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Chantage, insultes, sexe et trahisons : les ténébreux coups bas échangés entre JFK et J. Edgar Hoover
©Flickr/Natalia Sheppard

Bonnes feuilles

22 novembre 1963. La vie du jeune et séduisant John F. Kennedy, 35e président des États-Unis, s'interrompt brutalement à Dallas. Derrière la légende que célèbrent les magazines se cache cependant une réalité moins glamour : celle d'un don Juan prisonnier d'une véritable addiction sexuelle, qui collectionne de façon obsessionnelle les conquêtes. Extrait de "JFK, une histoire sexuelle" de Georges Ayache, aux Editions du Rocher (1/2).

Georges Ayache

Georges Ayache

Ancien diplomate, aujourd'hui écrivain et avocat, Georges Ayache est docteur en science politique et ancien élève de l'ENA.

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Des risques avec les femmes, Jack Kennedy en aura tellement pris dans son existence! Ils lui sont devenus presque habituels, au point sans doute de ne même plus y songer. Les risques pour sa propre santé, il les multiplie au fil de ses relations sexuelles plus que douteuses, non sans avoir contracté au passage une maladie vénérienne qu’il doit traiter pour éviter le pire. Il a si souvent côtoyé la mort qu’il a fini par ne plus s’en soucier, persuadé au fond de lui-même d’être insubmersible. Il est vrai qu’il ne se soucie pas non plus de prendre la moindre précaution pour la protection de ses partenaires. Les risques de scandale sont également légion, la moindre vétille sexuelle pouvant lui revenir en boomerang et ruiner ainsi ses hautes ambitions politiques.

Cela fait à présent des années que Jack joue avec le feu. En est-il à faire des paris avec lui-même sur son invulnérabilité? Pendant longtemps, il a laissé bien en vue dans son bureau au Sénat une photo le représentant sur un yacht en compagnie de jeunes femmes complètement nues. Ce n’est qu’en avril 1960, alors que les «primaires» démocrates commencent à tourner clairement en sa faveur, qu’il se décide à faire décrocher la photo. Il était temps! Celle-ci était devenue un objet de plaisanterie tant pour les gardes de sécurité que pour le personnel chargé du nettoyage.

En tout cas, les liaisons à répétition de Jack font le miel de J. Edgar Hoover qui accumule consciencieusement sur lui photos, enregistrements, révélations et témoignages. Particulièrement abondant, ce matériel compromettant lui est parfois offert sur un plateau. Le dossier JFK s’est considérablement épaissi depuis l’épisode Arvad, en 1941-1942… étant entendu qu’un dossier bien fourni sur un présidentiable ne représente rien moins qu’une assurance tous risques.

Avec Jack Kennedy, du reste, une information chasse l’autre. Un jour de 1960, il revient aux oreilles du patron du FBI une rumeur sensationnelle: JFK aurait déjà été marié une première fois, avant Jackie donc, dans l’immédiat après-guerre. On recherche activement le nom de l’«heureuse élue» de l’époque. Elle s’appelle Durie Malcolm et appartient à la bonne société de Chicago. Blonde, fraîche, ravissante, elle adore le basket et le hockey sur glace… ainsi que les hommes dont, en séductrice née, elle fait une consommation plutôt immodérée. Au moment où elle croise les pas de Jack, à Palm Beach en Floride, cette beauté diaphane n’est-elle pas en train de se séparer de son second mari?

Par la suite, les enquêteurs de Hoover découvrent à la New York Public Library une histoire de la famille Malcolm, en édition privée, où l’on peut lire, dans la liste des époux déjà à l’actif de la belle Durie: «John F. Kennedy, fils de Joseph P. Kennedy, un temps ambassadeur en Grande-Bretagne.»

L’information, bien sûr, est de la pure dynamite. Car de deux choses l’une: soit Jack Kennedy est bigame; soit il aurait divorcé et enfreint les règles de la religion catholique mais, plus grave encore, dissimulé une telle situation à la nation alors qu’il brigue la présidence des États-Unis. Dans les deux cas, il y a matière à scandale et à discréditer irrévocablement le suspect.

En pleine campagne électorale, Hoover évoque le sujet auprès de Richard Nixon qui n’est pas très chaud pour y donner suite. Pas aussi «tricky » qu’on le dit, dans le fond, le candidat républicain! En novembre 1961, JFK est installé à la Maison Blanche. Hoover, lui, reçoit d’autres notes en provenance de ses bureaux régionaux du New Jersey et du Massachusetts, corroborant les premières allégations. À cette époque, ses relations personnelles se sont sensiblement dégradées avec les Kennedy. Au fond, il les a toujours détestés – à l’exception, peut-être, du vieux Joe dont il se méfie – et ceux-ci le lui rendent bien, à commencer par le ministre de la Justice, Bobby Kennedy, qui a l’autorité hiérarchique sur le FBI. Républicain de cœur, Hoover aurait préféré Nixon. Tant qu’à choisir un démocrate, il aurait opté pour Lyndon B. Johnson à qui il avait d'ailleurs refilé en douce quelques tuyaux sur ses adversaires politiques. Mais lui avait-on rapporté que LBJ le traitait en privé de «saloperie de pédale»?

En mars 1962, Hoover est convié à déjeuner en tête-à-tête avec le Président, à la Maison Blanche. C’est la première fois que cela arrive. Le déjeuner se passe mal. Pour bien faire comprendre à JFK qu’il sait décidément beaucoup de choses sur son compte, preuves à l’appui, Hoover déballe les dossiers de Judy Campbell et de Frankie Sinatra. Il lui parle aussi de la Mafia. Il entretient accessoirement JFK de la baie des Cochons et des coups fourrés de la CIA qui ont été couverts par la Maison Blanche, jusqu’aux tentatives d’assassinat de Fidel Castro. Au moment du café, cependant, Hoover n’est pas certain que le Président ait vraiment reçu le message cinq sur cinq. JFK se rend-il compte que celui qu’il appelle chaleureusement Edgar, mais qu’il traite derrière son dos de «fieffé salopard», est inamovible? Ce dernier n’a peut-être pas été élu mais sa nomination remonte tout de même… à 1924, au temps du président Coolidge, quand Jack usait encore ses fonds de culotte sur les bancs de l’école primaire!

Extrait de JFK, une histoire sexuelle de Georges Ayache, aux Editions du Rocher

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