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50 000 migrants arrivés par mer en Europe depuis le début de l’année : la crise migratoire se résorbe
©Reuters

Retour à la normale

Depuis le début de l'année, les flux migratoires ont retrouvé leur nature structurelle, suite au tarissement de ceux passant par la Méditerranée orientale.

Atlantico : Selon les chiffres publiés par l'ONU ce 12 mai, la barre des 50 000 migrants arrivés par la mer aurait été franchie, soit une baisse substantielle comparativement à l'année passée (187 000 sur la même période). Comment expliquer une telle variation ?

Laurent ChalardCette diminution, par rapport au début de l’année précédente, du nombre de migrants arrivant en Europe par la mer Méditerranée dans les premiers mois de l’année 2017 s’explique, tout simplement, par le fait que nous étions encore, début 2016, dans la phase finale de la crise migratoire syrienne. Les volumes de migrants traversant la Méditerranée par la route de la Méditerranée orientale, c’est-à-dire entrant sur le continent européen par la Grèce, demeuraient alors importants. Depuis le printemps 2016, nous sommes revenus à des niveaux de nombre de migrants sensiblement moindres, qui relèvent beaucoup plus d’un flux structurel, produit du décalage de niveau de développement de part et d’autre de la Méditerranée, que d’un flux conjoncturel, lié à des problèmes géopolitiques, comme ce fut le cas avec la crise des réfugiés syriens entre mi-2015 et début 2016. En effet, en 2017, les flux passant par la Méditerranée orientale se sont taris, le flux principal correspondant, de nouveau, à la route de la Méditerranée centrale, c’est-à-dire que les migrants pénètrent en Europe depuis l’Afrique par l’Italie.

Peut-on en déduire que la crise des migrants touche à sa fin ? Comment comparer de tels flux par rapport aux périodes antérieures au conflit syrien ? Le niveau des flux actuels ne serait-il pas sinon le signe d'un succès des moyens mis en place par les Européens ? 

La crise conjoncturelle des migrants syriens a déjà pris fin depuis plus d’un an ! Maintenant, nous avons affaire à des flux structurels, qu’il est beaucoup plus compliqué d’endiguer car ils s’inscrivent dans le temps long. En effet, en extrapolant les volumes constatés début 2017, le volume global de l’année pourrait, en mer Méditerranée, approcher les 200 000 migrants. Ce dernier chiffre peut se comparer aux volumes de migrants qui arrivaient avant la crise des réfugiés syriens, qui rappelons-le, a vu l’entrée de plus d'1 million de personnes en Europe en 2015. Par exemple, en 2014, 220 000 migrants sont arrivés en Europe par la mer Méditerranée. Nous sommes donc revenus à la situation antérieure à la crise des réfugiés syriens.

Les dirigeants européens n’ont, jusqu’ici, pas trouvé de remède miracle à un phénomène qui repose essentiellement sur des écarts de développement considérables entre les pays européens et les pays africains, dans un contexte de dynamique démographique différenciée, une Europe vieillissante, dont la population se contracterait sans immigration, et une Afrique disposant de surplus de population importants dans un contexte de développement économique qui demeure insuffisant. Les seuls moyens utilisés, pour l’instant, sont essentiellement des moyens coercitifs, qui ne règlent pas le problème à long terme. Par ailleurs, concernant la route de la Méditerranée centrale par laquelle passent majoritairement les migrants "structurels", tant que la Libye se situera dans une situation politique chaotique, les flux par cette route continueront. 

A moyen ou long terme, quels sont les réels enjeux migratoires auxquels l'Europe devra faire face ?

L’Europe va faire face à deux défis.

Le premier, d’ordre démographique, est d’essayer, à partir d’éléments réalistes reposant sur une bonne connaissance des données statistiques des pays de départ et des moteurs de l’immigration clandestine vers l’Europe, de quantifier quels seraient potentiellement le volume de migrants structurels au cours des prochaines décennies, dans l’optique de déterminer si ces flux ont vocation à se stabiliser, augmenter ou se réduire. A l’heure actuelle, personne ne peut répondre de manière sérieuse à cette question, qui ne relève pas uniquement de facteurs démographiques (ce n’est pas parce que l’Afrique connaît une forte croissance de sa population que les flux vont forcément augmenter, les choses ne sont pas si simples !).

Le second défi, une fois le premier relevé, sera d’adopter une politique permettant, soit d’accompagner ces flux migratoires si leur volume paraît raisonnable en termes statistiques par rapport aux capacités d’accueil du continent européen, soit de les limiter par divers moyens si leur volume apparaît beaucoup trop important par rapport aux capacités d’accueil de l’Europe.

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