Bien plus hautes que l’Everest : à la recherche des montagnes cachées à l’intérieur de la Terre<!-- --> | Atlantico.fr
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Le mont Everest, situé entre le Népal et la Chine, culmine à 8848 mètres
Le mont Everest, situé entre le Népal et la Chine, culmine à 8848 mètres
©Lakpa SHERPA / AFP

Voyage au centre de la Terre

La Terre profonde contient de vastes chaînes de montagnes dont les sommets atteignent jusqu'à quatre fois la hauteur de l'Everest. Mais personne ne sait vraiment comment expliquer leur origine

Samantha Hansen

Samantha Hansen

Mes recherches sont motivées par l'objectif sous-jacent de faire progresser notre compréhension des processus géodynamiques fondamentaux, tels que le volcanisme, la formation de montagnes, la formation de rifts continentaux et la formation de cratons. À cette fin, j'utilise un large éventail d'outils géologiques et géophysiques, notamment la sismologie des tremblements de terre, la tectonique active et l'analyse des données sismiques pour étudier la structure et déduire les processus terrestres associés. Les projets de recherche passés et actuels se sont concentrés sur une variété de lieux géographiques différents, notamment Hawaï, le Costa Rica, l'Arabie saoudite, l'Afrique, la Grèce et l'Antarctique.  J'ai également étendu mes recherches à l'étude de la structure de la Terre profonde, en particulier les zones à très faible vitesse le long de la limite entre le noyau et le manteau.

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Atlantico : En 2015, vous et votre équipe de chercheurs étiez en Antarctique où vous avez fait une découverte surprenante : la Terre profonde contient de vastes chaînes de montagnes dont les sommets atteignent jusqu'à quatre fois la hauteur du mont Everest. Comment avez-vous fait cette découverte ?

Samantha Hansen : Pour clarifier un peu les choses : les stations que mon équipe a déployées en Antarctique ont été exploitées de 2012 à 2015. Ces stations ont enregistré des signaux provenant de tremblements de terre survenus tout autour du globe, et ces ondes sismiques se déplacent dans différentes parties de l'intérieur de la Terre. Certaines de ces ondes rebondissent sur la frontière entre le manteau et le noyau de la Terre. En examinant les ondes réfléchies par le noyau, nous avons découvert des zones inhabituelles dans le manteau très profond, connues sous le nom de zones de vitesse ultra-faible (ULVZ). Il s'agit d'endroits où les ondes sismiques se déplacent beaucoup plus lentement que dans les régions environnantes.  Une modélisation plus poussée des signaux sismiques nous a permis d'estimer la taille des ULVZ et, comme vous l'avez mentionné, certaines d'entre elles sont très grandes.

Comment expliquez-vous que de telles montagnes soient enfouies si profondément sous terre et comment se sont-elles formées ?

Différentes idées ont été avancées sur l'origine des ULVZ.  Notre étude, qui repose à la fois sur l'analyse sismique décrite ci-dessus et sur des simulations informatiques du mouvement des matériaux à l'intérieur de la planète, suggère que les ULVZ sont associées à des matériaux océaniques qui ont été subductés (plongés) dans la Terre. Les matériaux subductés peuvent s'accumuler juste au-dessus du noyau terrestre, avec des piles plus épaisses à certains endroits et plus minces à d'autres.

Ce phénomène est-il limité à l'Antarctique ? Quelles sont les avancées qui résulteront d'une découverte de cette ampleur ?

Non, les ULVZ sont un phénomène mondial, elles ne se trouvent pas uniquement sous l'Antarctique.  Nous avons tenu compte à la fois de nos résultats et de ceux d'études antérieures sur les ULVZ dans notre interprétation, et le concept selon lequel les matériaux subductés sont à l'origine des ULVZ fonctionne bien. Nos résultats ont des implications importantes pour la compréhension du fonctionnement du cycle de la tectonique des plaques et de la manière dont les processus terrestres superficiels et profonds sont liés.  L'existence d'ULVZ au cœur de la Terre a également des implications à plus grande échelle. Par exemple, les zones ULVZ tamponneraient la chaleur provenant du noyau, ce qui influerait sur la température du noyau.  Cette température joue un rôle essentiel dans la convection du métal liquide dans le noyau externe, qui est à l'origine de notre champ magnétique.

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