Ce catastrophisme climatique qui masque certaines vérités dérangeantes<!-- --> | Atlantico.fr
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Des militants du groupe Extinction Rebellion bloquent le Grand Boulevard de Paris lors d'une manifestation, le 16 avril 2022
Des militants du groupe Extinction Rebellion bloquent le Grand Boulevard de Paris lors d'une manifestation, le 16 avril 2022
©JULIEN DE ROSA / AFP

Idéologie verte

Le climat se réchauffe, c’est un fait. Ce n’est pas une raison de lui faire porter la responsabilité de tous les aléas climatiques que nous vivons. Pour ceux qui savent encore s’informer en relisant l’histoire, les inondations ne sont pas des phénomènes nouveaux, ni par leur ampleur, ni par leur fréquence

Christian  Lévêque

Christian Lévêque

Christian Lévêque est directeur de recherches émérite de l'IRD, ex-directeur du Programme Environnement, Vie et Sociétés du CNRS, Président honoraire de l'Académie d'Agriculture de France.

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Les anciens qui avaient du bon sens, évitaient de construire en zone inondable, mais des élus et des fonctionnaires incompétents ou corrompus, ont donné par la suite des autorisations de complaisance. Ils essaient maintenant de se dédouaner en faisant porter la responsabilité des dommages au réchauffement climatique et ils ont donc tout intérêt à entretenir un climat anxiogène sur cette question. Beaucoup de scientifiques ont résisté à cette dérive, mais le catastrophisme fait recette dans les médias…

Des mouvements politiques et militants exercent actuellement une forte pression en accusant le gouvernement de ne pas suffisamment prendre en compte le changement climatique. Bien conditionnés par les médias, ces militants trépignent d’impatience invoquant l’urgence des mesures à prendre. Pour beaucoup d’entre eux, leur culture et leurs éléments de langage se limitent le plus souvent aux exégèses anxiogènes faites par les ONG environnementales, des rapports du GIEC. Ainsi, on a pu entendre récemment que si des mesures drastiques n’étaient pas prises dans les trois ans, nous courrions à la catastrophe, ce qui n’est pas exactement ce qui dit le GIEC... !

Concernant le climat, nous vivons sur la fiction, entretenue par l’accord de Paris, selon laquelle l’ensemble des pays va contribuer à la réduction des émissions de GES. Nous pratiquons dans ce domaine une politique de l’autruche. En effet, il est improbable que les émissions de GES diminuent de manière significative dans les décennies qui viennent compte tenu du peu de résultats obtenus par la COP 21, non seulement dans des pays gros émetteurs comme la Chine, l’Inde et les USA, mais aussi en Europe. Imaginer que les pays vont renoncer dans un futur proche, ou à leur développement, ou à leur croissance économique, est de la pure fiction. Donc nous sommes partis, si les modèles sont exacts, pour un réchauffement dont on ne peut envisager la fin si les seules émissions de GES sont en cause ? La France est responsable dit-on de 0,64% des émissions de GES. Si nous prenons des mesures drastiques de réduction au niveau national, ce ne sera qu’une goutte d’eau dans cet ensemble avec un effet très marginal sur la dynamique globale du réchauffement. Autrement dit en jouant les bons élèves, nous aurons à payer le prix fort sur le plan économique et social sans aucune chance de voir la situation globale s’améliorer. 

Prendre des mesures implique de réfléchir à leur pertinence, et que l’on se préoccupe de leur acceptabilité sociale. Or si les militants exigent des mesures drastiques de réduction des émissions de GES au niveau national, ils sont moins diserts sur leurs conséquences potentielles sur le plan social et économique. Les citoyens français sont-ils majoritairement convaincus de la nécessité d’accepter des mesures contraignantes concernant les émissions de GES ? On peut en douter ! Le mouvement des gilets jaunes en partie motivé par le rejet de l’application de la taxe carbone fait réfléchir. De même que le mouvement précédent dit des bonnets rouges concernant la taxe pollueur payeur sur les poids lourds. L’inflation et l’augmentation du coût de la vie les inquiètent beaucoup plus.

Qui plus est, des discours populistes truffés de fausses informations et de nombreux non-dits, entretiennent la fiction qu’il suffit d’arrêter les émissions de GES pour que le climat cesse de se réchauffer, ce qui est une erreur. J’avais mis de côté un article de Mégie et Jouzel (1) paru en 2003 dans la Météorologie, qui proposait un scénario prospectif adapté du rapport de synthèse du GIEC de 2001. Cette figure tente d’illustrer de manière simplifiée et certainement caricaturale, ce qu’ils appellent l'inertie des différentes composantes du système climatique. Ce qu’elle nous enseigne, c’est que si nous arrêtions toute émission de gaz à effet de serre aujourd’hui le réchauffement se poursuivrait encore pendant un à deux siècles en raison de l’inertie du système terrestre… avec diverses conséquences sur les températures et le niveau de la mer.  Nous sommes bien loin d’interrompre les émissions, de telle sorte que réchauffement du climat va se poursuive sans que l’on puisse envisager une échéance ! A-t- bien expliqué aux Français qu’ils devront faire des efforts, voire des sacrifices, pour appliquer des mesures sont on ne peut dire si, et quand, elles auront des effets ?

J’attends que les militants qui tiennent des discours péremptoires et anxiogènes nous expliquent clairement pourquoi nous devons prendre et accepter des mesures contraignantes qui affecteront significativement notre mode de vie en sachant pertinemment que cela n’aura aucun effet significatif sur le réchauffement climatique puisque nous n’avons aucun moyen de contraindre les autres pays de faire de même. 

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Au risque d’être ostracisé en soulevant cette question, je m’interroge sur les facteurs qui ont été à l’origine des nombreux épisodes glaciaires qui ont ponctué l’ère Quaternaire environ tous les 100 000 ans, avec des phases de réchauffement et de refroidissement du climat. L’homme n’y était évidemment pour rien. La théorie astronomique des paléoclimats explique la récurrence des cycles glaciaire–interglaciaire au cours du Quaternaire par les variations à long terme des distributions, selon les latitudes et les saisons, de l'énergie que la Terre reçoit du Soleil. Peut-on espérer qu’un refroidissement interviendra, comme ce fut le cas lors des cycles de glaciation, pour stopper le réchauffement ? Ce phénomène est-il totalement remis en cause, ou non, par nos émissions de GES ? Car ce serait alors notre seule chance de voir un jour s’inverser la courbe du réchauffement. Mais il y a fort à parier que l’on se plaindra alors d’avoir trop froid.

S’il y a urgence, c’est bien de nous préparer au réchauffement annoncé afin d’anticiper les mesures à prendre concernant nos modes de vie. Au lieu de nous lancer sans recul dans des programmes de réduction des émissions, et de dépenser beaucoup d’argent dans des mesures qui n’auront qu’un effet très marginal, il serait plus judicieux d’investir, le plus vite possible, dans des mesures d’adaptation au réchauffement. Soyons proactifs et imaginatifs dans ce domaine qui sera l’un des moteurs économiques des décennies à venir.

Il n’en reste pas moins que l’aspect positif de cette question est de nous amener à revoir notre politique énergétique, ce qui n’est pas sans de nombreux avantages. L’un d’entre eux est de chercher à diversifier les sources d’énergie en boostant la recherche d’énergies alternatives. L’autre est de contribuer à réduire notre dépendance politique et économique par rapport aux pays actuellement producteurs de pétrole ou de gaz. Ce qui n’est pas une question mineure.

(1) Mégie, G. and Jouzel, J. (2003). Le changement climatique. Histoire scientifique et politique, scénarios futurs. La Météorologie, 42, 37–47.

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