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Immobilier : cette nouvelle France dessinée par les villes devenues les plus chères depuis 20 ans
©AFP

Redessinée

Au cours des 20 dernières années, les grandes métropoles françaises ont subi des évolutions très divergentes concernant le prix de l'immobilier.

Jacques Lévy

Jacques Lévy

Jacques Lévy est géographe, professeur à l’École polytechnique fédérale de Lausanne et à l’université de Reims. Il a reçu le prix international Vautrin-Lud 2018, qui est la plus haute distinction en géographie. Il est le co-auteur de Théorie de la justice spatiale, avec Jean-Nicolas Fauchille et Ana Povoas, paru chez Odile Jacob (2018).

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Au cours des 20 dernières années, les grandes métropoles françaises ont subi des évolutions très divergentes concernant le prix de l'immobilier, ce qui a pu entraîner une profonde modification du classement des villes les plus chères du pays. Ainsi, selon les chiffres publiés par les Echos, Bordeaux a connu l’ascension la plus rapide alors que des villes comme Tours et Strasbourg ont fortement chuté dans le classement. Que révèlent ces divergences géographiques de l'évolution du pays ?

Toutes les grandes villes ont progressé sur le prix de l'immobilier mais certaines ont plus progressé que d'autres. C'est en substance la conclusion que l'on peut tirer de cette étude. Sur le temps plus long pour les grandes villes on remarque que cela va d'un "petit" doublement des prix à une multiplication par quatre et aujourd'hui le coût de l'immobilier dans les métropoles se rapproche de plus en plus de Paris.
Le prix de l'immobilier montre une différence d'attractivité ou de valorisation du sol dans les centres villes et généralement quand les zones centrales progressent il y a une progression de la périphérie (il faut toutefois noter que l'inverse peut se produire sur des villes de tailles plus modestes).
Les grandes villes voient la valeur foncière au centre progresser mais avec des parcours particulièrement brillants pour Lyon (de la 11e à la troisième place en 2016) ou Bordeaux (de la 14e à la 2e). Strasbourg et Tours ont, quant à elles, perdu 6 places au classement. On voit qu'il y a là un effet d'ajustement par la taille avec les plus grandes métropoles qui se retrouvent logiquement en tête du classement. De manière globale, on peut constater que les grandes villes ont rattrapé leur retard par rapport à d'autres villes européennes de taille comparable mais aussi par rapport à Paris.  Elles restent bien en dessous de Paris mais il y a des villes qui étaient particulièrement en décalage comme Bordeaux qui ont eu des progressions fulgurantes.
Il y a 20 ans, certaines villes sous-utilisaient de leur potentiel et se faisaient dépasser par d'autres. Aujourd'hui l'habitat devient beaucoup plus puissant comme porteur de l'ensemble. On remarque que, à l’ère industrielle, lorsqu'une usine s'installait à un endroit, cela créait des emplois, la population augmentait et cela contribuait à augmenter la pression foncière. Aujourd'hui, si on prend le cas de Bordeaux, on voit que c'est l'attractivité pour la résidence et la vie quotidienne, locale, qui tire l'ensemble. Les gens ont envie d'y aller et les entreprises n’y sont pas insensibles, car le niveau de satisfaction de leurs salariés vis-à-vis de leur cadre de vie ne peut plus être négligé.
On peut aussi remarquer l'impact de la connectivité de ces villes avec le monde extérieur. Il suffit de prendre l'exemple du développement de la ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Paris pour s'apercevoir de l'impact que cela peut avoir sur l’attractivité de la ville, et par voie de conséquence, sur l'immobilier local.
Cela prouve que les choses ne sont pas figées et que dans les cas évoqués ce sont les politiques locales dynamiques (parfois avec une aide nationale mais fondamentalement locale) menées par les autorités locales qui ont porté leurs fruits. Quand vous décidez de développer les transports publics, de rénover les espaces publics, dans le cas de Bordeaux ou de Lyon de vous réapproprier la relation aux fleuves, c'est forcément profitable.

Dans quelle mesure les pouvoirs publics peuvent-ils prendre en compte ces nouvelles tendances pour permettre un meilleur "partage" sur le territoire ?

Il faut tirer la conclusion que les bonnes politiques urbaines locales marchent. Le cas de Bordeaux et de Marseille sont emblématiques de situations différentes mais pour lesquelles il y avait un rattrapage à faire par rapport aux autres villes. Les politiques locales ont eu un effet vertueux sur le développement de la ville et sur la hausse du prix de l'immobilier in fine. Si les élus locaux mènent une politique en faveur de l'urbanité et de la connexion de la ville avec l'extérieur, les effets se feront sentir.
Par ailleurs, la hausse du prix de l'immobilier entraîne une baisse du pouvoir d'achat des habitants et les pauvres le sont encore plus dans les grandes villes non seulement à cause de l'immobilier mais aussi à cause de la différence du coût de la vie. Dans ces conditions, l'Etat doit donner le pouvoir aux métropoles les moyens de traiter dans une large mesure les problèmes qu'elles rencontrent et qui sont en partie liés à leur propre succès.

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