Ce que nous réserve l’effondrement du niveau des candidats aux concours de profs<!-- --> | Atlantico.fr
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Des élèves et leur professeur dans une salle de classe du lycée de Guist'hau à Nantes, le 4 septembre 2012
Des élèves et leur professeur dans une salle de classe du lycée de Guist'hau à Nantes, le 4 septembre 2012
©FRANK PERRY / AFP

Enseignement secondaire

Alors que les premiers résultats des épreuves d'admissibilité du Capes externe ont été publiés mardi 10 mai, on remarque une chute flagrante du niveau des candidats, ce qui laisse craindre une baisse du niveau général des élèves

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli

Jean-Paul Brighelli est professeur agrégé de lettres, enseignant et essayiste français.

 Il est l'auteur ou le co-auteur d'un grand nombre d'ouvrages parus chez différents éditeurs, notamment  La Fabrique du crétin (Jean-Claude Gawsewitch, 2005) et La société pornographique (Bourin, 2012)

Il possède également un blog : bonnet d'âne

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Atlantico : Les premiers résultats des épreuves d'admissibilité du capes externe ont été publiés ce 10 mai. Dans plusieurs disciplines importantes, on constate un déficit à venir d’enseignants avec un faible nombre d’admissibles. Est-ce le marqueur de l’effondrement du niveau des candidats aux concours de professeur ?

Jean-Paul Brighelli : Cela fait des années déjà que les jurys des concours de recrutement ont le plus grand mal à attribuer tous les postes que leur octroie le Ministère. Et cela, faute d’un niveau satisfaisant : on ne peut pas recruter mécaniquement des brêles. Que le CAPES de Maths ait fini par recruter des gens qui avaient moins de 5/20 de moyenne — c’était il y a dix ans — aurait dû alerter le Ministère (surtout celui de’l’Enseignement Supérieur) et les syndicats. Mais lancés dans une surenchère quantitative, ces derniers n’ont pas voulu voir l’effondrement qualitatif. 

Cette année, ça dépasse tout. Au concours de professeur des écoles dans l’Académie de Versailles, il y avait 1400 postes à pourvoir. Seuls 800 candidats se sont inscrits, et 650 étaient présents aux épreuves écrites. Il y a quinze ans, pour le même nombre de postes, il y avait 7000 inscrits et 3500 candidats réels. Et au CAPES de Maths, cette année, pour 1035 postes, il n’y a que 816 admissibles — cela donne une idée du niveau. Mieux payer les enseignants au départ est nécessaire — mais non suffisant. Il faut inciter les bons élèves à se tourner vers ce métier.

Quelles peuvent être les conséquences à court et long terme de cette baisse du niveau des candidats, et donc des professeurs ?

Plus le niveau des enseignants baisse, plus celui des élèves baissera. Il ne suffit pas de mettre un prof devant une classe : encore faut-il qu’il ait les moyens intellectuels de faire face. On a déjà descendu drastiquement le niveau d’exigence des programmes dans le Secondaire — particulièrement au Collège, que Blanquer aurait dû réformer prioritairement, c’est sans doute sa plus grande faute.
La solution est de dégrader encore les programmes, pour que les enseignants qui arrivent sur le marché soient capables de l’enseigner. Plus bas, toujours plus bas.

En raison de ce phénomène, faut-il s’inquiéter que, dans le futur, seuls les établissements privés capables de bien payer leurs professeurs puissent dispenser un enseignement de qualité ? 

Le privé n’a pas de solution miracle. Il choisit souvent des enseignants peu qualifiés, qui seront donc sous-payés.Il ne suffit pas de vouloir. Quant au privé « chic », il est inabordable pour 90% des Français.Cela fait des années que s’est constituée une caste de jeunes prétentieux sortant de « Stan » ou de l’Ecole alsacienne. Ou, à présent, d’Hattemer.

A quoi cette baisse de niveau des professeurs est-elle attribuable ?

De plus en plus d’étudiants optent pour l’enseignement par défaut — parce qu’ils ne sont pas parvenus à intégrer une école d’ingénieur, par exemple. Au concours de professeurs des écoles (instituteurs), ce sont des étudiants de psycho / socio qui posent leur candidature — sans rien connaître du français, des maths, de l’Histoire-Géographie, etc. Y a-t-il encore quelqu’un pour s’étonner que nous plongions dans les classements internationaux ?

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