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 Les cartes de la discorde: quand Google Maps déchaîne les passions (et déclenche même une guerre)
©Capture d'écran

Géopolitique incongrue

Frontières disputées, pays qui disparaissent ou encore terminologie sujette à polémique, le service de cartographie de Google est bien plus problématique que ce que l'on pourrait croire.

L'importance (l'omniprésence devrait-on même dire) de Google sur Internet n'est plus à démontrer. Ses outils – Gmail pour les emails, Youtube pour la vidéo, Android pour les mobiles - sont extrêmement populaires et sont utilisés par des millions de personnes autour du monde. Cette popularité est telle qu'elle peut parfois se transformer en responsabilité. Les choix du géant du Web ne passent jamais inaperçus, et son "influence géopolitique" (souvent à ses dépends) est particulièrement visible dans son application de cartographie, Google Maps, qui touche directement à une corde sensible pour beaucoup de pays : leurs frontières.

Voici quelques cas qui illustrent la face controversée de Google Maps :

1) Quand la Géorgie disparaît

Source Foreign Policy

Si jamais vous avez essayé de faire une recherche de la Géorgie sur Google Maps en 2008, vous vous êtes probablement aperçus que vous ne pouviez voir qu'un pays "tout blanc", comme nous le rappelle Foreign Policy. Certains ont prétendu que Google avait enlevé des informations dans le but de rester neutre durant la crise entre la Géorgie et la Russie – après  plusieurs nuits d'accrochages avec des milices séparatistes, la Géorgie avait envahi l'Ossétie du sud ce qui avait entraîné immédiatement la riposte russe. Google a démenti.

2) Faites disparaître ce "Golfe arabe" que je ne saurais voir

La mer qui sépare l'Iran des pays du golfe est sujet à controverse depuis que ces derniers ont commencé à appeler le Golfe Persique – le nom de cette mer intracontinentale depuis l'Antiquité, et son nom officiel selon l'ONU – le Golfe Arabique. Google a choisi de s'y référer ainsi (en anglais, puisque les noms sont soient en anglais soit dans la langue vernaculaire dans Maps) : Persian Gulf (Arabian Gulf). L'Iran a lancé une pétition en 2008 afin que Google arrête d'utiliser l'expression Arabian Gulf. Sans succès pour l'instant, comme nous l'indique Business Insider.

3) Chine et Inde : ménager la chèvre et le chou

Source Business Insider

La Chine et l'Inde disposent de nombreuses frontières conflictuelles. Plutôt que de prendre parti, Google a trouvé un système assez malin : il offre des cartes différentes en fonction de la région, que vous renseignez dans le moteur de recherche. Sur la photo, on voit à gauche ce que vous pouvez voir sur le Google indien et sur la droite sur le Google chinois. Il faut également ajouter que l'Inde a porté plainte contre Google car le concours que ce dernier avait organisé "Mapathon 2013" aurait pu avoir des conséquences sérieuses sur la sécurité du pays, comme le note Le Figaro.

4) Les fois où Google Maps a failli déclencher une guerre

Il est difficile d'imaginer l'impact que Google Maps peut avoir. Pourtant le service de cartographie a failli entraîner un conflit entre deux pays. Et même plusieurs fois, comme nous l'apprend l'article très complet de l'ENS Lyon ! En 2010, un commandant du Nicaragua a déclaré à un journal qu'il avait conduit un raid à l'intérieur du territoire costaricain après avoir regardé la frontière (disputée) sur Google Maps. Apparemment, la fameuse frontière était erronée de 2,7 kilomètres. Après une plainte du gouvernement du Costa Rica, Google a mis à jour sa carte.

En 2010, toujours, le Secrétaire d'Etat du gouvernement cambodgien a écrit une lettre au géant de Mountain View pour lui dire que "la carte est dénuée de véracité et de réalité, et professionnellement irresponsable, sinon prétentieuse". Le problème touchait à la souveraineté d'un temple du XIe siècle au centre de revendications nationalistes du Cambodge et de la Thaïlande. Pour information, le service de cartographie de Microsoft, Bing Maps, place bien le temple côté thaïlandais, mais indique en infobulle qu'il appartient au Cambodge...

5) Les Favelas ne sont pas forcément ce que le Brésil veut mettre en avant

Source Telegraph

Comme nous l'apprend le Telegraph, dans une ancienne version de Maps, les Favelas (les quartiers pauvres) de Rio de Janeiro étaient représentées de façon proéminente. Ce qui n'a pas plu à la ville qui va organiser les futurs Jeux Olympiques et Coupe du Monde... Alors Google a fait une petite mise à jour et désormais même la plus importante des favelas - Rocinha et ses 60 000 habitants - est presque devenue invisible...

Le service de cartographie de Google n'entraîne (et heureusement !) pas que des conflits interétatiques et des controverses géopolitiques... Google Maps a ainsi permis à un enfant chinois - kidnappé alors qu'il était enfant - de retrouver ses parents ! Grâce à quelques vieux souvenirs de deux ponts du petit village de Guagan et l'aide d'un service de l'Etat, le jeune homme de 23 ans a réussi à retrouver sa famille rapporte Slate.fr. Ou comment la révolution Internet rejoint le conte de fée.

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