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Ce syndrome Camélia Jordana qui affaiblit la démocratie française
©Valery HACHE / AFP

Danger public

Les propos de la chanteuse Camélia Jordana sur la police ont été repris par le député Aurélien Taché. N'y-a-t-il par une contradiction, pour des discours considérés comme "progressistes", à condamner l'ensemble du corps policier pour les actes de quelques-uns ?

Céline Pina

Céline Pina

Née en 1970, diplômée de sciences politiques, Céline Pina a été adjointe au maire de Jouy-le-Moutier dans le Val d'Oise jusqu'en 2012 et conseillère régionale Ile-de France jusqu'en décembre 2015, suppléante du député de la Xème circonscription du Val d'Oise.

Elle s'intéresse particulièrement aux questions touchant à la laïcité, à l'égalité, au droit des femmes, à la santé et aux finances sociales et a des affinités particulières pour le travail d'Hannah Arendt.

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Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe

Éric Verhaeghe est le fondateur du cabinet Parménide et président de Triapalio. Il est l'auteur de Faut-il quitter la France ? (Jacob-Duvernet, avril 2012). Son site : www.eric-verhaeghe.fr Il vient de créer un nouveau site : www.lecourrierdesstrateges.fr
 

Diplômé de l'Ena (promotion Copernic) et titulaire d'une maîtrise de philosophie et d'un Dea d'histoire à l'université Paris-I, il est né à Liège en 1968.

 

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Atlantico.fr : Les propos de la  chanteuse Camélia Jordana ont été repris par le député, désormais ex-LREM, Aurélien Taché. N'y-a-t-il par un paradoxe, pour des discours dit "progressistes", à condamner l'ensemble du corps policier pour les actes de quelques-uns ? 

Eric Verhaeghe : Paradoxalement, pour vous paraphraser, je dirais que ce genre de généralisation est inhérent au progressisme lui-même. Le progressisme se fonde implicitement sur une philosophie de l'histoire qui fonctionne à coup de généralités : les forces de l'obscurité reculent à chaque étape pour faire place aux forces du progrès. C'est une vision du monde par grands blocs ou par grandes entités. Dans cet ensemble, les forces de l'ordre incarnent forcément l'obscurantisme, qui empêchent un monde fait d'amour et de bienveillance d'émerger. Car, pour les progressistes, le destin de l'humanité est d'avancer vers une grande entité faite de bienveillance, une sorte de monde candide où le mal n'existerait plus. On peut même dire que ce qu'on appelle aujourd'hui le camp du bien est la résurgence tardive, l'espèce d'excroissance maniériste de ce que fut le progressisme à ses grandes heures. Beaucoup ont acté que la dictature du prolétariat non seulement n'aurait pas lieu mais ne serait pas souhaitable, mais ils en conservent la finalité profonde : le royaume de l'amour entre les hommes, l'amour selon leurs critères bien entendu. 

Dans cet ensemble, les forces de l'ordre sont forcément le symbole du mal, de la violence, de l'interdit, du fait qu'il faut punir ou sévir pour que les règles soient respectées. Et, dans l'imaginaire progressiste d'un Aurélien Tâché, la police, c'est la matraque entre les mains des méchants capitalistes pour faire obéir le prolétariat, dont le visage le plus familier est, dans la France d'aujourd'hui, celui d'un Maghrébin barbu en djellabah. Dans la pratique du progressisme version 2020, le Musulman est devenu le synonyme du prolétaire déifié par Marx. Et donc toute parole prononcée par un Musulman ou une Musulmane pour dénoncer la discrimination dont l'Islam et ses adeptes feraient l'objet prend valeur de parole prophétique qu'il serait blasphématoire de critiquer. Ce que les progressistes jouent en permanence n'est évidemment pas la recherche d'une délibération démocratique, mais plutôt la récitation en boucle d'un grand poème homérique où les forces du bien combattent les forces du mal. Dans leur chapitre contemporain, les progressistes soutiennent évidemment tout ce que la banlieue compte comme racailles, car celles-ci sont, dans leur esprit, autant de Jean Valjean persécutés par les Javert en képi de la Police Nationale. 

Et c'est sans doute ce qu'il faut retenir du progressisme, particulièrement dans sa phase actuelle qu'on pourrait qualifier de manériste : il ne diffuse pas une parole opératoire, réaliste. Il se projette dans un monde symbolique manichéen grâce auquel il retrouve des repères que la chute du mur de Berlin a complètement brouillés. 

Céline Pina : Les propos de cette jeune femme sont abjects et dangereux, qu’un député les reprenne montre à quel point notre personnel politique manque de discernement. Mais surtout on se demande bien comment il est possible de mentir ainsi sans avoir à rendre des comptes. La jeune chanteuse ne parle pas de discriminations, de tensions, elle parle de massacres ("[les] hommes et [les] femmes qui vont travailler tous les matins en banlieue et qui se font massacrer pour nulle autre raison que leur couleur de peau") et elle en accuse les policiers. Les mots ont un sens, un massacre signifie une tuerie de masse. Ce n’est pas rien, d’autant qu’elle persiste et signe.

Le problème c’est qu’il y a eu de vrais massacres en France ces dernières années. Les victimes y étaient diverses et la couleur de la peau ne protégeait personne, mais les assassins, eux, venaient souvent de ces quartiers difficiles et portaient en bandoulière leur islamisme radical. Des « massacres » autres, il n’y en a pas eu. Si la jeune femme voulait parler de racisme, le moins que l’on puisse dire c’est que son outrance rend son discours absolument inaudible voire contreproductif..1

De la même façon, elle nous demande de considérer les personnes vivant dans les quartiers populaires comme des victimes de violences policières. En revanche, elle ne s’interroge pas sur le fait que dans certains quartiers les pompiers, les médecins ne viennent plus car ils se font agresser et caillasser,. Or cela dit quelque chose d’une violence endémique et revendiquée au sein même de ces quartiers. Les soignants, par exemple, ne pratiquent pas de contrôles, ils viennent aider. Et bien ils subissent quand-même des violences. Selon la logique que Camélia Jordana applique à tous les policiers, nous devrions donc considérer tous les jeunes de cités comme des voyous agresseurs d’infirmières, de médecins et de pompiers ? On le voit tout de suite, le raisonnement est stupide et insultant pour les habitants. Il est exact que les jeunes en banlieue peuvent être des victimes, mais leur principal prédateur n’est pas le policier, ce sont bien souvent d’autres jeunes de banlieue hélas. Elue et travaillant dans des villes populaires, j’ai souvent vu des décès ou des agressions dûs à des affrontements entre bande, à des règlements de compte entre dealers, à des questions « d’honneur » ou à des conduites dangereuses, en revanche aucun lié à une bavure policière.

Or le problème de cette affirmation fausse sur le fond et dangereuse sur la forme, c’est qu’aujourd’hui les policiers se font agresser parce qu’il existe des idéologies, celle des islamistes et des décoloniaux, qui les désigne comme des cibles et des assassins. Quand il existe des collectifs appelés « Urgence la police assassine » et que l’on parle plus du moindre dérapage oral d’un policier que des attaques de commissariats en banlieue, forcément la réalité est biaisée. Cela provoque beaucoup de passage à l’acte. Après les policiers ne sont pas parfaits. Il y a des brebis galeuse partout, mais outre qu’il y a des enquêtes et des condamnations quand les faits sont avérés, souvent même lorsque les policiers ne sont pas en cause, on invente une injustice pour le plaisir de déclencher des émeutes. L’histoire de Villeneuve-la-Garenne est instructive : 3 jours d’émeutes pour un voyou qui s’est blessé tout seul parce que dans la tête de certains jeunes, la police ne peut être que coupable. Le problème c’est que la fausseté de ces représentations, importées des USA, où pour le coup on peut être abattu simplement parce que l’on a la peau noire, n’est pas combattue par ceux qui le devraient. La gauche en premier lieu. Faire croire à un gamin que parce qu’il vit dans un quartier, ou parce qu’il a des origines étrangères, il ne sera jamais accepté et sera toujours exploité, l’empêche de trouver sa place dans la société. A quoi bon se lever le matin si on nous dit tout jeune que l’on n’a pas d’avenir. C’est vouer les personnes à l’échec. Or Camélia Jordana est la preuve même que les origines comptent peu. Elle est la démonstration que l’on peut aller très haut et que la couleur de la peau n’empêche rien. Au lieu d’en faire un tremplin pour montrer par l’exemple que la réussite est possible, elle préfère tenir des discours que ne renierait pas une Houria Bouteldja et présente la France comme un endroit où l’on massacre à cause de la couleur de la peau. Elle est tout bonnement pathétique mais montre aussi à quel point le discours victimaire et belliqueux de Décoloniser les Arts, discours qui réduit l’individu à la couleur de sa peau, commence à imprégner le monde de la culture. Et c’est bien plus inquiétant que le dérapage d’une jeune femme immature et gâtée.

En quoi ce paradoxe va-t-il l'encontre de l'esprit républicain ? 

Eric Verhaeghe : Bien évidemment, quand un Tâché prend la défense d'interventions où l'ordre républicain est remis en cause par ses ennemis, il se range mécaniquement du côté des ennemis de la République. Et il ne faut pas entendre dans les propos de Camélia Jordana autre chose qu'une contestation de la République, c'est-à-dire d'un régime politique fondé sur l'égalité de tous devant la loi. Comme beaucoup de partisans de la tolérance vis-à-vis de l'Islam, Jordan suggère implicitement, en effet, que nous devrions aller très loin dans le respect des minorités pour éviter tout soupçon de "racisme" : idéalement, tout ce petit monde considère que la France fonctionnerait mieux si elle était morcelée en une multitude de communautés bénéficiant chacune de sa loi et de sa propre police. Il est sûr que Jordana ne soutiendrait pas que la police lui fait peur si la peur était communautaire. Ce qui la gêne, ce qui l'effraie, c'est que des Français de souche en uniforme contrôlent des enfants issus de l'immigration. Et Taché est d'accord avec cela. 

On regrettera ici que de nombreux élus très étrangers au communautarisme soient prisonniers ou dupes de ces arguments qui sont toujours présentés de façon cachée ou acceptable. Cette duperie, il faut le reconnaître, est souvent aidée par le comportement imprévisible ou capricieux de nos forces de l'ordre vis-à-vis du citoyen, quelle que soit son origine ou sa couleur de peau. 

Mais dans le cas d'un Aurélien Tâché, la logique est encore différente. Elle est celle des élus de la République qui font alliance avec les islamistes pour obtenir des voix. Le calcul repose sans doute sur une part de sincérité, mais il rejoint toutes les basses compromissions que des élus comme ceux de la France Insoumise (mais pas que...) font en Seine-Saint-Denis pour gagner facilement leur réélection. Dans cette alliance contre nature entre les bouffeurs de curé et les porteurs de djellabah, la rhétorique est bien connue : la question sociale ne doit pas être occultée par la question religieuse, qui est une invention des nationalistes. Autrement dit, qu'un Musulman crache sur la République n'est pas un problème. S'il le fait, c'est parce qu'il est victime du capitalisme et de la colonisation. Donc il doit être sanctuarisé. Ce mensonge en bande organisée cimente la trahison que les élus de gauche (et parfois de droite, on connaît quelques exemples célèbres) commettent au jour le jour pour aller à la gamelle. Et s'appuyer sur le communautarisme pour être élu, c'est évidemment trahir l'esprit républicain. 

Céline Pina : Quand un député cautionne l'idée que la police en France est raciste et "massacre" des personnes à raison de leur couleur de peau, il commet un acte grave. D'abord en lançant une accusation gratuite,  et non étayée envers toute une profession, ensuite parce qu'il délégitime toute action de cette police. En accréditant le discours de la chanteuse faisant passer la police pour une milice constituée de brutes sanguinaires, il appelle les jeunes de banlieue à refuser ses interventions et à considérer les forces de police comme des forces d'agression. Or toute la logique démocratique vise à sortir la violence de la société pour ne réserver son exercice qu'à un pouvoir légitime, là au contraire il s'agit de justifier la violence commise envers les policiers en en faisant une sorte de légitime défense. Nombre de médias jouent un rôle négatif dans ces histoires, le nombre croissant de meurtres et d'agression de policiers voire de commissariats par certains habitants des quartiers difficiles est souvent passé sous silence, alors que la moindre parole raciste d'un policier est mise en une, même si le policier est condamné par sa hiérarchie et sanctionné. Que les policiers soient sanctionnés est tout à fait normal dans ce cadre mais il serait temps aussi d'arrêter la complaisance envers les voyous, adeptes de rodéos urbains, et de mettre en accusation systématiquement l'intervention de la police. Quand on est élue, on se retrouve soudain dans la situation cocasse d'avoir la majorité des habitants des quartiers qui passent leur temps à se plaindre des rodéos urbains et reprochent à la police de ne jamais intervenir contre cette nuisance, et souvent en face la police qui refuse d'intervenir par crainte des conséquences et parce qu'elle sait qu'en cas d'ennui, le premier à les lâcher sera probablement le maire qui a tant insisté pour qu'ils interviennent.... Il y a dans ce deux poids, deux mesures, quelque chose de dangereux car elles faussent les représentations et oublient surtout que le policier qui dérape est sanctionnable et sanctionné parce qu'il intervient dans le cadre d'un état de droit et qu'il intervient au nom de quelque chose qui le dépasse et nous unit: la loi. Contre les caïds qui mettent les quartiers sous coupe réglée, il n'y a pas de recours et pas d'autres lois que leurs caprices. D'ailleurs ceux qui vivent dans ces quartiers n'aspirent qu'à en partir et ce n'est pas l'urbanisme le problème mais bien le voisinage et les mentalités. 

En République, c'est l'Etat qui a le monopole de l'exercice de la violence physique légitime selon Max Weber. La violence fait même partie de ses prérogatives régaliennes dans la mesure où les hommes font société en abandonnant une part de leur souveraineté au nom de leur sécurité mutuelle. C'est donc afin de garantir ce contrat social que l'état peut faire usage de la violence contre tout individu qui mettrait en cause cette sécurité collective. Mais si la police est présentée comme un outil destiné à tuer des citoyens à raison de la couleur de leur peau, alors elle perd toute légitimité et n'est plus qu'une force d'oppression contre laquelle il est nécessaire de se battre. Cela signifie aussi que notre démocratie n'est plus représentative et que la République n'est plus. Dans ce cas de figure nous ne sommes plus un peuple partageant un imaginaire commun, une histoire riche et un projet d'avenir mais des factions constituées et rivales dont le seul objectif est de savoir quel groupe ethnique sera au sommet de la chaîne alimentaire. Derrière l'outrance et le ridicule du discours véhiculé par la chanteuse, il y a l'adhésion à l'idée qu'il y aurait en France deux peuples dont l'un serait victime l'autre à raison de la couleur de sa peau. cette représentation est porté par le mouvement des indigènes de la république et toute la mouvance dite "décoloniale", elle importe sur notre sol les représentations raciales américaines et les logiques multiculturalistes alors que notre tradition politique n'a rien à voir. Pour les Français, les questions de couleur de peau importent peu, la France est une histoire, un imaginaire, un état et un projet, il suffit d'adhérer à cette idée de Nation pour pouvoir y trouver sa place. Vouloir y importer une guerre des races qui n'existe que dans la tête de ceux qui la dénoncent est dangereux et sans retour. Une fois que l'on n'est plus que le porte-drapeau de son groupe ethnique, et plus un individu libre de ses choix, on sort de la société démocratique pour appartenir à une tribu. C'est une régression terrible.

Comment résoudre les tensions entre une partie de la population et les forces de l'ordre et ainsi éviter une fracture du pays dangereuse pour sa sécurité intérieure ? 

Eric Verhaeghe : La peur n'évite pas le danger. Il existe une croyance naïve dans nos élites, qui consiste à obéir à la peur de l'affrontement. Par peur, on renonce à faire appliquer les règles dans les minorités visibles, en s'imaginant qu'on gagnera ainsi la paix sociale. Ce faisant, le pouvoir politique laisse se créer des zones de non-droit sans retour. Les membres de ces minorités visibles grandissent loin de nos lois, loin de l'idée qu'ils y sont soumis, et plus le temps passe, plus le rappel éventuel à la loi est vécu comme une preuve de discrimination ou d'hostilité. Dans les quartiers sensibles, il n'est plus possible de demander à un jeune Maghrébin de respecter des règles élémentaires de politesse sans être accusé de racisme. 

La passivité de la communauté nationale vis-à-vis de ces déviances est fondée sur une erreur de calcul. On croit que laisser faire évitera l'affrontement. Au contraire, la passivité, la résignation, la peur, ne feront que rendre l'affrontement inéluctable et très violent. Car la tumeur grossit en notre sein et devient de plus en plus agressive. 

La meilleure façon d'éviter un dérapage incontrôlé est de traiter le mal dès maintenant. Il faut le traiter comme un cancer. En urgence, il faut neutraliser les chefs en les retirant de la communauté nationale. Cela signifie qu'il faut expulser massivement tous les imams et tous les barbus qui nourrissent la haine de la France. Cette mesure doit être prise sans état d'âme. Il faut aussi des séances de chimiothérapie pour nécroser la tumeur. La France doit valider un Coran et une doctrine coranique compatible avec ses valeurs, et réglementer clairement l'enseignement de cette religion pour qu'elle s'intègre à la communauté nationale. L'Ancien Régime l'a abondamment pratiqué avec le christianisme, Napoléon l'a fait avec le judaïsme. Il n'y a aucune raison pour que l'Islam ne subisse pas le même traitement que les autres religions monothéistes. Rappelons par ailleurs que nos bonnes vieilles religions païennes, notamment les cultes celtiques ont été interdits pendant des siècles sans qu'aucun Tâché ne vienne aujourd'hui déplorer le racisme dont l'héritage gaulois a été victime. Enfin, il faut se donner les moyens d'expliquer clairement aux jeunes issus de l'immigration qu'ils appartiennent à la communauté nationale et que cette appartenance est créatrice d'obligations. Sur ce point, le retour à une formule de service militaire long ne serait pas absurde, même si ce service d'un an ne serait pas militaire mais civique.  

Céline Pina : En arrêtant d’être complaisant et d’accepter des lectures fausses de ce qui se passe dans les quartiers. On est ici dans une bataille de territoire. La victimisation permanente cherche surtout à masquer la prédation réelle qui sévit dans ces espaces. La véritable question est celle du contrôle. Les caïds de banlieue fonctionnent selon une logique tribale où on se taille des fiefs et où il faut inspirer la peur et engendrer la soumission. Ils veulent être l’autorité sur leur domaine et l’exercent en faisant baisser les yeux de leurs voisins. Ils se sentent respectés quand ils inspirent la peur. Les choses sont simples. C’est à une volonté de partition du territoire que l’on assiste. Sur le territoire soustrait à l’autorité nationale, ce sont d’autres règles qui fleurissent et d’autres autorités qui s’exercent. 

La fermeté est encore possible car si les habitants des quartiers sont ambigus, c’est parce que le pouvoir qu’ils connaissent et subissent est celui des voyous. Ils n’ont d’autres choix que de les soutenir, sauf à s’attirer des ennuis, les quartiers étant livrés à eux-mêmes. Leur quotidien, ce sont des espaces contrôlés par les voyous, non par les policiers. Si l’état était ferme, il y aurait certes des tensions, mais il y aurait à terme un basculement : les habitants des quartiers veulent une vie meilleure. Ils subissent la loi des caïds mais préféreront l’état de droit s’il devient une réalité pour eux. Pour cela il va falloir peut-être accepter la tension, au lieu de laisser des pans de territoires entiers aux voyous pour acheter la paix sociale en sacrifiant une partie des habitants des quartiers.

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