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Bilan de faillite : une sincérité attachante, aussi rare qu'admirable
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Atlanti-Culture

Le dernier livre de Régis Debray, sorte de testament-confession, vaut vraiment le détour tant il est authentique, surprenant et intelligent.

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet pour Culture-Tops

Jean-Pierre Tirouflet est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE

Bilan de faillite
de Régis Debray
Ed. Gallimard

RECOMMANDATION

          EXCELLENT

THEME

Feignant d’aider son fils de 16 ans à choisir une carrière, Régis Debray (76 ans) livre une réflexion critique sur la sienne ou plutôt sur les siennes, puisqu’au cours de son existence d’homme, il a endossé plusieurs costumes. Le guérillero des années 1960, le conseiller du prince des années 1980, l’intellectuel engagé passe en revue ces quelques avatars pour en (dé)conseiller le chemin à son rejeton.

POINTS FORTS

  • A la fois brillant et tendre, ce Bilan de Faillite est l’occasion pour Régis Debray de revenir sur les choix essentiels de son existence, avec le recul des années. A cet effet il manie l’autodérision et l’ironie avec virtuosité, sans toutefois céder à un quelconque apitoiement sur lui-même. Si ses expériences ne se sont pas soldées par des résultats très concrets, ni comme guérillero en Bolivie, ni comme conseiller de François Mitterrand après l’élection de 1981, elles sont autant de sujets de méditation sur les rapports - complexes - entre la pensée et l’action, ainsi que le prétexte à revenir sur les évolutions du monde et des sociétés depuis les années 1960.
  • Il observe ainsi avec perspicacité la mondialisation qui conduit nécessairement à une forme de balkanisation, la révolution qui aboutit à la répression...
  • C’est un kaléidoscope de réflexions, d’idées, de notations, bien trop foisonnantes pour qu’elles puissent être reprises ici en détails.
  • L’écriture est “ardente“, la grande culture de l’auteur sourd tout au long de cet opus aussi court que dense.

POINTS FAIBLES

  • De même que l’empereur Joseph II reprochait à Mozart un excès de notes dans ses compositions, l’écriture de Régis Debray pourrait susciter une réflexion analogue: les mots se bousculent dans sa prose; le lecteur en est parfois dérouté. Il procède également par élipses ce qui requiert du lecteur une attention soutenue, voire une relecture attentive.

EN DEUX MOTS

C’est brillant, ironique, d’une grande richesse d’analyse, sans que l’auteur donne la réponse à la question essentielle: quelle place dans la cité pour l’intellectuel engagé?

UN EXTRAIT

P. 131: “Contrainte numéro 4: la ponctualité.... Tous les guetteurs à leur créneau savent que mettre dans le mille avant l’heure revient à mettre à côté de la plaque. L’astreinte au produit frais ne va pas sans déboires, et chaque fois que j’ai pu voir juste, avec quelques années d’avance, on me persuada que j’avais tout faux.

L’AUTEUR

La renommée initiale de Régis Debray provient de son rôle d’acolyte de Che Guevara et de sa capture en 1967 en Bolivie. Ecrivain, philosophe, conseiller de François Mitterrand, Président de la République, il a publié d’innombrables ouvrages, tant dans les sciences humaines que des romans. Il a d’ailleurs été membre de l’académie Goncourt.

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