"Cinq années de résistance" de Gabriel de Choiseul, Duc de Praslin : Quand les Français se disaient prêts à donner leur vie pour leur pays, un beau témoignage<!-- --> | Atlantico.fr
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"Cinq années de résistance", de Gabriel de Choiseul, Duc de Praslin, a été publié aux éditions Tallandier.
"Cinq années de résistance", de Gabriel de Choiseul, Duc de Praslin, a été publié aux éditions Tallandier.
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"Cinq années de résistance", de Gabriel de Choiseul, Duc de Praslin, a été publié aux éditions Tallandier.

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau pour Culture-Tops

Yann Kerlau est chroniqueur pour Culture-Tops.

Culture-Tops est un site de chroniques couvrant l'ensemble de l'activité culturelle (théâtre, One Man Shows, opéras, ballets, spectacles divers, cinéma, expos, livres, etc.).
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"Cinq années de résistance" de Gabriel de Choiseul, Duc de Praslin

Préface d’Eric Mension-Rigau
Editions Tallandier
2021
314 pages
21 euros

Notre recommandation : BON

THÈME

 Devenu après la mort de son frère aîné le 8ème duc de Praslin, Gabriel de Choiseul Praslin (1879-1966) entre dans la Résistance lors de la seconde guerre mondiale avec ses trois fils dès le 22 juin 1940. Leur confiance en le Général de Gaulle est totale. Arrêtés tous deux en mars 1944 avec son second fils René, Gabriel de Choiseul-Praslin et lui seront emprisonnés à Limoges. Charles, fils cadet du duc, chevalier de la légion d’honneur et Croix de guerre, périra le 6 mai 1945 à l’âge de 24 ans. 

La narration de ces cinq années de résistance vécues par l’une des plus illustres familles de France s’achève en 1947 et est publiée pour la première fois en 1949. Cette réédition en 2021 est faite à la demande du petit-fils de l’auteur, Raynald de Choiseul, 10ème duc de Praslin, fier du passé de sa lignée. L’honneur, la fierté, le courage de défendre son pays sont autant de témoignages bien peu fréquents dans le monde que nous traversons : ils nous mettent face à des défis que les jeunes générations du vingt-et-unième siècle n’ont pas connus.

Ce passé de terreurs, de doutes, de pertes irréparables pour notre pays nous montre une France anéantie par une guerre éclair qui devra son salut à ceux qui sauront lui donner la force et les moyens de se libérer de l’occupation allemande. La main tendue de l’Amérique d’Eisenhower, l’appel venu de Londres le 18 juin 40 et lancé par le  Général de Gaulle ont permis à une minorité de Français de resserrer leurs liens pour défendre leur pays. La Résistance, comme elle sera nommée, donnera à la France l’éternelle image d’un pays où la liberté triomphe quels que soient ses ennemis.

POINTS FORTS

La préface due à Eric Mension-Rigau ouvre le rideau avec la justesse et la profondeur de champ qui lui sont coutumiers. Ces cinq années de cache-cache avec le danger, les mensonges, les ruses et la mort sont peintes sans grandiloquence inutile, faisant de chaque jour et chaque nuit un traquenard où le pire est toujours possible. La confusion, les risques pris par les maquisards, la surveillance constante dont ils ont été l’objet donnent à ce livre le rythme d’une lutte haletante.

QUELQUES RÉSERVES

Désireux de rappeler au lecteur qu’à compter de la Seconde Guerre mondiale, l’auteur avait mis fin au soutien et à l’estime qu’il avait pour Charles Maurras, Gabriel de Choiseul s’en défend durant toute la première partie du livre, alourdissant un tracé qui se veut exemplaire de bout en bout.  

Bien que condamné par un arrêt de la Cour d’Appel de Lyon le 28 janvier 1945 pour Haute trahison et Intelligence avec l’ennemi, il est légitime de rappeler que Charles Maurras continuera jusqu’à sa mort à écrire pour que personne n’oublie son antisémitisme et ses convictions politiques. Présent dès le chapitre II, il l’est encore au chapitre III où son nom apparaît douze fois en vingt pages. Définitivement trop ! Heureusement pour nous, l’affaire Maurras se clôt au chapitre IV avec l’envoi de deux lettres du 1er janvier 1941 adressées par  Gabriel de Choiseul à Charles Maurras, courriers que nous n’avions que trop attendus et qui font partie des extraits cités plus bas.

ENCORE UN MOT...

 A une heure où notre pays ne cesse d’être montré du doigt, accusé du pire et rumine une culpabilité séculaire, ces Cinq ans de résistance sonnent comme un rappel à l’ordre qui surprend par sa sérénité devant le danger et la menace de disparaître.

UNE PHRASE

Fier de la devise des Choiseul qui veut que « le succès accompagne le courage » écrit Eric Mension-Rigau dans sa préface, Gabriel de Choiseul  s’engage dans la Résistance avec ses trois fils, « d’un seul cœur et de toutes ses forces », sûr que l’avenir est avec le général de Gaulle. Comme ses amis qui partagent ses convictions, il écoute la BBC, cache des armes chez lui, abrite des parachutistes anglais et participe à des opérations de sabotage. (p. 16)

Courrier de Gabriel de Choiseul à Charles Maurras, daté du 1er janvier 1941 : « Vous, Maurras, moins que tout autre aviez le droit d’agir ainsi ; vous, qu’au prix de souffrances que vous connaissez, nous avons défendu jusqu’à la victoire contre des procès de tendance, pareillement iniques. Aujourd’hui, sans le vouloir, par le fait de votre persévérance dans une incompréhensible erreur, vous avez rendu mille et mille fois plus ardue la tâche de la Restauration nationale. Vous l’avez peut-être rendue impossible ; vous vous êtes fait le fossoyeur de vos propres espérances et, ce qui est infiniment plus grave, peut-être du seul moyen du salut de notre France … Y aura-t-il, comme on me le fait craindre la Guerre civile ? Qui l’aura allumée vraiment, sinon vous et ce que vous laissez passer chaque jour de perfide, d’odieux, et même d’impardonnable, dans votre journal. » (page 84)

L'AUTEUR

Gabriel de Choiseul (1879-1966), duc de Praslin,  héritier d’une lignée aristocratique comptant cinq maréchaux, est l’un des premiers résistants de l’intérieur durant la seconde guerre mondiale. Il ne faut évidemment pas le confondre avec son ancêtre César-Gabriel de Choiseul Praslin (1712-1785) qui fut ministre des Affaires étrangères et Secrétaire d’Etat à la Marine.

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