"La fille de neige" : respectueux, pertinent, somptueux, enthousiasmant<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Culture
"La fille de neige" : respectueux, pertinent, somptueux, enthousiasmant
©REUTERS/Lee Celano

Atlanti-culture

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet pour Culture-Tops

Dominique Poncet est chroniqueuse pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
Voir la bio »
OPERA
« LA FILLE DE NEIGE » 
DE NIKOLAÏ RIMSKI-KORSAKOV
MISE EN SCÈNE: DIMITRI TCHERNIAKOV
DIRECTION MUSICALE: MIKHAIL TATARNIKOV
INFO & RÉSERVATIONS
OPERA DE PARIS
PLACE DE LA BASTILLE
75012- PARIS
Réservations : 0892289090
www.operadeparis.fr
ATTENTION: dernière représentation, le 3 mai.
RECOMMANDATION : EN PRIORITÉ
THEME
 Inspiré d’une pièce d’Alexandre Ostrovski, elle même tirée d’un conte populaire, Sniegourotchka, (en français,La Fille de Neige ) fut l’opéra préféré de Rimski-Korsakov, qui en composa la partition et le livret.
  Il s’agit d’un conte à la fois panthéiste et fantastique qui se déroule dans une communauté paysanne installée à l’orée d’une forêt.
  Délaissée par  Dame Printemps et Père Gel, ses parents séparés depuis longtemps, Fleur de Neige est venue  chercher refuge dans cette communauté. Vivant désormais chez Bonhomme Bakoula et la Bonne Femme, la jeune fille va rencontrer Lel, un barde dont les chansons la hantent depuis longtemps. Pourtant, après moult péripéties, Lel lui préfèrera une autre jeune fille. Désespérée, Fleur de Neige finira par accepter l’amour de Mizguir, un homme très riche. Mais au moment de s’offrir à lui, le soleil va se lever et ses rayons la faire fondre. Personne ne songera à la pleurer, l’embrasement du Dieu soleil annonçant l’été et donc, plus fort que tout, le renouveau de la Nature… 
POINTS FORTS
- L’œuvre en elle même est « estomaquante ». Nous sommes ici dans un conte russe qui nous plonge dans les modes de vie ancestraux des paysans dont la vie était rythmée par les rituels des changements de saisons. C’est à  la fois empreint de paganisme, féérique, surnaturel, et en même temps, trivial et très humain. Pour ce livret d’exception, Rimski- Korsakov a conçu une partition ample et majestueuse. Ses sonorités en sont inouïes et ses mélodies, d’une richesse enchanteresse.
- Côté distribution, on ne pouvait rêver mieux. Tous les chanteurs seraient à citer. Faute de place, on se voit contraint de n’en citer que deux, le contre-ténor russe Yuriy Mynenko, qui compose un Lel superbe et surtout la jeune soprano, Aïda Garifullina, russe elle aussi, qui, silhouette de rêve, fragilité de cristal, voix pure et chant divin, rayonne idéalement dans le rôle-titre. Quels beaux débuts sur la scène de l’Opéra de Paris !
- Dans la fosse d’orchestre, un jeune chef de 38 ans venu de Saint-Petersbourg, Mikhail Tatarnikov, fait lui aussi des merveilles. Sa direction est d’une maîtrise impressionnante.
- A la fois sage, inventive, drôle quand le livret le permet, dramatique quand l’action l’exige, tout le temps d’une grande intelligence, la mise en scène de Dmitri Tcherniakov (qu’on a connu plus turbulent et plus iconoclaste), finit d’emporter l’enthousiasme suscité par cette soirée.
POINTS FAIBLES
Sauf  allergie à la musique romantique russe du XIX° siècle, on ne voit personne à qui ne pas recommander cette création. Elle est parfaite à tous les niveaux.
EN DEUX MOTS
 Dire qu’il a fallu cent trente cinq années à l’un des chefs d’œuvre de la musique lyrique russe pour faire son entrée au répertoire de l’Opéra de Paris ! Grâce soit rendue au « patron » actuel de cet établissement, Stéphane Lissner, d’avoir pris (enfin) la décision de cette entrée, et de l’avoir conçue comme cela,  dans son esprit et sa couleur originels, russe dans sa mise en scène, russe dans sa direction d’orchestre, russe dans son interprétation. C’est somptueux, pertinent, enthousiasmant.
UN EXTRAIT
« Je ne trahis jamais les œuvres, car dans la majorité des cas, je travaille sur des œuvres que j’aime, que je désire mettre en scène. Et s’il y a de l’amour, il n’y a pas de trahison ». Dmitri Tcherniakov.
LE COMPOSITEUR 
Nikolaï Rimski-Korsakov est l’un des compositeurs russes  parmi les plus importants de la fin du XIX° siècle, un des plus influents aussi, puisque de nombreux compositeurs, dont Debussy, Ravel et Stravinsky s’en prévaudront.
  Né le 18 mars 1844 à Tikhvine, près de Novgorod, le petit Nicolaï manifeste dès l’âge de six ans des dons pour la musique, mais il est contraint par sa famille d’entrer à l’école des cadets de la marine à Saint-Pétersbourg. Qu’importe ! Il prend parallèlement des cours de piano et découvre l’opéra, notamment à travers les œuvres de Glinka. Il se lie assez rapidement avec d’autres compositeurs, dont Modeste Moussorgski, Mili Balakirev, Alexandre Borodine et César Cui, avec lesquels il formera le groupe des Cinq, qui prônera une musique basée avant tout  sur les traditions populaires russes.
En 1862, promu au grade d’aspirant, il doit embarquer pour trois ans sur un bateau, mais, une fois rentré il demandera à être affecté à terre pour se consacrer à la composition. Nommé en 1871 au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, il se consacre à la musique et compose son premier opéra La Jeune fille de Pskov. Le second, La Nuit de mai, suit en 1880. Trois ans plus tard, vient La Fille de Neige, puis d’autres œuvres majeures dont La Fiancée du Tsar en 1899. Il meurt à Lioubensk le 21 juin 1908, avant  d’assister à la création de son ultime opéra Le Coq d’Or, qui fut interdit pendant un an.

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !