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Brexit : la grenade que David Cameron a dégoupillée sans être capable d’en maîtriser les effets
©Reuters

Anarchy in the UK

A Bruxelles, David Cameron défend ses demandes de réformes de l'UE. Pour lui, elles seules peuvent convaincre les Britanniques à rester membre. Mais les eurosceptiques britanniques demandent toujours plus au Premier ministre qui se retrouve en position délicate face à ses partenaires européens et ses électeurs.

Bruno Bernard

Bruno Bernard

Anciennement Arthur Young.
Ancien conseiller politique à l'Ambassade de Grande-Bretagne à Paris, Bruno Bernard est aujourd'hui directeur-adjoint de cabinet à la mairie du IXème arrondissement de Paris.

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Atlantico : En plaçant la question du maintien ou non de la Grande-Bretagne au centre du débat politique, David Cameron pensait pouvoir garder la main pour imposer à l'UE ses volontés. Mais débordé par les plus eurosceptiques, le Premier ministre britannique donne l'impression de jouer avec son avenir politique et surtout celui de son pays. Ne s'est-il pas enfermé dans un piège, sous la pression des eurosceptiques britanniques alors que ses partenaires européens semblent prêts à de nombreuses concessions ?

Bruno Bernard : Il faut d'abord prendre en considération que la puissance de David Cameron est relative en dépit de son succès électoral aux dernières élections. Déjà en 2010, sa prise de pouvoir était le fruit d'un marché passé avec les Eurosceptiques. Au final, il a toujours été obligé de jouer avec eux, et ce jusque dans son propre parti.

Jusqu'ici, il avait réussi à calmer un peu les choses, principalement durant son premier mandat du fait qu'il n'avait pas de majorité absolue. Aujourd'hui, il est obligé de se lancer dans ce qu'il avait promis, c’est-à-dire, l'organisation d'un référendum. Cela le met dans une position d'équilibriste car il veut défendre le maintien du Royaume-Uni dans l'Union européenne alors qu'une partie de l'opinion dans son parti se prononce pour une sortie. Cameron évolue donc sur un fil, entre les deux options tout en sachant que ses idéaux sur la question ne sont plus majoritaire dans son propre parti. C'est une position difficilement tenable, et qui va lui poser problème à terme car plus nous allons avancer vers la date fatidique du référendum, plus les Eurosceptiques seront exigeants, et il y a de forte chances pour que ces derniers gagnent des soutiens, à moins d'un changement radical au sein de l'Union européenne.

Pour David Cameron, comment parvenir à ménager ses partenaires européens tout en composant avec les différentes sensibilités britanniques ?

La seule solution pour David Cameron est simple : pour rester au pouvoir, il devra remporter le référendum avec le maintien comme résultat. Ce serait donc aller contre l'avis dominant au sein de son parti, et cela implique de convaincre les Britanniques de rester au sein de l'UE. Il sera donc obligé d'aller défier ses propres amis parmi les plus conservateurs et de jouer l'opinion publique britannique contre son parti. Pour lui, c'est la seule solution politique envisageable.

C'est quitte ou double. Soit il gagne et il reste. Soit il perd et il doit partir. Il l'a d'ailleurs lui-même dit. De toute façon, il a déclaré qu'il arrêtait la politique en 2020, c'est-à-dire à la fin de ce mandat. Dans ce contexte, il travaille déjà sa sortie.

Dans le cas d'un Brexit, quel type de relation pourrait entretenir le Royaume-Uni avec l'UE?

Je pense que cela ne changerait pas énormément les relations qu'entretient le Royaume-Uni avec les autre pays de l'UE. L'influence du Royaume-Uni au sein de l'Europe serait toutefois un peu affaiblie par définition mais il faut voir que ce pays est déjà en dehors de la zone euro et de l'espace Schengen. De plus, le Royaume-Uni et la France sont liés par un partenariat bilatéral pour une coopération en matière de défense qui n'a rien à avoir avec l'UE. Donc l'UE resterait un partenaire économique important et inversement. Il est probable qu'il n'y ait pas un impact aussi fort qu'on le pense, une fois le choc de la sortie passé. Il n'y aura pas besoin de visa pour voyager, ni de droits de douane remis des deux côtés de la Manche.

Cela pourrait en revanche légèrement bouleverser la stratégie transatlantique. Barack Obama a clairement dit aux Britanniques qu'une sortie de leur pays de l'UE serait une immense perte. Cela pourrait affaiblir le lien transatlantique du fait que les USA perdraient leur meilleur relais au sein de l'UE. L'Allemagne est un bon relais mais un peu récalcitrant. Ce serait alors une mauvaise chose pour les USA de voir sortir le Royaume-Uni de l'UE.

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