2021, l’été des phénomènes météo extrêmes : le dérèglement climatique dépasse les prédictions des modèles scientifiques <!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo prise le 15 juillet 2021 montre des voitures endommagées dans une rue inondée de la ville belge de Verviers, après de fortes pluies et des inondations qui ont frappé l'Europe.
Une photo prise le 15 juillet 2021 montre des voitures endommagées dans une rue inondée de la ville belge de Verviers, après de fortes pluies et des inondations qui ont frappé l'Europe.
©François WALSCHAERTS / AFP

Climat

Inondations torrentielles catastrophiques pour la deuxième fois en 10 jours en Belgique, vague de chaleur extrême sur l’Amérique du Nord, méga incendies…, ce qui se passe sur la planète semble aller plus vite que ce à quoi s’attendaient les experts climatiques.

Jean Jouzel

Jean Jouzel

Directeur de recherches au CEA et directeur de l'Institut Pierre-Simon-Laplace jusqu'en 2008, il est membre de l'Académie des sciences.

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Atlantico : Cet été les conditions climatiques ont été extrêmes. Des pluies torrentielles se sont abattues en Europe, un dôme de chaleur s’est installé en Amérique du Nord et en Sibérie, les feux de forêts ont ravagé la forêt. Les climatologues ont-ils été surpris par l'ampleur des événements ? Cette situation a-t-elle bousculé les modèles établis ces dernières années ?

Jean Jouzel : Cet effet surprise est à nuancer. Nous pouvons dire que les modèles atmosphériques ont correctement anticipé cette situation dès le troisième rapport du GIEC au début des années 2000, mais que les événements récents ont tout de même surpris par leur intensité. Les modèles n’arrivent pas à simuler les sauts de températures en cours comme l’ augmentation de 4 degrés que connait le Canada. Les simulations arrivent à prédire une moyenne, mais certaines situations extrêmes sont difficiles à prévoir surtout lorsqu’il s’agit de météo et non de climat.

Robert Vautard, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l’Environnement, a exprimé sa surprise par rapport au saut de plusieurs degrés. D’ailleurs il a confié au Figaro que « la science sous-estime «l'intensité» des canicules ». Actuellement à l’échelle planétaire, le grand nord se réchauffe plus vite que les latitudes moyennes. La différence de température entre les hautes latitudes et les moyennes et basses diminue.

À cause du réchauffement climatique, le jet stream (NDLR : courant d’air qui parcourt la Terre et qui influe sur le climat) devient plus sinueux. Quand il est tiré des deux côtés de la planète de façon très forte, il a tendance à être droit mais quand il est tiré moins fort, comme actuellement, il devient sinueux. Les masses dair deviennent alors des boucles se dirigeant vers le nord, elles stagnent alors dans ces zones libérant ainsi des pluies torrentielles. Il ne sagit pas du même principe pour les moussons.

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Le climatologue Michael E. Mann regrette que les modèles actuels ne tiennent pas compte de la modification du jet stream. Les modèles actuels prévoient l’intensification d’événements extrêmes, mais il y a eu une surprise à ce propos et clairement une meilleure connaissance du jet stream est nécessaire.

Actuellement l’anticipation de la modification du jet stream ne fait pas consensus. Elle demande a être améliorée. Des événements comme ceux que l’on a connus ont une même causalité entre le dôme de chaleur du Canada et le dôme de pluie. Les modélisateurs, surpris, vont les prendre en compte pour les prochaines années.

Qu’en est-il du dôme de chaleur ?

Du point de vue simplement météorologique, il faut comprendre que ce dôme de chaleur est créé par une stagnation des masses d’air dans une région donnée. Cela produit de fortes chaleurs avec des températures extrêmes surpassées. Il s’agit du même phénomène lors des inondations. Ce sont des masses d’air riches en eau qui restent sur une région donnée pendant une très large période.

La météo va-t-elle être mieux prise en compte lors des prochaines prédictions ?

Espérons que des modèles météo pourront tourner sur une période donnée. Actuellement, lorsque l’on regarde les prédictions des moussons tout est prévu dans les grandes lignes, mais dans le détail cela ne l’est pas. Les événements dépassent tout ce qui est prévu, mais la qualité des prédictions progresse. Les spécialistes des événements extrêmes y travaillent.

Lors des prochaines années, les modélisateurs vont essayer de comprendre et de confronter leur travail avec la réalité. Ils affinent leurs projections pour pouvoir comprendre les extrêmes du changement climatique qui se font de plus en plus réels. La recherche est en marche et les chercheurs sont conscients que les extrêmes vont devenir de plus en plus extrêmes au fur et à mesure des années. La science des événements extrêmes va s’affiner.

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