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Avec le contrat australien de 34,3 milliards d'euros, DCNS enlève à l'Allemand TKMS le titre mondial de premier exportateur de sous-marins
©Reuters / DCNS

Cocorico

22 pays construisent des sous-marins dans le monde mais peu d’entre eux ont l’expérience acquise par la France tant en matière de construction navale notamment du fait des technologies développées pour les SNLE et SNA que dans la mise en œuvre. Les sous-marins français sont en effet présents dans toutes les mers du globe.

Jean-Bernard Pinatel

Jean-Bernard Pinatel

Général (2S) et dirigeant d'entreprise, Jean-Bernard Pinatel est un expert reconnu des questions géopolitiques et d'intelligence économique.

Il est l'auteur de Carnet de Guerres et de crises, paru aux éditions Lavauzelle en 2014. En mai 2017, il a publié le livre Histoire de l'Islam radical et de ceux qui s'en servent, (éditions Lavauzelle). 

Il anime aussi le blog : www.geopolitique-géostratégie.fr

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C’est donc finalement le français DCNS que l’Australie a retenu mardi 26 avril 2016 pour construire douze sous-marins océaniques. Le budget de ce programme de défense présenté comme le plus important de l’histoire du pays est estimé à 50 milliards de dollars australiens, soit 34,3 milliards d’euros, comprenant la conception, les transferts de technologie, la production, le système de combat et la maintenance pendant vingt-cinq ans.Le premier ministre Malcolm Turnbull, devant les chantiers navals d’Adelaïde, en Australie-Méridionale a en effet déclaré : « les recommandations lors du processus d’évaluation des offres (…) ont été sans équivoque : l’offre française est la plus à même de répondre aux besoins uniques de l’Australie. Ces sous-marins seront les plus sophistiqués du monde, et ils seront construits ici, en Australie ».

Pour expliquer ce magnifique succès de la Direction des constructions navales,[1] filiale du groupe Thales il faut analyser l’évolution du marché des exportations de sous-marins et des atouts de l’offre française.

Le marché mondial des exportations de sous-marins

22 pays construisent des sous-marins dans le monde mais peu d’entre eux ont l’expérience acquise par la France tant en matière de construction navale notamment du fait des technologies développées pour les SNLE et SNA que dans la mise en œuvre. Les sous-marins français sont en effet présents dans toutes les mers du globe.

Au sein de ce paysage industriel seules 10 entreprises, issues de 9 pays, disposent d’une offre à l’exportation et seulement 6 ont remporté un ou plusieurs marchés sur la période 2000-2016. Trois d’entre elles TKMS, DCNS et Admiralty sont leaders incontestablesde ce marché dont ils représentent 90% des parts.[2]

Le leader incontestable du marché de l’exportation des sous-marins conventionnels était jusqu’à ce contrat la firme allemande TKMS, filiale du conglomérat allemand ThyssenKrupp AG. TKMS, revendiquait sur le site de l’entreprise de contrôler jusqu’à 60% du marché. Toutefois, sur la période 2000-2014, sa part de marché a reculé, pour se situer plus vraissemblablement autour de 48%. TKMS a notamment perdu 2 appelsd’offres sur sesmarchéshistoriques (Inde 2005 et Brésil 2009), tout deuxremportés par DCNS.

DCNS pour sa part a remportéses premiers contrats à l’internationaldès la fin des années 1960 (à 15 exemplaires vendus au Portugal, Afrique du Sud, Pakistan et Espagne) grace à son sous-marin d’attaque conventionnel de Type Daphné, en service dans la Marine française. Dans les années 1970, la Marine nationale a progressivementremplacésesDaphné par des sous-marinsd’attaqueconventionnelsde type Agosta 70 (commandés par l’Espagne et le Pakistan). Ceux-ci ont dès lors constitué l’offre export de DCN jusqu’au développement d’une version améliorée, l’Agosta 90B, (exporté au Pakistan). DCN a ensuite développé l’offre Scorpène dans les années 1990 sous la forme d’un co-développement et d’une co-production avec le groupe public espagnol Navantia en visant l’Amérique du Sud ; En 1997, l’alliance DCNS-Navantia a remporté au Chili le marché de 2 Scorpènes ; puis en 2002, enMalaisie, le marchéde 2 autres Scorpènes; en 2005, DCNS et Navantiaenlèvent aux Russesle marché indien en vendant 6 Scorpènes avec un transfert de technologies.

Pour assurer sa domination mondiale DCNS possède un atoutmajeur par rapport à son principal concurrent allemand : ce sont les retombées technologiques des SNLE et SNA qui équipent la marine française. L’offre française à l’Australie s’est en effet appuyée sur le sous-marin Barracuda[3] avec une propulsion classique au lieu de nucléaire.

Le succès australien[4]

Trois concurrents se disputaient le marché : le Japonais Mitsubishi & Kawasakiqui construit les sous-marins japonais mais qui avait deux handicaps, d’une part de ne jamais avoir construit hors du Japon ce qui était un critère essentiel de l’appel d’offre et d’autre part sur un plan géopolitique commander au Japon pouvait indisposer la Chine, premier partenaire commercial de l’Australie. Evidemment l’allemand TKMS qui proposait aussi de construire en Australie mais TKMS avait plusieurs handicaps : ne jamais avoir conçu de sous-marins de la classe des 4 000 tonnes demandée par Canberra, double de la taille des bâtiments qu’ils produisent. Or les Australiens cherchaient un partenaire ayant le même type de bâtiments pour parcourir de longues distances, ce que n’ont pas les Allemands, car leurs sous-marins servent plutôt à la protection des estuaires dans la Baltique et à l’embouchure de la mer du Nord.



[1]A la suite de l’intégration à Thalès, le nom du groupe change de "DCN" en "DCNS". "Dans le nouveau nom, les lettres ne portent plus de signification. En outre, l'ajout du 'S' à la racine DCN exprime l'expertise du Groupe dans la maîtrise d'oeuvre de systèmes et dans les services", indique la société.

[2]Admiralty, les chantiers russes de l’Amirauté exportent un sous-marin dénommé Kilo 636 (dénomination OTAN), dérivé du 877. La Russie a lancé, à la fin des années 1990, le prototype du Projet 677 (Lada), dont la version export est l’Amur 1650. Sur la période 2000-2014, le constructeur russe a vendu 18 sous-marins Kilo à la Chine (8), à l’Algérie (4) et au Vietnam (6). Bien que contrôlant 25% du marchémondial, Admiralty peine à concrétiser, y compris sur ses marchés historiques, une première vente de son Projet Amur 1650 (proposéenInde, en Chine et au Maroc). Admiralty n’est pas parvenu à élargir sa base clients. Au contraire, le groupe voit ses positions contestées sur ses marchés historiques (Inde, Egypte).

[3]Le Suffren, premier de la série des 6 barracuda commandés par la Marine française  et destinés à remplacer les SNA type Rubisverra sa coque se fermer au premier trimestre 2016 pour une entrée en service dans la marine nationale à 2018, avec un début des essais à la mer au printemps 2017.

[4]http://abonnes.lemonde.fr/entreprises/article/2016/04/26/le-francais-dcns-remporte-un-megacontrat-de-sous-marins-a-34-milliards-d-euros-en-australie_4908510_1656994.html

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