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"Alerte élus homophobes" : quand la radicalisation des socialistes devient contre-productive
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Débats de société

Les jeunes socialistes ont mis en ligne au début du mois de janvier un site Internet "Alerte élus homophobes" permettant aux citoyens de dénoncer les dérapages homophobes des élus.

Christian Combaz

Christian Combaz

Christian Combaz, romancier, longtemps éditorialiste au Figaro, présente un billet vidéo quotidien sur TVLibertés sous le titre "La France de Campagnol" en écho à la publication en 2012 de Gens de campagnol (Flammarion)Il est aussi l'auteur de nombreux ouvrages dont Eloge de l'âge (4 éditions). En avril 2017 au moment de signer le service de presse de son dernier livre "Portrait de Marianne avec un poignard dans le dos", son éditeur lui rend les droits, lui laisse l'à-valoir, et le livre se retrouve meilleure vente pendant trois semaines sur Amazon en édition numérique. Il reparaît en version papier, augmentée de plusieurs chapitres, en juin aux Editions Le Retour aux Sources.

Retrouvez les écrits de Christian Combaz sur son site: http://christiancombaz.com

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La niaise frénésie qui agite en ce moment les milieux progressistes en faveur de l'homosexualité est peut-être ce qui est arrivé de pire aux homosexuels depuis le procès d'Oscar Wilde. D'abord si l'on avait appliqué dans l'histoire les méthodes des jeunes Socialistes qui établissent en ce moment un fichier des personnages publics homophobes,  Clemenceau aurait dû quitter le Parlement pour avoir dit "le Maréchal Lyautey a des couilles au cul, même si ce ne sont pas toujours les siennes" et Saint-Simon serait consigné dans l'Enfer de la Bibliothèque nationale pour avoir été sévère avec les moeurs du Cardinal de Bouillon. Ensuite et surtout, les bataillons de la police verbale ont l'illusion de faire progresser la tolérance, mais ils sont en train de déchaîner le contraire.

Contre leurs tentatives dérisoires pour réformer par décret la nature humaine on peut citer ce qui se passe dans les pays de tradition protestante en matière de violence. Dès l'âge de cinq ans le petit garçon américain, mais aussi suédois, allemand, norvégien, s'entend sermonner par un personnel éducatif généralement féminin, sur le ton : tu ne devrais pas traiter ainsi ton petit camarade, excuse-toi tout de suite. Le résultat est que le gamin obligé de faire des excuses redouble, dans le dos de l'encadrement, de vexations sournoises à l'égard de celui que le système prétend défendre à coups de sermons. Un autre résultat, dont tous les hommes qui ont fréquenté les vestiaires en Amérique peuvent témoigner, est que la densité de misogynie chez le mâle américain quand il se lâche en l'absence des femmes, ne serait pas tolérable à la plupart de nos compatriotes, alors même que les jeunes Américains sont prévenus contre le sexisme jusqu'à la nausée. On leur a fait le même coup à propos des homosexuels dès l'école primaire. Je vous cite le résultat, ce sont des paroles d'Eminem : 


"Je suis un criminel, mes mots sont comme un poignard au fil dentelé, que tu sois pédé ou gouine je t’envoie ma lame à travers la gueule, est-ce que je déteste les pédés ? La réponse est oui. Suis-je homophobe ? Non, mec, c’est toi qui es hétérophobe (…) (parodique) Hé, c’est moi Versace, merde un type me flingue, j’étais juste en train de le tripoter c’est pas normal ça.

Mais non je plaisante, j’adore les gays, voilà vous êtes contents ? Désolé les curés, désolé les profs, je suis hors d’atteinte, ma mère non plus ne peut rien contre moi, je pense ce que je veux, et vous savez pourquoi ? Je regarde la télé, le câble, vous ne pouvez pas m’empêcher de penser ce que je veux,  d’aimer ce que j’aime, d’enregistrer chaque année ce que je veux . Chaque fois que j’écris  un tube les gens me reprochent de dire ce que j’ai sur le cœur mais je m’en fous."

Une véritable ligue des bien-pensants s'est constituée qui légifère désormais au sujet du vocabulaire employé, qui s'arroge le pouvoir de condamner à mort quelqu'un médiatiquement, socialement, professionnellement comme sous McCarthy, et qui patrouille la vie sociale à la recherche d'abus de langage qu'elle est seule à évaluer. Ce système est en effet d'autant plus pernicieux que comme chez George Orwell, l'interprétation des mots qui blessent, l'appréciation de leur gravité, la désignation des coupables sont entièrement laissées à cette caste de gens qui se cooptent, et qui se servent de leurs principes auto-définis pour faire trébucher leurs adversaires, en oubliant de se pencher sur le genre de propos qui précèdent, dès lors qu'ils émanent, par exemple, d'un rappeur musulman qui déclare "ces gens-là ne sont pas halal". On croit que la France est à l'abri des appels au meurtre façon Eminem ? C'est  en France que l'on blâme les propos de Patrick Balkany mais qu'on laisse circuler des raps du genre Sexion d'Assaut qui appellent à mutiler les homos pour abandonner leurs cadavres au bord des routes (autre extrait : Tirer sur autrui, c'est ce que t'aimes, vas-y, fais-le; ça m'a saoulé   je crois qu'il est grand temps que les pédés périssent, coupe leur pénis, laisse-les morts retrouvés sur le périphérique.)

Il convient de préciser enfin que rien de tout cela ne serait possible sans la complaisance de la foule. Si les bateleurs montent sur un bidon pour accabler quelqu'un c'est bien que le soupçon est diffus, prêt à s'abattre sur n'importe qui, comme j'en ai fait l'expérience chez Ardisson face à un Fouquier Tinville de plateau, un évêque Cauchon de l'anti-homophobie, qui m'a accusé, moi, d'avoir écrit un livre homophobe, mes lecteurs apprécieront (on trouve la séquence sur Youtube). C'est aussi pertinent que d'accuser Benoit XVI de cathophobie, mais ces gens ne reculent devant rien pour rester au micro. Ou plutôt si, il serait temps de les faire reculer devant l'argument qu'ils brandissent en faveur de leur système d'alerte, il s'agit, nous disent-ils, "de ne pas laisser tomber de tels propos dans l'oubli". Le principe avec internet, c'est que plus rien ne tombe dans l'oubli. Si, comme il est probable, la tolérance obligatoire débouche sur une intolérance sauvage par réaction, nous saurons retrouver qui a dit quoi et où. Le cas de Noël Mamère, qui a cru bon de marier deux figurants déguisés avec Rolls et poignée de riz, sera un jour considéré comme un événement multiplicateur de l'intolérance, dont se seraient bien passé les millions d'homosexuels du placard, qui ne songent nullement à se marier, qui avaient réussi à trouver un équilibre auprès de leur entourage dans la discrétion, et dont le tintouin socialiste est en train de troubler la quiétude jusqu'à la colère.

Qu'est-ce que j'en sais ? Devinez donc et consultez le questionnaire mis en ligne par un ami écrivain sous le nom En direct du Placard , il vous renseignera sur l'existence d'un continent silencieux qui n'a pas dit son dernier mot.

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