2013 : ce qu'il faudrait faire pour éviter les pièges économiques<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Economie
2013 : ce qu'il faudrait faire pour éviter les pièges économiques
©

Pronostics

Quel pronostic économique pour 2013 ? Patrick Artus s'est prêté au jeu de la prévision. Au programme : une zone euro en récession et un recul de l'investissement même en Allemagne. Quatrième volet de notre série sur les perspectives économiques de l'année à venir.

Patrick Artus

Patrick Artus

Patrick Artus est économiste.

Il est spécialisé en économie internationale et en politique monétaire.

Il est directeur de la Recherche et des Études de Natixis

Patrick Artus est le co-auteur, avec Isabelle Gravet, de La crise de l'euro: Comprendre les causes - En sortir par de nouvelles institutions (Armand Colin, 2012)

Voir la bio »

L’économie mondiale commence l’année 2013 avec de multiples handicaps : crise de la zone euro, ralentissement de la croissance des pays émergents et du Japon, politique budgétaire restrictive aux Etats-Unis, au Royaume-Uni. On pourrait « rêver » que face à ces difficultés les politiques économiques menées dans le monde deviennent plus efficaces et plus coopératives : changement de stratégies dans la zone euro, pacte de non-agression par les taux de change, coordination d’une relance économique mondiale dans les pays où des marges de manœuvre existent.

On doit être inquiets pour la situation de l’économie mondiale en 2013, avec un ralentissement de la croissance qui est général, et qui se voit déjà avec le recul de 5% en un an du commerce mondial en valeur. La zone euro va être en récession, avec les politiques budgétaires restrictives, le recul des salaires réels en dehors d’Allemagne, le recul de l’investissement même en Allemagne en raison de la faiblesse de la demande anticipée.

Les grands pays émergents et le Japon sont en difficulté : perte de compétitivité en Chine et signes de désindustrialisation, comme le recul de 14% sur un an des importations de biens d‘équipement, avec les fortes hausses de salaires ; goulots d’étranglement multiples en Inde, sur le marché du travail, pour l’énergie qui conduisent à la stagnation de l’industrie ; surévaluation du taux de change et désindustrialisation au Brésil ; destruction de capacité de production avec le tsunami et excès d’épargne des entreprises au Japon. Ceci entraîne en croissance faible ou en récession beaucoup de pays émergents d’Asie et d’Europe Centrale : Corée, Taïwan, Singapour, Turquie, Pologne, Hongrie, République Tchèque, Slovénie, Roumanie…

Enfin, le durcissement de la politique budgétaire au Royaume-Uni et aux Etats-Unis va ralentir les économies.

Face à ces mauvaises nouvelles, on pourrait rêver que le Monde s’organise et mette en place des politiques économiques plus efficaces et coopératives. Donnons trois exemples importants. Les autorités européennes pourraient comprendre que la stratégie mise en place dans la zone euro est un échec, conduit à une impasse. La perte d’activité et la montée du chômage dues aux politiques budgétaires restrictives et au recul des salaires réels ne sont pas une étape vers une amélioration des économies des pays de la zone euro dans le futur ; au contraire, on voit que les déficits publics ne se réduisent plus ou même s’aggravent entre 2011 et 2012, en Espagne, en Italie, en France, aux Pays-Bas, et que la capacité d’offre des économies se dégrade puisque l’investissement productif recule et que les entreprises détruisent des capacités de production, à un rythme très rapide, 6 à 10% par an, dans l’industrie en Espagne, en Italie, au Portugal, en Grèce.

Il faudrait donc avoir le courage de passer dans la zone euro à une stratégie différente qui privilégierait le soutien à la croissance de long terme, avec des investissements dans l’énergie, dans les infrastructures, dans l’éducation financés par l’Europe, alors qu’aujourd’hui les investissements publics reculent, et qui ne reprendrait la réduction des déficits publics qu’une fois la croissance repartie.

Le second rêve serait que les grands pays cessent d’essayer d’améliorer leur situation économique au détriment des autres pays en dépréciant leur taux de change. Un des objectifs clairs, sinon explicites, des politiques monétaires très expansionnistes menées aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, et à nouveau au Japon, est de déprécier les taux de change, ce qui commence à avoir quelques effets sur le dollar et le yen ; la Chine accumule à nouveau des réserves de change pour empêcher l’appréciation du RMB. Les perdants de ces politiques sont connus : la zone euro qui n’a pas de politique de change, les pays émergents qui ne pensent pas empêcher l’appréciation de leur devise vis-à-vis du dollar, par exemple Brésil et dans la période récente Corée.

Le troisième rêve enfin serait que, puisque la croissance mondiale ralentit, les pays qui en ont la possibilité mènent des politiques de soutien de leur demande intérieure afin de stimuler de manière coopérative l’économie mondiale. Il s’agit des pays ayant des excédents extérieurs, des dettes publiques faibles leur permettant d’accroître leurs déficits publics, des taux de profit des entreprises élevés leur permettant d‘accroître les salaires, donc en particulier l’Allemagne, les pays exportateurs de pétrole, la Chine, en ce qui concerne les déficits publics ; le Japon, en ce qui concerne les salaires.

Mais ne rêvons pas : il est très peu probable en réalité que la zone euro sorte de la stratégie d’austérité ; que les pays renoncent à utiliser le taux de change comme arme de politique économique ; que les pays disposant de marge de manœuvre relancent substantiellement leur économie.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !