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Ces endroits où on ne traque pas le dopage et où on pourrait pourtant le trouver
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A fond la dope

Le rugby serait le sport le plus touché par le dopage. C'est ce qu'a déclaré la directrice du département des analyses de l'AFLD devant une Commission d'enquête du Sénat sur le sujet mercredi 27 mars. Alors que les médias ne se focalisent que sur le dopage sportif, le dopage dans la vie quotidienne est aussi une réalité qui semble toucher toutes les professions.

Michel  Hautefeuille

Michel Hautefeuille

Michel Hautefeuille est psychiatre, addictologue et exerce au Centre médical Marmottan à Paris. 

Il a notamment publié Dopage et vie quotidienne (2009) , ainsi que Les Addictions à internet. De l'ennui à la dépendance ( 2010 ) aux éditions Payot.

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Atlantico : Après l’audition de Françoise Lasne, la directrice du département des analyses de l’AFLD (Agence française de lutte contre le dopage), une polémique éclate autour du dopage dans le sport. Les médias ne semblent se focaliser que sur le dopage sportif, alors que le dopage dans la vie quotidienne est une réalité. Quels sont les domaines non-sportifs les plus touchés par le dopage quotidien ?

Michel Hautefeuille : Le dopage au quotidien est apparu à la fin du XXe siècle mais il était réservé à quelques milieux particuliers comme celui de l’informatique, de la finance, le monde des médias... c'est-à-dire des professions qui allient une nécessité d’immédiateté et un contexte de stress relativement important. Ces patients faisaient trop rarement appel à une aide extérieure pour les aider à résoudre leur problème. Mais à partir des années 2000, les consultants ont été de plus en plus nombreux à se doper et nous avons assisté à une sorte de démocratisation de cette politique de dopagequi recouvre de plus en plus l’ensemble du monde du travail.Cependant, certaines professions semblent être plus exposées que d’autres : toutes celles qui sont fondées sur la rentabilité, les gens qui sont payés à l’acte par exemple : coursier, VRP, etc. Mais aussi tous les métiers de relation avec le public, où il faut faire face au stress vécu ou généré par le public lui-même : enseignants, guichetier, etc. Ce qui ajoute au stress général, c’est qu’un salarié dans une entreprise peut-être efficace et performant sans pour autant être sûr de conserver son emploi.

Se dope-t-on de la même manière dans la vie quotidienne que dans le milieu sportif (médicalisation, auto-médication, produits licites ou illicites) ?

La différence entre le monde du sport et le monde de l’entreprise, c’est que le dopage sportif est plus organisé, plus planifié et plus professionnel. Ce type de dopage est l’œuvre de personnes qui ont un certain "savoir faire" à la fois pour augmenter les performances d’un sportif mais aussi pour réussir à contourner les dépistages.

Le dopage au quotidien est un dopage plus artisanal qui débute souvent par l’utilisation de médicaments "classiques" et prescrits. Ce n’est que par la suite que le dopé va partir à la recherche du produit miracle dont il pense qu’il va régler ses problèmes. Dans cette quête du produit idéal, la notion de hasard et de rencontre n’est pas négligeable. Bon nombre de patients prennent certains types de produits parce qu’ils en ont entendu parler par des amis ou qu’ils ont lu des blog sur Internet. A ce stade il peut y avoir utilisation de produits que l’on peut retrouver dans le dopage sportif comme la cocaïne, les amphétamines ou la cortisone.

Quels sont les différents profils sociologiques qui ont recours au dopage ?

Il n’y a pas de profil sociologique particulier. Les conditions de facilitation du dopage sont celles qui allient à la fois stress et obligation de rentabilité, c'est-à-dire quasiment toutes les activités professionnelles... Le dopage au quotidien n’est pas un problème de classes sociologiques, c’est un problème d’organisation du travail et de rentabilité.

Selon son activité professionnelle se dope-t-on de manière différente ?

Le dopage chez les étudiants est bien souvent plus fragmenté et plus occasionnel. Il se situera par exemple pendant les périodes de révisions et d’examens. En dehors de ce type de situation, l’étudiant bien souvent n’a pas recours au dopage. Le dopage au quotidien est une pratique conjoncturelle : quand la conjecture change, le problème disparaît. Chez les salariés la situation est plus compliquée, justement parce qu’il est très difficile de changer cette fameuse conjoncture qui décide quasiment de tout.

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