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Avez-vous déjà rencontré un peigneur de plage ?
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Loisir d'été

Pratique centenaire héritée du pillage des navires, le beachcombing est un loisir qui passionne de plus en plus de français. A la recherche de métaux rares, de galets ou de sérénité, les beachcombers arpentent inlassablement les littoraux français. Mais n'est pas un bon peigneur de plage qui veut.

Gilles Kerlorc'h

Gilles Kerlorc'h

Gilles Kerlorc'h est l'auteur de plusieurs ouvrages, romans et documentaires, sur la thématique des plages.

Amateur de beachcombing depuis plus de vingt ans, il vient de publier L'Or sous le sable - Carnet de plage d'un beachcomber aquitain (L'Harmattan, février 2011).

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La mer provoque depuis toujours des sentiments contradictoires. Elle fascine et repousse à la fois. Elle attire l’homme avec ses ressources inépuisables, ses mystères enfouis au fond des abysses et sa faculté à ouvrir de nouvelles voies de communication, mais elle peut aussi entraîner mort et désolation.

Pêcheurs, vagabonds et pirates

Les populations côtoyant les côtes françaises étaient par le passé plutôt pauvres, vivant de pêche et d’agriculture. Une vie rude de labeur, où les distractions sont particulièrement rares. Alors, quand survient un naufrage, une bénédiction, on se précipite sur les plages en quête d’objets rejetés par les flots : fruits, tissus, barriques d’alcool, cordages, bois et parfois richesses sonnantes et trébuchantes, censées améliorer le quotidien.

La population va « au bris », comme à une fête, une cueillette organisée des restes d’un navire. Les plages se recouvrent parfois de dizaines et de dizaines d’hommes, femmes et enfants de toutes conditions, cherchant fébrilement dans les vestiges du navire blessé. Les paroisses environnantes, prévenues par la suite, se déplacent en nombre pour ce pillage collectif.

Le mot « beachcomber » apparaît pour la première fois dans un ouvrage de Herman Melville, Omoo, écrit en 1842. Un récit mi-romanesque, mi-vécu de l’auteur autour des îles du Pacifique. Les beachcombers sont des marins vagabonds qui embarquent sur des navires sans forcément d’attache et en changent, sitôt le port atteint. Des sortes de mercenaires des mers, se donnant au capitaine le plus offrant.

Un peu pirates, régulièrement naufragés arrivant par les vagues, ces écumeurs d’origine européenne qui vivent d’île en île avec les populations locales, s’organisent et créent des micro-sociétés, le long des plages dans des habitats faits d’épaves rejetées par la mer. Ces vagabonds des plages deviennent alors des médiateurs culturels, gravitant entre deux mondes. Ils connaissent la langue et les coutumes polynésiennes et sont parfois les traducteurs de marins de passage. On pouvait compter au milieu du XIXe siècle, environ 2 000 beachcombers sur les îles de Polynésie et de Micronésie.

Peigner la plage en 2011

Pratiquer le beachcombing aujourd’hui, c’est avant tout être un amoureux du littoral, le connaître, le comprendre, le voir évoluer en l’arpentant en toutes saisons. Pour celui qui glane bois flottés, coquillages, bouteilles, flotteurs de filets ou autres dons de la mer, il est préférable de parcourir les quelques plages non nettoyées par les tracteurs-cribleurs. Certaines grèves sauvages et très peu fréquentées permettent encore de belles découvertes.

Cependant, les jours suivant une tempête d’hiver, le beachcomber a tout loisir de venir chercher les « fortunes de mer » poussées par les vagues. Même si en hiver le nettoyage par tracteur est moins régulier, il se doit d’être attentif aux grandes marées, coups de vents et tempêtes puis exploiter la plage très rapidement. Ces coureurs de grèves sont des collectionneurs, des artistes, qui peignent les galets collectés, assemblent les bois flottés où remplissent des contenants de verre, de sables colorés, de coquillages rares ou de verres polis.

Un autre type de beachcomber, outillé de détecteur de métaux, va, lui, préférer les plages hautement touristiques. Il sonde le sable avec son détecteur à la recherche des bijoux ou monnaies modernes égarés par les estivants. Dans ce cas, le nettoyage des plages ne lui pose pas réellement de problèmes, puisque ses recherches vont se concentrer sur la zone de l’estran, là où les estivants se baignent et où le tracteur ne passe jamais.

Le beachcombing est un loisir moderne, qui ouvre les portes d’une nature sauvage et qui permet de retrouver pour un temps, son âme d’enfant.

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