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Les vieux sont-ils 
la clé des élections ?
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Cantonales

Majoritaires dans la société, les seniors se déplacent bien plus que les jeunes pour aller voter. En attendant d'être la clé de la présidentielle 2012, ils pourraient bien être celle des cantonales de 2011 marquées par un fort taux d'abstention.

Serge Guérin

Serge Guérin

Serge Guérin est professeur au Groupe INSEEC, où il dirige le MSc Directeur des établissements de santé. Il est l’auteur d'une vingtaine d'ouvrages dont La nouvelle société des seniors (Michalon 2011), La solidarité ça existe... et en plus ça rapporte ! (Michalon, 2013) et Silver Génération. 10 idées fausses à combattre sur les seniors (Michalon, 2015). Il vient de publier La guerre des générations aura-t-elle lieu? (Calmann-Levy, 2017).

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Avec la « découverte » de la seniorisation de la société, la question de l’effet du "vote gris" sur les résultats électoraux devient de plus en plus prégnante. Déjà en 2007, beaucoup ont estimé que la victoire de Nicolas Sarkozy était dû aux seniors. Il faut dire que Sarkozy avait su capter près des deux tiers du vote des plus de 60 ans...

Les idées reçues sur le "vote senior"

Aux régionales de 2010, l’Ifop a pu noter que l’UMP obtenait en moyenne 28,1 % dans les cantons les plus âgés de France contre seulement 22,2 % dans les cantons les plus jeunes. L’effet seniors va aller grossissant : ils représentaient environ 28% des suffrages exprimés au 2eme tour de 2007, contre 24% en 1981. A l’inverse les 18-34 ans représentaient 28% des suffrages en 2007 mais 35% en 1981...

L'économiste Jean-Dominique Lafay montre que si la structure de la population de 1981 avait été la même en 2007, le gagnant eut été le même, mais son avance aurait diminué de 0,8  points. Avec la hausse continue du nombre des plus de 60 ans, les jeux seraient-ils fait ? Les seniors étant conservateurs puisque vieux, ils vont voter comme un seul homme (les femmes s’abstiennent plus...) pour Nicolas Sarkozy et assurer sa réélection !

Un phénomène plus complexe qu'il n'y paraît

Sauf que la réalité est plus complexe. Cette vision presque essentialiste révèle une approche monolithique et dépassé de l’être social. Si les votes apparaissent relativement contrastés en fonction des âges, pour autant, la clef d’explication relève d’une diversité de facteurs. L’âge est bien insuffisant pour expliciter des comportements électoraux comme il ne peut déterminer à lui seul nos attitudes de consommation ou nos positions culturelles.

Entre une femme de 60 ans engagée dans la vie sociale et née après le second conflit mondial, et un fragile centenaire, qui a connu deux guerres, les différences sont multiples. Entre un fringant senior disposant d’un patrimoine solide et passant sa vie en voyage et une femme âgée vivant seule avec une retraite de 950€ par mois, il y a un monde !

Au-delà de l'âge...

Les histoires de vie, les origines et les valeurs, la situation professionnelle et familiale ou le niveau de patrimoine et de revenu, explicitent bien plus largement le comportement que l’appartenance à une génération. Les clivages qui explicitent un vote ne peuvent donc se réduire à ceux de l’âge.

Revenons à la présidentielle de 2007 : Nicolas Sarkozy a convaincu 53 % des salariés du privé, et seulement 43 % de ceux du public. Il a séduit 77 % des travailleurs indépendants mais seulement 25 % des chômeurs. Il y a des fractures bien plus nettes que celles de l’âge...

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