Après trois ans d’austérité, le Portugal vote pour l’Europe et pour l’euro<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho
Le Premier ministre portugais, Pedro Passos Coelho
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Les Portugais ont donné au Premier ministre, qui a mis en œuvre la politique d’austérité, les moyens de continuer son entreprise de redressement. Après la Grèce, l’opinion publique portugaise a refusé les scénarios de rupture. La population portugaise a voté pour l’Europe et l’euro.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les élections législatives portugaises ne seront pas commentées autant que les élections grecques. Pourtant, les leçons que ces élections infligent à toute l’Europe politique sont aussi importantes parce que porteuses d’avenir.

Après trois années de récession passées sous la tutelle de la Commission de Bruxelles, de la BCE et du FMI, le peuple portugais a voté ce dimanche. Le Portugal a reçu 78 milliards d’aides, mais en échange, le gouvernement a dû mettre en place une politique de restrictions au niveau des dépenses publiques, des systèmes sociaux et lancé un ambitieux programme de réformes structurelles.

D’un côté, le gouvernement a réduit le salaire des fonctionnaires, il a raboté les retraites, supprimé des jours de congés et augmenté les impôts. De l’autre, il a tout fait pour restaurer la confiance des investisseurs et booster le travail des entrepreneurs en augmentant la compétitivité de la marque "Portugal ". Cette médecine de l’effort a provoqué une forte hausse du chômage, il avoisinait les 17% de la population active en 2013.  

En toute logique, le Premier ministre aurait dû perdre ces élections. Sauf que ces efforts ont été payants et que les auteurs de cette politique très "Churchillienne" ont été récompensés politiquement.

La situation a commencé à s’améliorer en 2013/2014. Les chiffres de l’emploi, de l'activité et de la croissance ont commencé à se redresser. Aujourd'hui, le chômage a été ramené à 13% dans une Europe où le niveau moyen est de 11%, avec une croissance économique qui approche les 3%.

Le Portugal a évidemment bénéficié de tous les vents favorables qui se sont mis à souffler sur les économies européennes. L’amélioration de l’environnement, la baisse des taux d’intérêts, la baisse des prix de l’énergie, la baisse de l’euro... Mais le Portugal a su border ses voiles et barrer le navire, contrairement à d’autres économies comme la France.

La mécanique de redressement a été très simple, très basique. D’abord, Lisbonne a réduit les dépenses publiques pour pouvoir alléger son déficit budgétaire et la charge de la dette, et a consacré les marges dégagées à l’investissement.

Ensuite, le Portugal a renforcé la compétitivité de ses produits et services par la baisse des salaires, et des charges, et la mise en place d’une politique d’innovation agressive. L’innovation combinée à la baisse des coûts permet de retrouver une industrie textile qui s’était délocalisée en Chine comme toutes les industries européennes. Cela a aussi permis de faire repartir l’immobilier, la construction, et de protéger son industrie du tourisme.

Enfin, le Portugal a restauré la confiance des investisseurs en faisant la preuve de la stabilité politique, administrative et fiscale. Et fait le choix d’attirer des populations à fort pouvoir d’achat. En proposant d’exonérer de l’impôt tous les européens qui acceptent d’établir leur résidence principale au Portugal, le pays a attiré les retraités de l’Europe du Nord qui viennent au moins six mois par an pour profiter de cet avantage fiscal et d’un niveau de vie sensiblement moins cher que dans le Nord.

En moins de deux ans, le Portugal a déjà attiré ainsi 1200 Français, autant de familles allemandes, autant de Scandinaves et d’Anglais. Le Portugal a fait le pari de devenir pour l’UE, ce que la Floride est devenue pour les Américains. Du coup, le Portugal est en train de prendre la place du Maroc parmi les destinations à "fiscalité light", favorites des Européens. 

Le Portugal n’est cependant pas tiré d’affaires. Son taux de chômage est encore élevé. Les services sociaux doivent encore subvenir aux besoins de quelques 2 millions de pauvres, mais ce qui est assez spectaculaire, c’est que les résultats se voient et se sentent.

Pour beaucoup, c’est  l’anti-Grèce.En 2011, les Portugais se disaient qu’ils n’avaient pas d’autres choix que d’accepter une cure d’austérité. Aujourd’hui, ils auraient pu faire un autre choix. Ils ont choisi de reconduire l’équipe en place. Comme en Grèce, en Italie, en Espagne, les Portugais ont choisi de voter pour l’Europe et l’euro. Par conséquent, pour une politique assez rigoureuse qui permet devivre ensemble au sein de l’union européenne. Peut-être que les Européens sont majoritairement plus européens que ne le croient leurs élites dirigeantes et leurs médias.

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