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"Prime de 1000 euros" :
une annonce inacceptable 
pour la CGPME
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Prime

Le gouvernement a renouvelé ces derniers jours sa volonté de mettre en place une prime sans montant fixe, obligatoire pour les entreprises de plus de 50 salariés qui versent des dividendes en hausse à leurs actionnaires. Le président de la CGPME, organisation patronale qui regroupe petites et moyennes entreprises, Jean-François Roubaud, dénonce une mesure prise sans concertation et sans réflexion préalable.

Jean-François Roubaud

Jean-François Roubaud

Jean-François Roubaud est président de la CGPME, la Confédération générale des petites et moyennes entreprises.

 

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Atlantico : La prime obligatoire dans les entreprises de 50 salariés et plus, facultatives pour les autres, ne manque pas de susciter des réactions. Comment la percevez vous à la CGPME ?

Jean-François Roubaud : Il s’agit d’une annonce faite dans la précipitation, sans concertation, sans réflexion et que la CGPME considère comme tout à fait inacceptable.

Depuis, chacun y a été de son commentaire pour amoindrir cette proposition originelle de François Baroin, y compris Christine Lagarde ou Xavier Bertrand.

Ce qui me choque c’est que l’Etat se mêle d'imposer des primes aux salariés pour des raisons politiques. On a vraiment l'impression que les responsables de l'Etat et du gouvernement ne savent pas ce qu'est une entreprise.

Au lieu de vouloir verser une prime au milieu de l’année sans connaître les conditions exactes, laissons les chefs d’entreprise gérer leurs boutiques. La participation existe déjà dans les PME de moins de 50 salariés et l'intéressement comme des primes sont déjà versées dans beaucoup d'entreprises. Cette nouvelle prime facultative pour les entreprises de moins de 50 salariés aura au moins le mérite d'alléger les charges de ces entreprises comme prévu par le gouvernement. Il faudra néanmoins voir les conditions de mise en oeuvre.

En revanche, dans les entreprises de plus de 50 salariés, l'intéressement est déjà bien développé. On est en plein milieu d’année, le budgets sont arrêtés et des primes ont peut-être déjà été versées. Que vont donc faire ces entreprises ?

Etes-vous choqué que les PME, qui créent la majorité des emplois en France, soient une nouvelle fois mises sur le banc de touche ?

On crée une nouvelle fois une distorsion entre les PME et les grands groupes, les entreprises du CAC 40.

Dans la réalité des faits, il faudrait qu’on se mette à penser comme certains le font à Bruxelles, c'est à dire “think small first” ("pensez petit d'abord"). Il faut réfléchir au niveau de la petite entreprise pour ensuite voir ce que l’on peut adapter aux grandes et non l’inverse. On sait bien que dans les petites entreprises, il y a beaucoup de primes et souvent de l’intéressement, même s'il n'est pas suffisant puisqu'il concerne seulement 16 % des petites entreprises. Depuis un an et demi,  je mène une croisade pour que les chefs d’entreprises signent des contrats d'intéressement avec leur personnel - des contrats types d'intéressement de facon à ce que le chef d’entreprise n’ait pas besoin de faire une consultation juridique - pour qu’on puisse au moins mesurer la partie de l’intéressement versée et montrer que les chiffres ne sont pas aussi mauvais.

Idem pour les salaires. Je lisais ce matin dans les Echos que Carrefour a augmenté ses salariés de 2 % ; je peux vous assurer que dans les PME c’est a peu près la généralité sauf en cas de difficultés.

Les PME augmenteront leurs salariés d'au moins 2 % cette année, ce qui correpond à l'augmentation du coût de la vie. Nous essayons donc de maintenir le pouvoir d’achat de nos salariés.

Mais ce qu’on oublie de dire, c’est tout l'intérêt du travail dans les petites et moyennes entreprises : un intérêt au travail augmenté par le fait que vous avez une vision bien plus holistique de l’entreprise, parce que vous cumulez souvent 10 à 20 fonctions dans la journée ; les promotions sont également plus simples et plus rapides à verser car le chef d'entreprise connait bien ses salariés.

Dans plusieurs de mes entreprises, vous avez des directeurs, des chefs de services ou des ingénieurs d’affaires, qui souvent n’ont pas de diplôme mais qui ont commencé par l’apprentissage quand ils avaient 15 ou 16 ans à l’époque : aujourd'hui, ils sont devenus des cadres dirigeants d’entreprise. 

Par ailleurs, celui qui rentre et qui a un diplôme dans la PME, a toujours la possibilité de reprendre l’entreprise surtout en ce moment où l’on recherche beaucoup de repreneurs.

Pourquoi les PME sont-elles mal aimées en France ?

Elles ne sont pas mal aimées mais mal comprises. Tout le monde parle des PME , qui sont "formidables", "il faut les aider", mais en fait on les connaît pas. Les personnes qui décident des mesures administratives pour les grandes entreprises sont surtout issues des grandes écoles ou de l’ENA : ils n’ont aucune expérience de la petite entreprise de 20 salariés.

Souvent lorsque je discute avec des directeurs de cabinets ou des ministres, ils me parlent de "petites entreprises de 500 ou 600 personnes”, mais on ne parle pas des mêmes entreprises, c'est à dire celles de 10 ou 20 salariés. Il y a donc une totale méconnaissance sur le sujet. Et pour combattre cette méconnaissance, le slogan européen  “think small first” me parait être la solution.

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