A l'école de l'antivax<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
A l'école de l'antivax
©DR

Bonnes Feuilles

Dans "Antivax", publié aux éditions Vendémiaire, Françoise Salvadori et Laurent Henri Vignaud sur trois siècles d'oppositions à une révolution médicale et font le point sur toutes les polémiques actuelles. Extrait 1/2.

Françoise Salvadori

Françoise Salvadori

Françoise Salvadiri est docteur en virologie/immunologie est maître de conférences à l'Université de Bourgogne. Ses travaux s'orientent vers les sciences humauines, en particulier les controverses sur la vaccination.

Voir la bio »

Grâce à des campagnes de vaccination massives, les cas de rougeole en Europe ont chuté de 98% entre 1993 et 2007, selon l’OMS. En 2012, cette maladie regagne pourtant du terrain, à cause de petits groupes de population non vaccinés en Europe centrale et de l’est. De nombreux pays européens de niveau économique et sanitaire équivalent à celui de la France ne déclarent plus ou très peu de cas, mais en bonne compagnie de l’Italie et l’Allemagne, qui sont aussi des pays résistants à leur manière, la France ne figure pas dans cette liste des bons élèves de l’OMS… La courbe dessinant l’évolution des cas de rougeole en France montre globalement une diminution des cas depuis l’introduction du vaccin dans notre calendrier vaccinal en 1983 ; mais, entre 2008 et mai 2016, plus de 24 000 cas y ont été déclarés, dont près de 15 000 pour la seule année 2011. Pas de quoi s’affoler, pensent beaucoup, au souvenir de leur rougeole infantile. Mais à regarder de plus près la réalité de cette maladie sur la période étudiée, on découvre près de 1500 cas associés à des pneumopathies graves, 34 complications neurologiques et 10 décès, dont certains chez des patients immunodéprimés, qui ne pouvaient être vaccinés, et devaient compter uniquement sur la protection rapprochée de leur environnement lui-même immunisé. Le nombre de cas français a fortement diminué en 2012, puis est resté stable en 2013 et 2014 – respectivement 859, 259 et 267 cas déclarés154. Allait-on enfin voir disparaître la rougeole en France ? Las, au printemps 2015, un groupe de jeunes Alsaciens non vaccinés en voyage à Berlin, ville où les mouvements anti-vaccination sont très présents, en reviennent avec le virus ; ils sont à l’origine d’une épidémie de plus de 200 cas, représentant les deux-tiers des cas français de l’année 2015. Ce chiffre repasse sous la barre des 100 en 2016 mais la maladie a ensuite regagné du terrain: 519 cas ont été déclarés en 2017, ayant occasionné 40% d’hospitalisations pour encéphalites ou pneumopathies sévères, des épidémies en crèches, écoles et services hospitaliers, ainsi que le décès d’une jeune fille sans antécédents médicaux, non vaccinée. L’année 2018 voit s’accentuer encore la recrudescence, avec 2702 cas cumulés à la date du 16 septembre, observés à 89% chez des sujets pas ou mal vaccinés, se soldant par 23% d’hospitalisations et 3 décès; la poussée épidémique se limite pour le moment à quelques départements (surtout méridionaux), mais la France n’est pas à l’abri d’extensions plus larges, comme celles observées ailleurs en Europe, en Italie ou en Roumanie: cette dernière a déclaré près de 15000 cas depuis 2016, qui ont provoqué au moins 55 décès.

Les limiers de la santé publique ont mené l’enquête sur le «patient zéro» français de l’épidémie de rougeole de 2015: on a vite trouvé que l’adolescent était scolarisé dans un établissement privé proche de Colmar, adhérent à la pédagogie Steiner. Et alors ? Des journalistes ont tendu leur micro à la sortie des classes : une mère avance que « la rougeole, ça fait grandir les enfants », un père préfère « laisser la nature faire», et un autre se place sur un registre plus scientifique en affirmant que « les maladies infantiles permettent de renforcer les défenses immunitaires naturelles de l’enfant, c’est un choix aussi155 ! » L’école est rapidement fermée par les autorités compétentes puis mise en quarantaine, et n’y reviendront que les enfants vaccinés ou immunisés «naturellement » par le virus qui vient de les frapper. Plus de la moitié des enfants inscrits dans cette école n’étaient pas vaccinés contre la rougeole, même si beaucoup de parents, se pliant à la loi, avaient assuré les trois vaccins alors obligatoires en France (diphtérie, tétanos et polio).

Lien direct vers la boutique Amazon : ICI

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !