Arrivée possible d’Ebola en France : les filières de trafic d’animaux et de viandes de brousse au premier rang des accusés<!-- --> | Atlantico.fr
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Depuis quatre ans, le prix de l'ivoire est passé de 550 euros le kilo en 2010 à 1 540 euros cette année
Depuis quatre ans, le prix de l'ivoire est passé de 550 euros le kilo en 2010 à 1 540 euros cette année
©REUTERS/Philimon Bulawayo

Inquiétant

La FAO que l'épidémie de l'Afrique de l'Ouest a débuté quand le virus est passé de la vie sauvage infectée aux populations humaines et a commencé de manière subséquente à se répandre parmi les personnes.

Le commerce illégal d’espèces sauvages est un problème international. Il existe en effet de véritables réseaux clandestins de vente d’espèces sauvages partout dans le monde. Les matières convoitées par les contrebandiers sont aussi nombreuses que variées et finissent toutes par devenir simples marchandises : reptiles et oiseaux vivants destinés aux animaleries, caviar pour le secteur de la gastronomie, fourrures et laines rares vendues à l’industrie du vêtement, ivoire d’éléphant pour faire des bijoux et autres meubles… Mais ce commerce a des effets dévastateurs sur les espèces. Et pas seulement puisqu'il pourrait être l'un des vecteurs de l'arrivée du virus Ebola en France. 

En effet, l'Organisation mondiale pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) estime que l'épidémie de l'Afrique de l'Ouest a débuté quand le virus est passé de la vie sauvage infectée aux populations humaines et a commencé de manière subséquente à se répandre parmi les personnes. En effet, comme le relaie The Guardian, alors que la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone luttent pour contenir l'éclosion la plus mortelle enregistrée sur le plan mondial du virus, la FAO et l'Organisation mondiale de la santé avertissent sur les risques de contracter le virus Ebola en mangeant la viande de certaines espèces sauvages, notamment parmi les communautés rurales qui chassent pour la viande de brousse ou de la viande obtenue de la forêt. Celles-ci utilisent la viande de brousse pour compléter leur alimentation et leurs revenus mais elles risquent des contagions futures d'espèces susceptibles d'être porteuses du virus, notamment les chauves-souris frugivores, certains primates et les céphalophes.

"Nous ne suggérons aucunement que les populations arrêtent la chasse, ce qui ne serait pas réaliste", a déclaré au Guardian le vétérinaire en chef à la FAO, Juan Lubroth. "Mais elles ont besoin de directives claires, comme ne pas toucher les animaux morts ou vendre ou manger la chair d'animaux trouvés morts. Elles devraient aussi éviter de chasser les animaux malades ou ayant un comportement étrange, car c'est là un signal d'alarme".

Les chauves-souris frugivores (généralement consommées séchées ou dans une soupe épicée) seraient l'espèce-réservoir la plus probable du virus, qu'elles peuvent véhiculer sans pour autant développer de signes cliniques de la maladie, et seraient donc à éviter à tout prix, selon la FAO. "Le virus n'est anéanti que lorsque la chair est cuite à haute température ou bien fumée, mais quiconque manipule ou dépèce un animal sauvage infecté court le risque de contracter le virus", souligne Juan Lubroth. Les braconniers sont donc concernés par cette mise en garde puisqu'au cours de leurs chasses illégales ils courent le risque d'entrer en contact avec un animal malade. Et donc de le répandre parmi les populations.  D'autant plus que le commerce de viande de brousse ne cesse d'augmenter. Ainsi selon The Guardian, chaque année, les douanes de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle intercepterait près de 270 tonnes de ce produit.

Autre phénomène inquiétant : la recrudescence du braconnage. En effet, selon The Economoist, avec  10 milliards de dollars, le commerce illégal d’animaux serait le cinquième plus important du monde après  celui des médicaments, des produits de contrefaçon, des personnes victimes de la traite et la contrebande de pétrole. En effet, selon The Economist, avec 10 milliards de dollars, le commerce illégal d’animaux serait le cinquième plus important du monde après  celui des médicaments, des produits de contrefaçon, des personnes victimes de la traite et la contrebande de pétrole.

Concrètement, selon le World Wildlife Fund (WWF) en 2006, ce commerce a concerné 50 000 singes, 640 000 reptiles, 1,5 million d’oiseaux, 3 millions de tortues et 350 millions de poissons d’aquarium. Auxquels il faut ajouter les “produits dérivés” : 1,6 million de peaux de lézards, 1,1 million de fourrures, 1,1 million de peaux de reptiles, 1 million de morceaux de coraux, 300 000 peaux de crocodiles, 21 000 trophées de chasse et 300 tonnes de caviar, soit un quart du trafic légal. De son côté, l’organisation TRAFFIC estime que le commerce illégal concerne chaque année 500 à 600 millions de poissons tropicaux, 15 millions d’animaux à fourrures, cinq millions d’oiseaux, deux millions de reptiles, 30 000 primates. Selon The Economiste, cette dernière s'alarme particulièrement de la contrebande d'ivoire en Thaïlande, du trafic de cornes de rhinocéros au Mozambique et le commerce du tigre en  Asie du Sud et du Sud-Est.

Concernant le trafic d'ivoire, si des moyens de lutte existent depuis de nombreuses années et si la sensibilisation est très importante, ce commerce est particulièrement développé.  En effet, toutes les 15 minutes, un éléphant est tué en Afrique. A ce rythme, les éléphants d'Afrique centrale pourraient disparaître d'ici 10 ans. "Dans certaines régions, en particulier en Afrique centrale, les populations d'éléphants sont décimées et on pourrait arriver très vite à une extinction locale", s'alarme, dans Le Parisien, le directeur général de la Cites, John Scanlon. Concrètement, au début du XXe siècle, il y avait environ vingt millions d'éléphants sur le continent, il y en aurait aujourd'hui moins de 500 000. Il faut dire que l'ivoire est considéré comme un produit d'investissement : de plus en plus rare, il est de plus en plus cher. Ainsi, son prix, alimenté par la forte demande de clients asiatiques, a triplé en Chine depuis quatre ans, passant de 550 euros le kilo en 2010 à 1 540 euros cette année. Et ce alors même que le commerce de l'ivoire est interdit depuis 1989. 

Mais ce n'est rien à côté du prix d'une corne de rhinocéros. Celle-ci se monnaie, selon The Economist, de 60 000 à 100 000 dollars le kilo, plus que le cours de l'or. Un prix d'autant plus stupéfiant que c'est principalement pour des vertus médicinales inexistantes que cette kératine animale (dont la composition est semblable à celle de nos ongles) fait l'objet d'une forte demande sur les marchés asiatiques. L'an dernier 1 000 rhinocéros ont été abattus en Afrique du Sud et plus de 400 depuis le début de l'année contre seulement treize en 2007.  "Si rien n'est fait pour contrer ce trafic, il n'y aura plus de rhinocéros sauvages d'ici dix ans" s'inquiètent certains spécialistes. Il n'y a donc pas de temps à perdre. 

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