6 mois dans le noir à -70 degrés : comment survivent ceux qui passent l’hiver en Antarctique <!-- --> | Atlantico.fr
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Une partie de la base américaine Amundsen-Scott
Une partie de la base américaine Amundsen-Scott
©Reuters

Coup de froid

Chaque hiver, les scientifiques du pôle sud sont coupés du monde pendant plusieurs mois, dans l'obscurité la plus totale.

Entre octobre et février, l'Antarctique grouille de monde. La cinquantaine de bases scientifiques fait le plein et les touristes visitent le continent pour profiter des journées de soleil de 24h. Mais à partir de février, le temps s'arrête. Les températures chutent, les touristes repartent et la plupart des chercheurs suivent le mouvement.

Mais dans certaines bases du pôle sud, l'hivernage se prépare. Sur la dernière terra nullius de la planète (territoire qu'aucun Etat ne peut revendiquer), des scientifiques s'apprêtent à vivre coupés du monde, sans ravitaillement, sans soleil et dans les conditions climatiques les plus extrêmes de la Terre : en moyenne – 70 degrés Celsius avec des pointes dans certaines régions à -90 degrés.

A cette époque de l'année, les transports ne peuvent plus atteindre cette vaste étendue glaciaire qui regroupe 70% de l'eau douce de la planète. "Le dernier avion décolle mi-février au plus tard" raconte Christophe Leroy-Dos Santos, un chercheur parti sur la base Française Concordia en 2012. Après cette date, le kérosène risque de geler. Et n'espérez pas prendre le bateau qui serait alors bloqué dans les glaces polaires. Les chercheurs sont seuls, dans l'obscurité la plus totale puisque l'inclinaison de la Terre coupe tout contact avec le soleil pendant l'hiver austral.

A cette période, une trentaine de bases est encore active. Celles du littoral ou des îles avoisinantes, au climat plus clément, peuvent compter jusqu'à 250 personnes comme celle de McMurdo, grande comme un village où travaillent des scientifiques américains. Sa petite sœur Amundsen-Scott, la plus proche du pôle sud ne compte que 50 personnes en hiver. La base française Concordia ne garde que 13 personnes par an.

Et pour ces grappes d'hommes et femmes qui maintiennent les bases en vie durant les long mois d'hiver, il faut généralement se préparer comme des astronautes. Sans soleil, le corps humain n'a pas sa dose de vitamine D, et la principale conséquence de cette carence, c'est l'apparition d'épisodes de dépression. Sur Amundsen-Scott, certains ont d'ailleurs leur lampe personnelle pour se recharger en lumière, raconte le site The Atlantic. Lorsque un voyage scientifique se prépare, environ un tiers des candidats est recalé après une visite médicale et un entretien psychologique poussé.

Le but, c'est d'être capable de survivre en milieu clos, dans un environnement hostile et sans réellement d'intimité. "Vous vivez et vous travaillez dans des petits quartiers donc le problème n'est pas vraiment la solitude" explique Peter Rejcek, éditeur de The Antarctic Sun. Tout ce petit monde doit surtout maintenir la base en état. En 2005, la mission d'hiver de Concordia avait comme chef de mission…. Un plombier-chauffagiste. A côté des scientifiques, on retrouve donc des électriciens, de soudeurs et des médecins. Car si la déprime est passagère, un accident plus grave serait dramatique. L'hôpital, le plus proche se trouve sur les îles Malouines, à 1000 km au nord. "Les accidents les plus communs sont mineurs", explique Poly Penhale, qui s'occupe du département santé des stations américaines. "Sur place, nous sommes à la fois médecins généralistes, dentistes, pharmaciens, radiologues, biologistes, anesthésistes, chirurgiens, médecins du travail..." insiste Béatrice Laudet, médecin des Terres Australes. Limiter les mouvements, respirer consciencieusement… autant de gestes qui doivent devenir naturels lorsque le personnel est de sortie.



Et pour s'occuper pendant les rares heures que leur travail leur laisse, les scientifiques ont accès, selon les bases, à plus ou moins d'activités. Librairie, salle de gym et l'inévitable sauna, qui permet à certains de tenter une expérience unique : un différentiel de 300 degrés Fahrenheit (soit 180 degrés Celsius). Dix minutes dans le sauna puis une petite course nu dans la neige. Ceux qui expérimentent ça font ensuite partie du très select "club des 300". Après cela, ils peuvent se réchauffer au Club 90 South, un des rares bars du continent dans la base d'Amundsen-Scott.

Sur Concordia, on s'occupe avec une table de ping-pong, un billard, un baby-foot et même une console de jeux. Le site de l'Institut polaire français recommande d'ailleurs aux hivernants de "ramener des déguisements" pour les quelques soirées organisées. La vie n'est décidemment pas simple en Antarctique.

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