuse, soucieuse de justice sociale et de bien-être des travailleurs, de tous les travailleurs, à tous les niveaux de responsabilités. L’entreprise progressiste fonctionne donc autrement que l’entreprise dite « libérale ». Avec elle, les décisions sont partagées, les décisions co-construites, les bénéfices et les profits équitablement répartis entre tous. Cette nouvelle économie marque définitivement le « dépassement du capitalisme ».

Le progressisme, c’est aussi une nouvelle politique, fondée sur une réforme profonde des institutions et de la vie politique. Il s’agit moins d’inventer une VI è République que de fortifier, de redresser, de moderniser l’actuelle, en la rendant plus équitable, plus collective, plus parlementaire en somme. Les progressistes veulent donc une représentation proportionnelle forte (d’au moins 50 %), à défaut d’une représentation intégrale qui viendra le moment venu. Chaque parti doit pouvoir être représenté à la hauteur des voix des électeurs. Ils veulent une interdiction du cumul de plus de deux mandats : un local et un national ou européen, à défaut du mandat unique, qui est à terme l’objectif. Les progressistes ne veulent pas non plus de mandat à durée indéfinie, voire à vie. La règle de deux mandats consécutifs seulement, comme pour le mandat présidentiel, est la seule manière de mettre fin à la professionnalisation de la vie politique qui gangrène notre vie démocratique. Les progressistes veulent un vrai statut de l’élu, qui offre à chaque citoyen qui le souhaite, et d’abord à ceux les moins représentés : ouvriers, agriculteurs, jeunes…, la possibilité d’exercer une fonction d’élu. Enfin, the last but not the least, les progressistes souhaitent qu’il soit mis fin à cette « arnaque » que représente l’élection du président de la République au suffrage universel direct. Loin de définir des hommes et des femmes au niveau requis pour exercer la fonction suprême, l’élection en question ne fait que consacrer la « démocratie sondagière » ou les manœuvres partisanes, par (fausses) primaires interposées. Sachant cependant l’attachement des Français à « leur » élection, nous pensons préférable de réfléchir pour l’heure, soit, à terme, à la suppression pure et simple du  poste de Président de la République (dans cette hypothèse, le premier ministre assumerait la pleine et entière direction du gouvernement sous le contrôle du Parlement qui récupèrerait l’entière fonction législative), soit à la réintroduction d’un septennat non-renouvelable, et d’un président-arbitre.

Un dernier mot sur le plan international. Le progressisme, c’est à ce niveau le pacifisme, le recours à la diplomatie pour éviter les conflits et la mise au point de solutions politiques pour mettre fin aux conflits en cours. L’objectif final étant de réaliser par la négociation le désarmement collectif.

Voilà rapidement présentés quelques traits du vrai progressisme dont la France a un impératif besoin.

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