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"L'hôtel du Libre-échange" : hilarant !
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Si vous voulez vous amuser et si vous n'avez qu'un seul spectacle à voir avant l'été, c'est la version de cette pièce de Feydeau, proposée par la Comédie-Française, qu'il faut choisir. Vous ne le regretterez pas...

Virginie Le Guay

Virginie Le Guay

Virginie Le Guay est chef-adjoint du service politique de Paris Match.

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THEATRE

L'hôtel du Libre-échange

de Georges Feydeau et Maurice Desvallières

Mise en scène : Isabelle Nanty

Scénographie et costumes: Christian Lacroix
Avec Thierry Hancisse, Anne Kessler, Bruno Raffaeli, Florence Viala, Michel Vuillermoz, Christian Hecq...

INFORMATIONS

Comédie-Française 

 Salle Richelieu

 Place Colette

Paris 1er

Réservations: 01 44 58 15 15

Jusqu'au 25 Juillet 

RECOMMANDATION :  EN PRIORITE

THEME

Ecrite  en 1894 par un Georges Feydeau de 32 ans et par son ami Maurice Desvallières, cette pièce en trois actes  et deux décors est tout bonnement diabolique. En l'espace d'une nuit folle et absurde, une poignée de personnages dont certains sont mariés (mais pas toujours avec ceux ou celles avec lesquels ils arrivent dans les lieux...)   et d'autres de simples relations mondaines,  se croisent dans un hôtel borgne réputé pour sa discrétion,  où aucun d'entre-eux ne s'était jamais rendu  et où aucun d'entre eux n'aurait jamais du se trouver. 

Réglée au cordeau, la mise en scène nous offre une succession d'apparitions et de disparitions, de fausses entrées et de vraies sorties qui mettent aux prises un veuf  et ses quatre filles arrivés tout droit de Valenciennes,  un couple adultérin qui n'aura pas le temps de commettre l'irréparable, le vrai mari et la vraie épouse de ce couple d'une nuit  et un gardien de nuit débordé par une succession frénétique d' évènements cocasses et surréalistes où la vraisemblance n'a que peu de place. 

POINTS FORTS

Le degré de perfection du jeu des comédiens dont la seule énumération donne, à qui aime le théâtre,  un  frisson d'excitation.  Pour ce spectacle appelé à devenir un grand classique de son répertoire, la troupe de la Comédie Française a délégué sans hésiter ce qu'elle a de meilleur:  la fine fleur de ses pensionnaires, les plus expérimentés , les plus roués à nous faire oublier leur travail  de haute précision en répétition et à nous faire croire que tout est facile et gai lorsqu'on se retrouve sur les planches. L'incarnation, le mot n'est pas trop fort,  du veuf venu de province flanqué de son quatuor de jeunes damoiselles pépiantes et ravissantes  que nous  réserve Christian Hecq est renversante. Les spectateurs hoquettent de rire devant sa gestuelle travaillée au millimètre  près , sa coiffure inouïe et son bégaiement qui varie d'intensité... selon la météo.  

 POINTS FAIBLES

Vraiment, aucun. 

EN DEUX MOTS

Un conseil tout simple: laissez tout et courez  dès que possible passer une soirée  place Colette  dans cette magnifique salle refaite il y a quelques années,  une des plus belles salles de Paris. Courez,   avec ou sans enfants,   et régalez-vous. Riez à perdre haleine sans jamais chercher à vous retenir.  Savourez  sans aucun remord  le cynisme de Feydeau, sa malice,  chaque réplique ciselé.  Les -ravissants- costumes de Christian Lacroix,  les décors  ingénieux représentant l'hôtel ( la scène est parfois coupée en six),  la mise en scène de la piquante Isabelle Nanty ... tout est merveille. Tout fait merveille. 

Cela restera certainement comme l'un  des meilleurs spectacles de l'année. Pour -presque- tous publics. Un peu amoral toutefois... Mais c'est si bon parfois l'anormalité!

UN EXTRAIT

"C'est pas une femme que j'ai là, c'est un pion. Et dire que je l'ai épousée par amour , malgré ma famille. Il y a vingt ans c'est vrai. Ah! si on pouvait voir les femmes vingt ans après, on ne les épouserait pas vingt ans avant!" 

L’ AUTEUR

Adepte des collaborations, Georges Feydau, auteur surdoué et fécond ( 1862-1921),   nous a offert  à 24 ans "Tailleur pour Dames". Il a  écrit avec  son compère,  Maurice Desvallières,  "Champignol"  et cet excellent " Hôtel du Libre Echange" . Avec Maurice Hennequin  il rédigera" Le système Ribadier". 

"J'introduis,  dans ma pilule,  un  gramme d'imbroglio, un gramme de libertinage, un gramme d'observation. Je malaxe du mieux possible ces éléments".  "Un fil à la patte" fut un grand triomphe  tout comme " Le Dindon" et "La Dame de chez Maxim".  Après "Hortense a dit" George Feydeau se consacrera à la lecture et à la peinture. Il meurt de la syphilis en 1921. 

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