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"Le Sympathisant" : la guerre du Vietnam au "taupe niveau"
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Serge Bressan pour Culture-Tops

Serge Bressan est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).

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LIVRE
« Le Sympathisant » 
de Viet Thanh Nguyen
Ed. Belfond
504 pages
23,50 €.
RECOMMANDATION : EXCELLENT
THEME
              Dès le début, un texte imposant qui pose l’affaire : « Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double », explique le personnage principal qui va emmener le lecteur de Saigon en 1975 au Los Angeles des années 1980. Il y a, dans « Le sympathisant », de la fresque, de la reconstitution historique ; de l’œuvre politique aussi dans la confession d’un homme qui ne dira jamais son nom. On va savoir, on va comprendre qu’il n’a pas de racines, qu’il est un bâtard (on le surnomme « demi-citron ») né en Indochine coloniale d'un père français, homme d’église, et d'une mère vietnamienne, qu’il est capitaine loyal au service d'un général de l'armée du Sud Vietnam,… et qu’il est également un agent double au service des communistes du Nord Vietnam. 
Double identité, exil, drames, nouvelle vie dans un petit Vietnam au soleil de Los Angeles là où il deviendra même un personnage important à Hollywood… 
« Le sympathisant », c’est l’histoire d’un homme que même l’amour d’une femme ne saura détourner de son idéal politique.
POINTS FORTS
-La guerre du Vietnam vue d’un angle nouveau avec le parcours d’une taupe prête à tout pour sauver sa peau.
-Le mélange des genres littéraires. Viet Thanh Nguyen jongle à la perfection avec le roman d’espionnage, le roman de guerre et le roman politique. Sans oublier le roman de l’exil.
-A mon humble avis, la plus belle découverte littéraire et romanesque de cette année 2017.
-Un roman aussi réaliste qu’électrique…
POINTS FAIBLES
La partie du roman où l’auteur critique le monde et les us et coutumes de Hollywood n’est pas au niveau du reste du « Sympathisant ». Le regard de Viet Thanh Nguyen est par trop convenu…
EN DEUX MOTS
         La guerre du Vietnam au « taupe niveau ». Avec « Le sympathisant », son premier roman, le Vietnamo-Américain Viet Thanh Nguyen signe un grand livre de guerre. Mais aussi d’espionnage et de politique. 
D’emblée, il se place au niveau de maîtres du genre, comme Antônio Lobo Antunes.
UN EXTRAIT
Ou plutôt deux:
- « Je suis un espion, une taupe, un agent secret, un homme au visage double. Sans surprise, peut-être, je suis aussi un homme à l’esprit double. Bien que certains m’aient traité de la sorte, je n’ai rien d’un mutant incompris, sorti d’une bande dessinée ou d’un film d’horreur. Simplement, je suis capable de voir n’importe quel problème des deux côtés. Parfois je me flatte d’y reconnaître un talent ; modeste, certes, mais c’est peut-être le seul talent que je possède ».
- « Le mois dont je parle, c’est le mois d’avril, le plus cruel de tous. Un avril au cours duquel une guerre qui durait depuis très longtemps finit par s’épuiser, comme toutes les guerres. Un avril qui changea tout pour les habitants de notre petite partie du monde et rien pour la plupart des habitants du reste du monde. Un avril qui fut à la fois la fin d’une guerre et le début de… La « paix » n’est pas le bon mot, n’est-ce pas, cher commandant ? »
L'AUTEUR
Né le 13 mars 1971 à Buôn Ma Thuột (Viet Nam), Viet Thanh Nguyen est un écrivain américain. A 4 ans, il a quitté le Viet Nam avec ses parents- il fut un « boat people »-, et rejoint l’Amérique en cargo. Réfugiée dans un camp en Pennsylvanie, la famille Nguyen s’est installée ensuite en Californie. Jeune homme, il a étudié à Berkeley, est devenu professeur associé à l'université South California, rédige de temps à autre des chroniques culturelles pour le « Los Angeles Times »  tout en se lançant dans l’écriture de son premier roman, « Le Sympathisant »- prix Edgar Allan Poe du meilleur premier roman et prix Pulitzer de la fiction, et traduit à ce jour en vingt-cinq langues. 
La critique U.S. n’a pas hésité à le comparer à Graham Greene, John Le Carré et Saul Bellow. 
Il a également écrit deux essais, à ce jour non traduits en français : « Race and Resistance: Literature and Politics in Asian America » (2002) et « Nothing Ever Dies: Vietnam and The Memory of War » (2016).

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