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Ces cristaux bleus trouvés sur une météorite qui nous éclairent sur l’enfance du soleil
©TOBIAS SCHWARZ / AFP

Découverte

Des scientifiques de l'Université de Chicago affirment avoir trouvé des minéraux (de l'hibonite bleue) issus d'une météorite qui seraient suffisamment anciens pour nous en apprendre plus sur la composition et l'évolution du soleil peu de temps après sa "naissance".

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Des scientifiques de l'Université de Chicago affirment avoir trouvé des minéraux (de l'hibonite bleue) issus d'une météorite qui seraient suffisamment anciens pour nous en apprendre plus sur la composition et l'évolution du soleil peu de temps après sa "naissance", il y a quelques 4,6 milliards d'années. Tout d'abord, comment se fait-il que ce genre de minéraux puissent faire la lumière sur des événements aussi anciens ?

Olivier Sanguy : Justement parce qu'ils sont très anciens et même suffisamment pour être des témoins des premières activités de notre étoile. Classiquement, on qualifie les astéroïdes de laissés pour compte de la formation des planètes. Pour simplifier, c'est ce qui n'a pas été utilisé dans le disque de gaz et de poussière qui entourait le Soleil lors de la formation du Système solaire. Lorsque notre étoile a commencé à s'allumer, ce disque refroidissait et c'est à cette occasion que les premiers minéraux se sont formés. On retrouve ceux-ci dans des astéroïdes et, parfois, ces "cailloux baladeurs" finissent par tomber sur notre planète : ce sont alors des météorites. On considère qu'en étudiant les météorites on scrute en fait des éléments qui ont été très peu altérés depuis la formation du Système solaire il y a 4,5 milliards d'années. Bien évidemment, ce n'est pas aussi simple que de le dire et de multiples précautions et analyses s'avèrent nécessaires ainsi qu'un travail scientifique de longue haleine. Par exemple, et au sein de certaines météorites, les traces de béryllium 10 radioactif (un isotope du béryllium qui est un métal) sont souvent interprétées comme un élément en faveur d'une activité de notre Soleil plus intense à ses débuts qu'aujourd'hui. Le problème est que ce béryllium 10 pourrait aussi s'expliquer par la composition même du nuage de gaz et poussière qui entourait notre étoile. En revanche, on considère que l'hibonite bleue, qui est un minéral avec une structure en cristal, s'est formée très tôt ; dès que le nuage de gaz et de poussière s'est refroidi. Or en analysant de l'hibonite dans la météorite de Murchinson (tombée en Australie en 1969), on y a détecté du néon et de l'hélium piégés dans le cristal. Le raisonnement est que des particules énergétiques émises par notre étoile ont "cassé" des atomes de calcium et d'aluminium dans les cristaux pour donner du néon et de l'hélium. La proportion de néon et d'hélium trahit en fait le taux d'activité du Soleil il y a 4,5 à 4,6 milliards d'années.

Qu'est-ce que ces minéraux nous apprennent sur "l'enfance" du soleil ?

​Pour déterminer la proportion de néon et d'hélium dans les cristaux d'hibonite, qui sont extrêmement petits car à peine plus grands que l'épaisseur d'un cheveu humain, il a fallu employer un laser et un spectromètre de masse de pointe en Suisse. Or la proportion de néon et d'hélium s'est avérée plus élevée qu'attendu. Ce qui signifie qu'il a fallu une activité du Soleil bien plus forte que celle que nous constatons depuis que nous l'observons. Sinon, il n'y aurait pas eu assez de particules chargées émises par le Soleil pour casser certains atomes de calcium et d'aluminium dans les cristaux.

Les analyses viennent-elles confirmer ou infirmer les hypothèses sur la formation du soleil ?

Ces analyses viennent plutôt confirmer les modèles théoriques qui tablent sur un Soleil plus "turbulent" au début de son activité. Les astronomes ont en effet constaté en étudiant d'autres étoiles que celles-ci dont généralement plus actives dans leur "jeunesse" et on ne voyait pas pourquoi la notre ferait exception. L'hibonite de la météorite de Murchinson va donc plutôt dans ce sens.

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