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Les asexuels relancent le combat pour leur reconnaissance
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Abstinence

Les asexuels font figure de bêtes curieuses dans notre monde hypersexualisé. David Jay, le plus célèbre d'entre eux, voudrait redéfinir la notion de vie sexuelle "normale". Qui ne ferait pas du sexe un but absolu.

David Jay est l’asexuel le plus connu aux États-Unis. Dès son plus jeune âge, il se souvient ne jamais avoir ressenti une attirance pour quiconque. Et de s’être senti mis à l’écart. Plus tard, il a découvert que comme 1% de la population, il était asexuel. En 2001, à l’âge de 18 ans, il lance l’AVEN (Asexual Visibility and Education Network , le réseau de visibilité et d’éducation pour les asexuels), une communauté en ligne qui a pour but d’aider les personnes qui s’identifient comme asexuelles et à faire connaître à un large public l’asexualité. En France, Sophie Fontanel, journaliste à Elle a mis en avant ce thème dans son livre "L'envie" (voir vidéo).

La journaliste y raconte les réactions suscitées par sa décision d'arrêter sa vie sexuelle. "Dans ma maison d'édition, ils avaient peur que je m'expose avec ce "je" raconte-t-elle dans le Nouvel Observateur. Elle a beaucoup senti les regards critiques et perplexes lors de la promotion de son livre. "C'est dingue, aujourd'hui, on peut dire qu'on est échangiste sans choquer personne, mais ne pas faire l'amour, même pendant une période donnée, ça, non..." s'étonne-t-elle.

Car l’asexualité peut étonner et dérouter. Ces personnes ne ressentent aucun besoin, ni aucune envie d’avoir des relations sexuelles. Ils ont le même besoin de relations romantiques que les autres, mais ne ressentent pas de désir sexuel.

Or le sexe est aujourd’hui un élément central de nos vies. Il définit en partie ce que nous sommes et comment nous nous comportons avec les autres. Ainsi dans notre société hypersexualisée, les asexuels sont parfois considérés comme des extraterrestres. Avoir une vie sexuelle débridée est presque devenu une norme sociale. "C’est typique de la schizophrénie de l’époque. Les gens se sentent obligés de surjouer la libération sexuelle", constate la sexologue Catherine Solano dans Le Nouvel Observateur.

Et l’image du sexe a bien changé au cours du 20e siècle. Les experts du sexe sont aujourd’hui légion, la vie sexuelle est évoquée dans bon nombre de magazines. Aujourd’hui on attend du sexe qu’il consolide nos relations, qu’il encourage notre estime de soi ou qu’il soulage notre mal être. Et le fait de ne pas être intéressé par le sexe est perçu comme une anomalie. Pourtant, "théoriquement, l’absence de désir sexuel ne devrait poser aucun problème", estime le Dr Tony Bogaert, un professeur à l’université de Brock dans l’Ontario, et qui a axé ses recherches sur l’asexualité." Mais nos médias suggèrent que l’hypersexualité est la norme. L’asexualité est devenu un ‘problème’ quand elle est devenu plus visible et qu’elle est devenue en un sens un nouveau moyen de stigmatisation".

Redéfinir la notion de vie sexuelle "normale"

Aux Etats-Unis David Jay veut poser le débat en d’autres termes et redéfinir ce qu’est une vie sexuelle "normale". Il dit vouloir entamer la 3e phase du mouvement asexuel. La première phase a commencé dans au début des années 2000 quand l’asexualité a été reconnue. Elle existait certainement auparavant mais Internet a permis aux asexuels de mettre des mots sur ce qu’ils croyaient être un "problème".

La deuxième phase a été la phase de mobilisation. En 2006, David Jay a mené une grande campagne de sensibilisation dans les médias américains… qui s’est avéré rude pour les asexuels qui ont parfois été pris pour des personnes ne pouvant assumer des relations sexuelles.

La troisième phase commence cette année et pourrait bien révolutionner notre façon de voir la vie sexuelle. David Jay dit vouloir bousculer la notion de vie sexuelle lambda. "L'asexualité met en lumière la fixation que nous faisons sur le sexe" estime Ela Przybylo, une chercheuse en culture sexuelle à l'université de York au Canada. "Le sexe est devenu tellement imbriqué dans notre être que nous ne pouvons pas imaginer que les relations puissent se passer différemment" explique-t-elle dans The Atlantic.

En effet, si on cesse de penser que nos relations importantes sont celles qui sont romantiques ou sexuelles, le fait d'être célibataire par exemple prend un tout autre sens. Idéalement, "nous pourrions arrêter de penser que nos histoires et envies sexuelles sont un but absolu, mais plutôt qu'elles peuvent fluctuer selon ce que nous ressentons et selon la personne avec laquelle on est", affirme-t-elle aussi. En somme, il s'agit de la liberté de pouvoir choisir si l'on veut avoir des relations sexuelles sans être considéré comme une bête curieuse.

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