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"French connection" d'hier et d'aujourd'hui : les liens nébuleux mais étroits entre la mafia italienne et le milieu corso-marseillais
©Reuters

Bonnes feuilles

Toute la région PACA est aujourd’hui infiltrée par la mafia italienne. À Toulon, Nice, Cannes, Marseille, le Midi n’est plus seulement une terre de blanchiment, mais un territoire où les clans développent leurs activités traditionnelles en « joint-venture » avec les truands français, tout en restant eux-mêmes dans l’ombre. Extrait de "Riviera Nostra : L'emprise des mafias italiennes sur la Côte d'Azur" de Jean-Michel Verne, aux Editions Nouveau Monde (1/2)

Jean-Michel Verne

Jean-Michel Verne

Jean-Michel Verne collabore à Paris-Match, La Tribune de Genève et a récemment publié Main basse sur Marseille… et la Corse (Nouveau Monde éditions).

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On ne peut conduire cette investigation sur la mafia italienne dans le Sud-Est sans évoquer les liens historiques de la Camorra, de la ’Ndrangheta ou de Cosa Nostra avec l’une des plus puissantes organisations criminelles implantées sur notre territoire, la mafia corso-marseillaise.

Cette alliance historique s’est conclue autour d’une activité principale, le trafic de drogue. L’histoire est connue. Elle se scelle après-guerre lors d’une visite de Lucky Luciano, éminent représentant de la Cosa Nostra américaine, au clan des frères Guérini. La rencontre a été préparée par le bras droit de Luciano, Meyer Lansky, lors d’une croisière autour de la Méditerranée en compagnie de sa jeune et belle épouse. C’est la grande époque de la French Connection qui voit les labos d’héroïne fleurir sur le sol français grâce au talent des chimistes marseillais. Les Corses sont à la manœuvre, notamment un certain Nick Venturi, proche de Gaston Defferre, comme le confirme un rapport du Sénat américain daté de 19641 . Pourtant Nick Venturi, s’il connut quelques déboires judiciaires au cours de l’affaire dite « des fausses factures», n’a jamais été inquiété pour trafic de drogue. Il terminera sa vie paisiblement dans un appartement cossu du 8e arrondissement, comme tout bon bourgeois marseillais.

L’assassinat le 21 octobre 1981 du juge Pierre Michel face à l’un des lieux emblématiques de la ville, l’immeuble Le Corbusier, marque un tournant dans la saga de la French Connection. Le magistrat, après avoir démantelé les derniers laboratoires installés en France, s’est en effet attelé à poursuivre jusqu’au bout son instruction sur la French Sicilian Connection. Cette enquête menée en collaboration avec Giovanni Falcone met en évidence une joint-venture entre Marseillais et Siciliens monté par Cosa Nostra pour prendre le relais des fameux labos marseillais. Jo Cesari, le chimiste aux doigts de fée capable de produire une héroïne pure à 90 %, s’est pendu après son arrestation dans la prison des Baumettes. Il a trouvé des héritiers, notamment André Bousquet, un ancien pédiatre reconverti dans le trafic de drogue. Le 26 octobre 1980, Bousquet est interpellé à Carini près de Palerme en train de «tourner» 171 kilos de morphine-base venue de Turquie et destinée au marché américain.

Deux autres personnages apparaissent dans ce dossier: François Girard, dit «Francis le Blond», et François Scapula, dit «le Brun». Girard, balancé par Scapula, sera condamné quelques années plus tard pour avoir commandité l’assassinat du juge Pierre Michel. Mais en frappant Bousquet, le juge Michel a aussi beaucoup dérangé les gens de Cosa Nostra, notamment un certain Don Gerlando Alberti. Considéré comme un capo de l’organisation, il est interpellé en même temps que Bousquet.

L’instruction menée autour de l’assassinat de Pierre Michel n’a jamais permis de prouver une quelconque implication des Siciliens dans cette exécution, mais une ombre plane. Une ombre qui n’est jamais parvenue à se détacher du cadavre criblé de balles du magistrat qui fut achevé ce jour-là de deux balles tirées à bout portant par un certain François Checchi, petit tueur sans envergure du quartier d’Endoume.

Extrait de "Riviera Nostra : L'emprise des mafias italiennes sur la Côte d'Azur" de Jean-Michel Verne, aux Editions Nouveau Monde

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