"Merci l’austérité" : le Royaume-Uni oppose le rebond de sa croissance aux inquiétudes du FMI tout en oubliant les 23% de PIB de relance monétaire qu’il a menée en parallèle<!-- --> | Atlantico.fr
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"Le FMI semble avoir sous-estimé l’impact de la relance monétaire mise en place en Grande Bretagne."
"Le FMI semble avoir sous-estimé l’impact de la relance monétaire mise en place en Grande Bretagne."
©Reuters

Bisque bisque rage

Le FMI revoit à la hausse ses prévisions de croissance pour le Royaume-Uni. L'austérité fonctionne-t-elle ou le FMI aurait-il sous-estimé l'impact de la relance monétaire pratiquée par le pays, soit 23 % de son PIB ?

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Après que le FMI a relevé ses prévisions de croissance 2014 pour le Royaume-Uni, les chiffres de l’emploi publiés le 22 janvier ont pu faire état d’une baisse substantielle du taux de chômage, qui atteint ainsi le niveau de  7.1 % de la population active. Et ce comparativement à la moyenne de 12.1 % en zone euro. Il est à noter que les prévisions antérieures du FMI faisaient part de réserves sur la croissance du pays, en raison des mesures d’austérité mises en place par le duo David Cameron et George Osborne. Ces mesures d’austérité budgétaire devaient impacter fortement la croissance. Il n’en est rien et les prévisions laissent entrevoir une progression de 2.4 % du PIB pour l’année 2014. Le FMI semble avoir sous-estimé l’impact de la relance monétaire mise en place en Grande Bretagne.

Car si un mot semble bien éloigné de la politique de David Cameron, c’est bien celui de l’austérité. Cette approche qui consiste à baisser le niveau de dépenses publiques, à s’engager à la mise en place de baisses d’impôts, n’aura été possible que grâce au soutien indéfectible de la banque d’Angleterre. Les réductions budgétaires ont en effet été plus que compensées par les différents plans de relance de Mervyn King en premier lieu, mais surtout par l’approche de Mark Carney, fraichement arrivé de la Banque du Canada en juillet dernier, et ayant pour le moment réalisé un sans-faute. En tout, ces plans représentent 375 milliards de £, soit plus de 20 % du PIB du pays.

Ce « néo »-« néo-libéralisme », inspiré notamment de Milton Friedman pour la voie monétaire, et d’une doctrine plus classique de l’offre représente bien le grand tournant des politiques publiques de ces derniers mois. En constatant que la crise de 2008 était bien une crise de la demande, ne pouvant être traitée que par la voie monétaire et non par une nouvelle accumulation de dettes, différents gouvernements sont parvenus à maitriser leurs dépenses tout en ne sacrifiant rien à la croissance et à l’emploi. Il s’agit ici principalement des Etats Unis et du Royaume Uni, mais également du Japon.

Malgré les grands cris de certains opposants, aucun de ces pays n’aura subi d’accélération de son taux d’inflation. Et ceci pour une raison simple, pour que l’inflation devienne une menace, il faudrait que ces différents plans de relance perdurent au-delà du moment où le plein emploi sera atteint. Ce qui n’est bien évidemment pas encore le cas.

De la même façon que l’Allemagne a pu bénéficier d’une croissance nominale de 4 % en zone euro lors de la mise en place de ses réformes de 2005, les gouvernements libéraux s’orientent dans la même direction : relance de la croissance nominale et réformes de l’offre simultanée. Il est regrettable de constater que ni l’Allemagne, ni ses partenaires européens ne veulent prendre conscience de l’étreinte actuelle exercée par la BCE sur le niveau de croissance nominale de la zone. Cet étau empêche toute amélioration sur le front de l’emploi, et réduit toute marge de manœuvre pour s’attaquer aux nécessaires économies budgétaires.

La question se pose ainsi ; est-il préférable, à l’instar des Etats-Unis, d’avoir un taux de chômage de 7.00 % et une inflation à 1.5 %, ou, comme en Europe, d’avoir un taux d’inflation de 0.8 % et un taux de chômage de 12.1 % ? Il n’est pas inutile de rappeler que dans le même temps, les réductions budgétaires américaines ont été plus importantes qu’en Europe, et ce justement parce que la croissance ainsi générée le permettait. Pour le moment, la zone euro ne semble pas prêter l’oreille à cette réalité.

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