Alors que la Fnac vit une entrée chahutée en Bourse, d’autres grandes entreprises, de plus en plus nombreuses, préfèrent la quitter <!-- --> | Atlantico.fr
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La logique court-termiste des traders constituerait un véritable frein pour les entreprises.
La logique court-termiste des traders constituerait un véritable frein pour les entreprises.
©Reuters

Sauve qui peut !

Fraîchement introduite en bourse, la Fnac fait déjà face aux aléas souvent inexplicables de ces marchés. Pendant ce temps, certains grandes entreprises, à l'instar de Dell, ont décidé de se retirer du marché, afin de pouvoir penser sereinement à l'avenir de leurs structures sur le moyen et long terme.

 Frédéric  Bonneton

Frédéric Bonneton

Co-fondateur de MCR Groupe, Frédéric Bonneton est membre du comité exécutif d'Entreprise et Progrès. Conférencier pour des organisations professionnelles, il fut également coach du magazine Challenges et a publié aux éditions Eyrolles Bien décider en moins d'une heure.

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En mars nous évoquions dans un post la volonté de Michael Dell de sortir de la cote boursière.

Ce qui était intéressant dans la démarche et dans l'argumentation de Michael Dell lui-même, c’est qu’il dit tout haut ce que tout le monde sait et fait semblant d'ignorer : aucune entreprise cotée ne peut avoir de stratégie à moyen terme !

Pour mémoire, il expliquait son choix de la manière suivante : "il s'agit d'engager une restructuration [....] sans avoir à se soumettre aux obligations des entreprises cotées et à la sanction régulière des marchés. Une entreprise privée peut être plus agressive car elle échappe à l'attention trimestrielle imposée par la Bourse."

Dont acte.

Dans le même esprit, ALIBABA, la star Chinoise de l'Internet incarnée par Jack Ma, son fondateur star, avait aussi annoncé sa volonté de sortir de la bourse de Hong Kong sa filiale ALIBABA.COM. Pourtant l'entreprise est florissante et la rentabilité du groupe est hors norme sur des marchés réputés pour leur faible marge.

L'argument évoqué par Jack Ma : la préparation de réorientations stratégiques impliquant une mutation à long terme incompatible avec les attentes des investisseurs boursiers...

Dont acte.

On peut d'ailleurs se demander ici si le terme d' "investisseurs" est encore complètement approprié, dès lors que l’on est davantage dans une logique de jeu sur les marchés (maximiser sa mise en sortant au bon moment) que dans une logique d'investissement favorisant la création de valeur intrinsèque de l'entreprise dans laquelle on investit.

La "bourse" est devenue un lieu de "spéculation" où j’ai vu des salles de marché entièrement automatisées de grands hedge funds faire tourner les portefeuilles à des vitesses vertigineuses (près de 60 000 ordres à la minute passés selon des modèles mathématiques destinés à maximiser le rendement du fonds), devenu lui-même une entreprise en tant que telle. Cette pratique crée une inadéquation entre l’outil boursier et les besoins relatifs d’entreprises fonctionnant en écosystèmes complexes rendant encore plus difficile une reprise quelconque.

Enfin, nous pouvons lire dans Les Echos un commentaire d'Henri Giscard d'Estaing, PDG du Club Med à l'occasion de l'annonce de l'OPA amicale lancé sur le groupe par AXA PE et Fosun qui pourrait aboutir à une offre de retrait de la cote et à une montée importante dans le capital des 400 top managers : "Nous avons besoin pendant quatre à cinq ans de nous affranchir des contraintes de court terme. C'est pour cela qu'il est important pour le Club Med de s'appuyer sur un actionnariat stable et renforcé, et sur un management engagé."

Dont acte.

Ces trois exemples médiatiques sont symboliques. Ils illustrent à quel point la financiarisation excessive de l'économie et l'orientation devenue court terme de la bourse ne permettent plus aux entreprises d'être performantes.

Pourquoi ? Parce que dans une économie immatérielle à 80% le premier facteur de succès est l'humain. Parce que les talents qui innovent et amènent leur énergie et leur compétence ont besoin de sens pour être mobilisés, et parce que pour donner du sens, il faut être capable d'avoir des valeurs et/ou un véritable projet d'entreprise à moyen terme (avec ses dimensions économique, sociétale et stratégique).

Beaucoup de réflexions se développent autour de la valorisation réelle des entreprises et de leur capital immatériel.

Une contribution à la construction et à la mesure de cette "valeur entrepreneuriale" a d’ailleurs été développée par Entreprise et Progrès. Son colloque du 21 mars dernier a permis d’écouter des dirigeants d’entreprise et de syndicat partager leurs expériences et applications concrètes.

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