Attractive ou pas ? Pourquoi la Banque mondiale passe à côté du problème dans son diagnostic sur la France <!-- --> | Atlantico.fr
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La France se trouve derrière des pays comme la Géorgie, l’Arabie Saoudite ou le Rwanda.
La France se trouve derrière des pays comme la Géorgie, l’Arabie Saoudite ou le Rwanda.
©Flickr

Je t'aime moi non plus

La France recule de quatre rangs pour tomber à la 38ème place du classement du "climat des affaires" de la Banque mondiale. L'institution sanctionne le manque de réformes de notre pays, qui en un an n'a adopté qu’une seule mesure dans le domaine du transfert de propriété. Trop peu pour se placer sur le podium aux côtés de Singapour, Hong Kong ou la Nouvelle Zélande.

Michel Rousseau

Michel Rousseau

Michel Rousseau est le Président de la Fondation Concorde, think-tank qui, depuis plus de 10 ans, cherche à enrichir le débat public avec ses propositions.

 

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Atlantico : Dans le dernier classement "Doing Business" de la Banque mondiale, la France se trouve derrière des pays comme la Géorgie, l’Arabie Saoudite ou le Rwanda ! Comment expliquer cette dégringolade ? L’attractivité de la France est-elle à ce point dégradée, ou la méthodologie de cette étude laisse-t-elle à désirer ?

Michel Rousseau : Effectivement, la France ne se situe pas en bonne position sur le plan de la compétitivité, et en particulier en ce qui concerne le climat des affaires, puisque c’est cela que compare véritablement le sondage effectué par la Banque mondiale. Cependant, passer derrière la Géorgie, l’Arabie Saoudite ou le Rwanda n’est finalement pas si étonnant, car ces pays font des efforts considérables pour faciliter le business sur leur sol, en se débarrassant notamment des contraintes qui pèsent sur leur droit du travail ou en instaurant, comme chez certains, des taxes uniformes, ou "flat tax", où chacun paye le même pourcentage d’impôt.

Par ailleurs, il ne faut pas confondre le climat du business, c’est-à-dire l’ensemble des mesures prises pour faciliter le commerce, la création et le développement d’entreprises grâce à une fiscalité appropriée par exemple, avec l’attractivité. L’attractivité est un tout qui implique la qualité des infrastructures, de la main d’œuvre, des compétences, mais aussi de ses dirigeants politiques, ou encore de sa recherche. 

L’exemple de Critéo, qui intègre le Nasdaq, est-il symptomatique de ce déficit d’attractivité de la France ? 

Non, je crois plutôt que cette introduction est symptomatique d’une volonté de l’entreprise de s’internationaliser en s’attaquant au marché américain. Cet exemple résulte d’un cas particulier : on ne peut pas demander à toutes les entreprises françaises de rester dans notre pays, certaines ont d’autres besoins. 

Le problème provient-il en outre d’un environnement défavorable qui empêche les sociétés françaises de se développer ? Comment ?

En termes d’attractivité, la grosse faiblesse de la France provient du poids trop important de son administration. La sphère publique s’est développée aux dépens de ceux qui travaillent. D’autres obstacles viennent bloquer un certain nombre d’activités : une réglementation excessive, ou encore le poids démesuré des syndicats par rapport à leur idéologie qui se révèle opposée au développement de entrepreneuriat et à l’économie de marché.

Mais le développement des entreprises françaises est également ralenti par des problèmes de recrutement de personnel qualifié dans d’autres activités. Les normes environnementales pèsent également, ainsi que les autorisations d’implantations. Enfin, la taxe à 75 % qui pénalise les dirigeants des entreprises à succès ne risque pas d’arranger la situation. Pourquoi resteraient-ils en France ? Pour donner leur argent à l’Etat ? Cela n’a pas de sens.

Création d’une entreprise, permis de construire, obtention de crédits, poids administratif, résolution des faillites : quels sont les principaux points faibles de la France par rapport à ses concurrents ? A contrario, la France dispose-t-elle de points forts pour y faire des affaires ?

Nous avons déjà cité certains poids faibles du climat des affaires français. En revanche, il faut convenir que des efforts considérables ont été réalisés depuis un an en faveur de la création d’entreprise. Il est aujourd’hui beaucoup plus facile et rapide de créer une entreprise en France, grâce à des délais réduits et grâce à la simplification de nombreuses démarches administratives. Les permis de construire restent encore beaucoup trop longs à obtenir. Mais ce sont les recours qui sont le plus pénalisant pour le climat des affaires en France, en mettant en difficulté le développement du secteur immobilier notamment.

La France a heureusement des points forts comme la qualité de son éducation, ses infrastructures ou encore l’absence quasi-totale de corruption.

La Banque mondiale pointe notamment le fait que la France n’ait adopté qu’une seule réforme favorable au développement des affaires, dans le domaine du transfert de propriété. Quelles autres mesures auraient dû être prises en priorité cette année pour restaurer l’attractivité du pays ?

Avant tout, pour développer l’ensemble des activités économiques, il est prioritaire de baisser fortement les charges et les impôts qui pèsent sur les entreprises. Il est également important de favoriser les mutations et les transferts de propriété. La mobilité des capitaux, sans un racket systématique de l’Etat, est en effet nécessaire dans une économie. Il faudrait permettre une plus grande fluidité des capitaux entre les acteurs économiques, mais nous sommes aujourd’hui dans le sens contraire !

Enfin, il faut baisser les impôts et notamment rayer d’un trait l’ISF, afin de redonner confiance aux capitalistes, dont les financements, faut-il le rappeler, servent à faire tourner l’économie, et touchent in fine tout le monde.

Propos recueillis par Pierre Havez

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