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Ces 17 000 météorites qui dorment au fond d’un coffre fort américain et qui détiennent (peut-être) le secret de l’Univers
©REUTERS / Ho New

Poussières d'étoiles

Le Musée national d'histoire naturelle de Washington, aux États-Unis, détient quelques 17 000 météorites, collectées un peu partout à travers le monde. Arrivées de l'espace, elles sont des indices précieux pour percer le secret de l'Univers et celui des origines de la vie.

Exit les rubis, les diamants, les émeraudes et les saphirs. Les 17 000 météorites qu'héberge leNational Museum of Natural History de Washington (États-Unis) méritent davantage l'appellation de "pierres précieuses" que n'importe quelles autres. Précieuses, parce qu'elles détiennent peut-être des indices sur la genèse de l'Univers, des galaxies et des systèmes solaires ; des mystères qu'il nous tarde de percer.

Ces 17 000 météorites reposent dans une annexe du célèbre musée, située à Suitland, dans l'État du Maryland. Le Washington Post est allé y jeter un œil. Et ça ressemble à un laboratoire d'observation de déchets hautement radioactifs. Regardez plutôt :

Mine d'informations

Dans des casiers hautement protégés et enfumés d'azote, reposent ces milliers de météorites de toutes sortes : des chondrites, les plus communes, la fameuse météorite de Peekskill, des météorites de fer ou encore des pallasites. Des éclats aléatoirement projetés dans l'espace durant le grand bombardement tardif, entre 4,1 et 3,9 milliards d'années avant notre ère, cette période durant laquelle les corps célestes n'ont cessé de s'entrechoquer ; peu après la naissance du système solaire, il y a 4,6 milliards d'années. "Chaque météorite est une pièce du gigantesque puzzle de la genèse de notre système solaire", explique Cari Corrigan, la géologue en charge de cette vaste collection, dans les colonnes du Washington Post. Elles peuvent nous dire d'où nous venons".

La plupart de ces 17 000 météorites ont été trouvées sur un seul et même continent : l'Antarctique. Chaque année, des équipes de géologues dont fait notamment partie Cari Corrigan partent en expédition au pôle Sud pour collecter les précieuses pierres. Là-bas, la blancheur de la neige fait ressortir la couleur sombre des météorites qui y sont échouées, et le climat, sec et froid, les conserve immaculées. "Lorsque tout autour de vous est blanc comme neige ou bleu comme glace, et que vous apercevez une pierre ou un rocher marron ou noir, c'est très excitant, témoigne Corrigan. Vous êtes alors la première personne à contempler ce qui est le morceau d'une autre planète que la nôtre". D'autant plus intéressant, lorsqu'on se dit que la météorite que l'on tient dans ses mains est sûrement plus vieille que n'importe quelle pierre autour de nous, en raison du phénomène de subduction, voulu par la tectonique des plaques. "Lorsqu'on en trouve une, c'est comme si l'on était parti sur une autre planète. On peut étudier le climat qui règne sur la planète dont elle provient, la température, la composition de sa surface… tout ça à partir d'une seule pierre que vous tenez dans vos mains", s'émeut-elle.

Vie extraterrestre

Une émotion loin d'être injustifiée, tant ces météorites représentent de véritables joyaux aux yeux des géologues, astronomes et biologistes, qui savent que la face de la science peut basculer sur une simple et inédite découverte, que les météorites peuvent amener à tout moment. En témoigne le cas de la météorite ALH 84001, trouvée en Antarctique en 1984. Il y a vingt ans, la Nasa annonçait avec stupéfaction que cette météorite, provenant sûrement de Mars, montrait des traces de vie. Le cliché, agrandi au microscope, montrait distinctement certaines impuretés et fossés témoignant d'une activité microbienne passée. La nouvelle avait fait le tour du monde, et le président américain de l'époque, Bill Cliton, avait même qualifié la météorite de "l'aperçu de notre univers le plus époustouflant que la science a jamais découvert".


©NASA, 1996, Wikimedia Commons

Mais année après année, tous les espoirs qu'avaient fondés les scientifiques s'évaporent. Les traces d'organismes trouvés sur la pierre pourraient avoir été marquées durant son séjour sur Terre. Oui, de la vie s'est développée sur ALH 84001, mais rien ne prouve que cette vie était martienne. Et puis, comment la Nasa pouvait-elle être aussi sûre que cette roche provenait bien de Mars ? Peu importe, le "mal" était déjà fait, et la confusion, totale. L'idée d'une planète rouge fourmillant de vie était déjà dans toutes les têtes. Et on connait la suite : le fantasme des petits hommes verts, l'obsession de la science à trouver des traces de vie passée ou actuelle sur Mars, et l'ambition intime d'envoyer, un jour, un homme sur Mars pour vérifier tout cela. "Cette découverte a amené de nombreuses questions et voies d'étude dont nous ne soupçonnions même pas l'existence, relate Corrigan. Vous pouvez étudier un sujet et vous apercevoir à la fin que vous avez tout faux… Mais vous aurez changé la face de la science".

Comme on dit souvent, ce n'est pas la destination qui compte, mais le voyage pour y arriver. En attendant que la science nous offre les découvertes que nous attendons tous, toutes les pistes sont bonnes pour faire progresser le savoir et nous donner une idée à chaque fois un peu plus précise des origines de la vie et de l'Univers. En attendant, la petite météorite ALH 84001 est entre de bonnes mains. Celles de Cari Corrigan, dans l'un des casiers bien gardés du Musée national d'histoire naturelle, à Washington. 

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