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Après les “millenials”, les “linksters” : bienvenue dans l’univers de la génération qui n’a jamais vécu sans les réseaux sociaux
©Reuters

Nouveaux jeunes

Les linksters sont une nouvelle génération de jeunes nés après 2002. A l'inverse des millenials qui sont nés avec internet à partir des années 1980, les linksters vivent avec internet et les nouvelles technologies dès leurs tout premiers jours. Les rapports au monde réel et la perception de l’irréel peuvent être difficile à appréhender quand on est toujours sur un écran.

Florence  Millot

Florence Millot

Psychologue pour enfants.

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Atlantico : Meagan Johnson, une sociologue Britannique a conceptualisé la notion de "linkster" les jeunes nés après 2002. Ce sont des enfants qui baignent dans l'univers d'internet et des nouvelles technologies. Cette génération est liée à internet depuis son tout premier jour.  Quelles sont leurs caractéristiques par rapport aux générations précédentes ? En quoi se distinguent-ils des "millenials" nés entre 1980 et 2000 ?

Florence Millot : L’arrivée d’internet, de ce monde « connecté » a changé toute la forme de communication que l’on pouvait avoir entre individu. Dans les années 80, les jeunes aimaient jouer, rêver, se regrouper les uns chez les autres. Et prendre plaisir à utiliser le virtuel avec parcimonie pour se divertir (que ce soit via la télévision, le cinéma ou les 1er jeux vidéos). Dans cette nouvelle génération de linkters le virtuel est devenu une priorité. Les enfants sont connectés des le berceau. Les touts petits, jouent de moins en moins seuls, on répond à ses besoins par une tablette, il est toujours nourri par un monde imaginaire qui n’est pas le sien. Si le tout petit n’a plus de tablette cela devient une crise, et pour cause, l’enfant à besoin d’apprendre à être seul, pour créer et construire les bases de son développant affectif. S’il ne passe pas par ce stade, il reste dépendant de son environnement immédiat, parent ou de la tablette car il n’a pas fini de construire son monde interne (via son imagination).

Les conséquences sont visibles en grandissant, à partir de 8 -10 ans l’enfant à besoin d’etre hyper connecté pour ne pas se sentir seul. On peut entendre ces enfants dires «  si je reçois un texto, c’est que j’ai un ami ». Les moyens deviennent de plus en plus diversifiés pour les linksters :(téléphone, texto, Snapchat, twitter, Instagram). L’identité de l’enfant passe par une e-réputation pour exister dans le virtuel, en fonction de son nombre de like.

On peut reconnaître aussi dans cette génération, des enfants qui pensent avoir de moins en moins besoin de l’adulte ou du parent : ils s’aident entre eux, utilisent des face time pour les devoirs.

Ces enfants sont hypersensibles et hyper créatifs. Ce qui est très positif quand cela reste accompagné par l’adulte avec bienveillance. Car si ces outils de communication sont fabuleux à beaucoup d’égards pour communiquer avec le monde, s’ouvrir aux autres, connaitre par soi même et se faire une opinion, il y a aussi des limites auxquels il faut prêter attention. Prenons l’exemple de la réputation qui peut aider l’enfant dans une certaine mesure à avoir confiance en lui, avec la potentialité d’un cyber harcèlement. Les linkters passent du « j’aime à je déteste et je te le fais savoir sur internet » les détracteurs sont de plus en plus jeunes car tout est permis sur la toile et peu censuré. Il est donc primordial d’aider les enfants à s’accomplir tout en leur apprenant à protéger leurs vies privées.

Plusieurs entreprises ont déjà pointé les difficultés qu'elles pouvaient observer avec les générations récentes de diplômés, moins enclins à s'épanouir dans une hiérarchie traditionnelle par exemple. Plus largement, la société est-elle préparée à accueillir cette nouvelle génération ? Quelles sont les grandes questions que l'arrivée de cette génération peut poser ?

Cette nouvelle génération pleine d’idées pose une question fondamentale pour la société, comment manager par compétence, comment amener ces futurs travailleurs vers un accomplissement d’eux mêmes par le travail à l’instar du management traditionnel où c’est l’employé qui doit rentrer dans le moule et produire pour l’entreprise ? La génération des Linksters ont été habitué à créer, ils rêvent de star up, de chaines YouTube, de célébrités. Ils n’ont pas peur d’être licencié, de changer de métier, de partir dans un autre pays pour trouver ce qu’ils désirent.

Ils peuvent apporter des techniques innovantes pour l’entreprise de demain s’ils sont accompagnés dans l’apprentissage du « faire ensemble ». La deuxième question se pose : comment les aider à coopérer, à trouver une synergie dans chacune de leurs compétences si le management pyramidal venait à disparaître ?

Quels peuvent être les limites et les risques de ce comportement tourné vers le virtuel ? Les jeunes savent-ils faire la part entre réel et irréel ?

Si cette nouvelle génération a beaucoup d’atouts, il faut prendre aussi en compte que le virtuel à ses limites. Certes il est un refuge de rêve dans un monde incertain, il permet de s’évader et de s’amuser mais le virtuel peut vite devenir un piège quand il isole la personne. L’isolement ne passe pas qu’envers les jeux vidéos, il passe de manière plus sournoise quand les enfants confondent le virtuel avec le réel. Par exemple se sentir aimé au nombre de cœurs ou de like virtuels, se sentir appartenir à une communauté internationale sans avoir vu une seule de ces personnes. Le virtuel donne l’illusion d’être connecté au monde et pourtant les enfants sont de plus en plus angoissés, avec une peur de l’avenir qui relance la question de l’importance de rêve,du jeu et de l’ennui et de la capacité à être seul dans la construction affective de l’enfant, peu importe la génération auquel il appartient.

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