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Emmanuel Macron serait-il un Président pâte à modeler que les électeurs pourraient sculpter à leur guise grâce aux législatives ?
©Capture d'écran France 2

Entre habileté et ambiguïté

Au vu des ralliements vers le parti En Marche! de ces derniers mois, il est encore difficile de situer politiquement le futur gouvernement d'Emmanuel Macron si celui-ci venait à être élu Président. La question des élections législatives se pose également.

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud

Xavier Chinaud est ancien Délégué Général de démocratie Libérale et ex-conseiller pour les études politiques à Matignon de Jean-Pierre Raffarin.

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Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano

Jean-Luc Mano est journaliste et conseiller en communication chez Only Conseil, dont il est le co-fondateur et le directeur associé.

Il anime un blog sur l'actualité des médias et a publié notamment Les Perles des politiques.

 

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Selon vous, qu'attend Emmanuel Macron pour se prononcer ? La ligne politique de son quinquennat sera-t-elle décidée par les électeurs aux législatives, ou est-elle de toute façon d'ores et déjà figée et gravée dans le marbre ?

Jean-Luc Mano : Une élection d'Emmanuel Macron et la constitution d'un premier gouvernement post-législative serait un événement totalement inédit en France. Si certains ont prôné des gouvernements rassemblant des personnalités de gauche et de droites, ça ne s'est jamais concrétisé et c'est une culture que la France n'a pas. La seule fois ou des gouvernements de cette nature se sont créé remonte aux premiers gouvernements du Général De Gaulle à la libération. C'est donc difficile à imaginer dans le détail.

Emmanuel Macron dit qu'il veut un rassemblement de la base de son programme présidentiel, les personnalités de tout bord auront pour point commun qu'ils doivent adhérer à l'essentiel de son programme. Il ne faut pas essayer de lire l'éventualité d'un futur gouvernement d'Emmanuel Macron avec le logiciel qui est le nôtre habituellement. On va essayer de savoir s'il est de gauche ou de droite, mais il sera les deux, avec même du centre au milieu. Il est difficile à définir et à traiter pour le moment. Il échappe au classement qu'on fait habituellement.

Xavier Chinaud : Comme me semble-t-il l’intéressé lui-même l’a expliqué, il ne faut pas confondre le soutien à sa candidature avec la participation éventuelle à son action si E. Macron était élu Président de la République. Bien curieux serait le candidat qui refuserait soutiens et suffrages, surtout quand par ailleurs il appelle à une recomposition de la vie politique. Lors de « L’émission Politique » sur France 2 la semaine dernière, la réponse à cette question a été clairement apportée :  

« En marche ! n’est pas une recyclerie,  Je porte l’alternance profonde, pas le tic-tac droite gauche (…) Pour la première fois je dis que je veux faire venir gens de la société civile et réconcilier des familles politiques qui partagent les mêmes valeurs : les socio-démocrates, les écologistes raisonnables et européens, le centre, le centre droit, les gaullistes sociaux, la droite sociale et européenne ».

Depuis l’adoption du quinquennat et la concomitance qui s’en suit des élections présidentielles et législatives, ces dernières se font pour les candidats de la majorité présidentielle sur le programme et les engagements du Président élu, cette élection ne dérogera pas à la règle.

A supposer que ce flou sur l'orientation politique de son quinquennat soit en suspens en attendant le rapport de force à l'issue de la présidentielle ou des législatives, quel peut être le danger d'une telle stratégie ?

Jean-Luc Mano : Si vous gagnez l'élection présidentielle, c'est bien que votre stratégie à gagné.

Pour les législatives en revanche, il y aura un rapport de force et plusieurs hypothèses.

La première, c'est ce qui a toujours eu lieu en France, (à l'exception de 1988 ou François Mitterrand n'a pas voulu donner au PS sa majorité absolue), une percée des candidats macronistes et d'un groupe parlementaire qui arrive au moins à égalité avec le deuxième et qui est un groupe majoritaire important.

Deuxième hypothèse, sans qu'il y ait de majorité, d'autres groupes parlementaires comme celui qui est constitué par les Républicains et le centre, soit devant. A partir de ce résultat-là, le soutien à l'Assemblée Nationale, indispensable sous la cinquième république, que pourrait avoir Emmanuel Macron c'est d'avoir ses députés du PS et un renfort des élus du centre, et se débarrasser du concours d'une partie des élus républicains. Est-ce que ce sera suffisant pour obtenir une majorité, il faudra attendre le second tour des législatives pour le savoir.

Si la question est de savoir est-ce que les majorités sont plus faciles  à constituer avec des partis très ancrés, la réponse est oui. Si on se demande est ce qu'il est impossible pour Emmanuel Macron  président d'avoir la possibilité d'obtenir une majorité, c'est a priori possible sur le papier.

Xavier Chinaud : Ni flou ni stratégie, que ses concurrents affirment le contraire dans cette fin de campagne ne font pas de ces attaques une vérité. Quelle est l’orientation politique claire de LR ou du PS sur l’avenir de l’Europe ? Sont-ils tous d’accord sur la question des institutions, de la décentralisation pour ne prendre que ces trois items ? Y a-t-il plus ou moins de différences entre par exemple Jean Pierre Raffarin et Emmanuel Macron ou entre le même Jean Pierre Raffarin et Laurent Wauquiez ? la même question ne se pose t’elle par exemple pour Michel Sapin entre Benoit Hamon et Emmanuel Macron ? le flou me semble bien partagé…Votre question est fondée sur un point : nombreux sont ceux qui attendent les rapports de force du 1er tour pour se positionner dans l’avenir…

Comment interpréter cette indécision de la part du candidat et quels enseignements peut-on en tirer ?

Jean-Luc Mano : Il n'y a pas d'indécision. Il y a un pari qui est que l'élection présidentielle entraînera un mouvement profond aux législatives. Et qu'il trouvera conformément à sa stratégie dans les différents groupes à l'Assemblée Nationale la possibilité de composer avec un certain nombre de responsables politiques. Alors oui il s'agit bien là d'une difficulté mais c'est avant tout une application de sa vision politique.

D'autant que cette difficulté sera répartie et d'autant plus marquée pour les groupes socialistes, centristes et républicains. Ils devront garder leurs unités dans cette situation. Car il y a chez les Républicains assez de différences politiques entre la droite extrême du parti et les modérés. Les modérés préfèreront-ils faire leurs vies pendant cinq ans avec sens commun ou avec Emmanuel Macron ? Ça se discute. Chez les socialistes, préféreront-ils travailler avec Macron ou s'allier Jean-Luc Mélenchon ? Ça se discute également.

Xavier Chinaud : Y a-t-il indécision dans l’affirmation réitérée d’E. Macron :  "J’ai fixé 5 règles pour les législatives : le renouvellement, le pluralisme politique, la probité, la parité et la mixité, et l’adhésion au projet qui est le mien." ?

Quels enseignements en tirer ? Qu’un candidat dont le casier judiciaire ne serait pas vierge ou un député sortant qui ne se reconnaitrait pas dans les engagements d’E. Macron devenu Président aura un candidat issu de la Majorité Présidentielle face à lui.

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