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"Le Récit National : Une querelle Française" : intéressant mais pas tout à fait à la hauteur de son titre
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Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon pour Culture-Tops

Danielle Mathieu-Bouillon est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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LIVRE

Le Récit National : Une querelle Française

 de Jean-Noël Jeanneney

Ed. Fayard 

393 pages

RECOMMANDATION : BON

THEME 

Il s’agit en fait d’un florilège des émissions de France Culture « Concordance des Temps », consacrées à l’histoire. Jean-Noël Jeanneney dialogue avec un historien sur un sujet donné. On retrouve écrit  ce qu’il fut plaisant  d’entendre, voici quelques années sur France Culture. C’est le seul réel point commun d’une quinzaine de sujets divers, ayant eu souvent des rapports avec l’actualité récente. Les différents symboles de notre république y tiennent une grande place ainsi que les multiples approches du sentiment national.

POINTS FORTS

1 - Même s’il est difficile de se concentrer sur chacun des quinze thèmes abordés, le propos du livre tente de clarifier le sentiment d’appartenance à la nation française, selon divers accès, depuis « La quête sans fin de nos origines », les secrets de nos emblèmes, comme l’histoire de notre drapeau national ou la fête du 14 juillet. Chacune des émissions transcrites apporte le point de vue intéressant d’un historien, dans un dialogue avec Jean-Noël Jeanneney.

2 - Au-delà de la révolution de 1789, un grand chapitre est consacré à la révolution de 1848 et ses répercussions extérieures. J’ai apprécié les  réflexions sur la fraternité, notion véritablement apparue politiquement en 1848, avec une grande influence sur d’autres terres européennes, et fus particulièrement touchée par la citation du discours de Léon Blum pour le centenaire de cette révolution, écrit sur un ton un peu crépusculaire.

3 - Il est assez passionnant de redécouvrir le contexte douloureux de la loi séparant l’Etat de l’Eglise, en un moment où la question de laïcité est devenue cruciale, en raison de l’intégration de l’Islam. La loi de 1905 est ici expliquée très clairement par René Rémond. Le chapitre qui lui est consacré « 1905 : laïcité rayonnante », avec notamment l’allocution de Jean Poperen, au moment de la venue du Pape Jean-Paul II en France lors des cérémonies du baptême de Clovis, apporte de précieuses lumières sur ce qui fut un problème douloureux, reflet de la division les français.

4 – Le portrait de Jules Ferry, établi avec le concours de Mona Ozouf, est particulièrement intéressant, car il précise une personnalité complexe qui n’obtint pas toujours, en son temps, l’adhésion que l’on suppose. Les propos sur le colonialisme sont particulièrement précieux, car ils démontrent une sorte de foi en notre apport de civilisation, bien lointain des repentances actuelles. Ces réflexions, mises en perspective, donnent à réfléchir et à éviter de « jeter le bébé avec l’eau du bain », dans le manichéisme de rigueur aujourd’hui.

POINTS FAIBLES  

On peut être un peu dérouté en lisant les premières pages, mais, en plongeant résolument dans le livre, on est finalement intéressé par les propos successifs, souvent riches de détails et de précisions qui ne peuvent que passionner les férus d’histoire dont je fais partie. Néanmoins, on reste un peu sur sa faim ; car ce ne sont pas des clefs essentielles d’un « Récit national », comme le titre le laissait entendre.

EN DEUX MOTS 

Dans ce livre « patchwork historique », j’ai appris beaucoup de choses auxquelles je ne m’attendais pas. Donc, c’est là son véritable objet que d’analyser des faits dans leurs détails. Les points communs tournent plutôt autour de l’identité nationale; le concept de nation, s’étaye sur un argumentaire post révolutionnaire, sans oublier l’apport du gaullisme avec la symbolique du 18 juin, puis les fondements de la Vème République astucieusement traités.

UN EXTRAIT : 

« Si les dialogues, ici rassemblés, contribuaient à démontrer, que, décidément, utiliser l’Histoire comme le meilleur apprentissage de l’esprit critique n’est incompatible ni avec le patriotisme, ni avec la lucidité, ni avec les choix de la raison restitués dans le long terme, au profit de la sagesse des citoyens qui fait vivre la démocratie, je ne regretterais pas de les avoir réalisés, grâce à France Culture, et proposés ici à qui voudra. » (Page 375)

L’AUTEUR

Jean-Noël Jeanneney, professeur émérite des universités à l’Institut d’études politiques de Paris, a présidé Radio-France, la Mission du Bicentenaire de la Révolution et la Bibliothèque nationale de France. Il a appartenu à deux gouvernements de François Mitterrand (1991-1993).

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