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Scinder les banques de dépôt et d’investissement ne changera pas grand chose aux risques encourus
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Pour sortir de la crise

Le récent scandale du trader d'UBS remet au goût du jour l'hypothèse d'une scission des banques entre leur activité de dépôt -jugée plus "raisonnable"- et leur activité de banque d'investissement -taxée d'être plus "spéculative"- qui permettrait de rassurer les épargnants ? Une bonne idée mais qui vaudra très chère.

Franck Margain

Franck Margain

Franck Margain est vice-Président du Parti Chrétien Démocrate et conseiller régional UMP en Ile-de-France.

Après des études en finances, il est devenu cadre dans une grande banque internationale.

 

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Atlantico : Après le scandale d’UBS, on entend de plus en plus l’idée selon laquelle on devrait scinder les banques entre l’activité de dépôt réputée solide et raisonnable et l'activité de banque d’affaires taxée d’être spéculative et périlleuse...

Franck Margain : Oui, aujourd'hui les banques d’investissement bénéficient de dépôts qui permettent de grosses surfaces financières. Elles peuvent donc opérer sur de très grandes transactions mondiales et ainsi rendre des services importants au financement de grandes entreprises -ou de grandes institutions- pour opérer sur des grands marchés.

Mais on peut aussi se dire que, finalement, la crise financière et les risques que l’on a vus -comme récemment avec l’affaire UBS- paraissent si importants que l’on peut renoncer à avoir des établissement bancaires qui font les deux métiers en même temps parce qu’on se rend compte que le risque encouru par l’établissement avec son activité financière internationale, devient trop important pour l’établissement lui-même et pour la gestion des particuliers qui risqueraient d’être pris dans la tourmente de la crise... Et ce, même s'il existe une garantie des Etats pour les comptes particuliers. Ainsi, si par exemple, demain matin, Commerzbank ou Barclays faisaient faillite, les portefeuilles de prêts aux particuliers seraient obligatoirement vendus à d’autres établissements. Mais vous aurez tout de même un risque inhérent au concours économique pour les particuliers...

Pensez-vous que les banques d’affaires aient la même éthique d’investissement que les banques de dépôt perçues comme plus “raisonnables” ?

Aujourd'hui, le questionnement de la banque d’affaires et de la banque de dépôt se pose par rapport à la moralité de la banque d’investissement. Il s’agirait d’isoler les banques d’investissement pour être capable d’isoler la part spéculative et la part “accompagnement” sur les grandes opérations financières. Mais c’est, une fois encore, un faux problème car on ne résoudra pas le problème du risque global. Goldman Sachs, par exemple, est une banque d’investissements qui est à la fois très spéculative... mais qui limite cette spéculation à son éthique. Cependant, on a vu que cette même banque d’affaires, si elle avait répondu au premier problème psychologique des épargnants, n’avait pas, pour autant, répondu à d’autres problèmes : celui d’avoir des banques ultra spéculatives qui pourront aller, par exemple, contre l’intérêt d’une nation, d’une politique ou du positionnement de l’Euro, car la seule limite de leur action est leur éthique.

Alors, pour ou contre la scission ?

Pour ! Il y aurait une clarté entre les métiers et on rassurerait les populations sur le plan psychologique. Elle aurait l’avantage de clarifier très clairement le rôle de chacun. Et le commun des mortels -généralement inquiet sur son système bancaire - aurait ainsi une certaine assurance. 

En revanche, on ne peut pas le faire seul car si on dissocie banque d’affaires et banques de dépôt, il va falloir donner du capital aux premières pour “remplacer” les apports en fonds récupérés auparavant par l’activité de dépôt. Il faudra investir sinon leur surface financière diminuera significativement et les empêchera de participer à l’économie des grands investissements - c’est-à-dire la capacité d’amener les grandes entreprises sur les marchés financiers- pour faire des affaires internationales. On risquerait de créer une forte récession. La réponse est donc bien “oui”, mais cela doit se faire dans le temps -pour récupérer énormément de capital- et ensemble avec les autres pays d’Europe et les Etats-Unis. 

Pourquoi ne l'a-t-on pas fait plus tôt, les Etats ont, semble-t-il, été très tolérants vis-à-vis des banques, on se demande s’ils ne sont pas un peu otages...

Je ne dirais pas qu’ils sont otages. Mais rappelons que le lobby bancaire est très fort car il a une responsabilité énorme dans l’économie et dans le dépôt des épargnants. Pour mémoire, le métier du banquier est de collecter l’argent des épargnants pour l’investir dans des prêts aux entreprises, aux PME, aux artisans et à l’immobilier. Dans le cas d’un prêt pour un appartement, par exemple, la banque a en amont, des clients qui lui ont prêté de l’argent. Ceux-ci ne souhaiteraient certainement pas que la banque revienne vers eux en expliquant qu’elle a “mal prêté” et qu'elle ne peut verser les intérêts promis ou, pire, qu’elle a fait faillite.

Les banques ont donc un rôle extrêmement fort dans l’économie qui peut expliquer son très fort pouvoir d’influence au Parlement. Aujourd’hui un ministre des Finances ne peut pas faire grand-chose contre les sociétés bancaires sans prendre le risque de fragiliser son système financier ou son économie...

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