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Google+ : désert virtuel
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Réseau asocial

Larry Page, le patron de Google, n'a rien posté sur son propre réseau social "Google+" depuis le 15 août 2011. Le concurrent de Facebook paraît bien vide. Visite guidée...

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre

Laurence Lasserre est spécialiste de la communication publique et des medias.

 
 
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Imaginez un monde désert, un espace vide ou personne ne vous entend crier, et dans lequel vous ne partagez rien avec qui que ce soit. Un endroit où vous ne pouvez pas ne pas être car on y accède seulement sur invitation. Et vous avez supplié autour de vous, harcelant vos amis pour en obtenir une. Une fois coopté, vous réalisez votre erreur. Trop tard. Welcome to the Hotel California. Vous êtes désormais prisonnier à jamais d’un endroit où nul retour en arrière n’est possible.

Passé ce moment de panique, vous cherchez vainement à comprendre la théorie des cercles. Des cercles vides, que vous devez remplir. Vous cherchez vos amis. Ils sont peu nombreux, errant comme vous dans le vide. Vous cherchez vos amies, il n'y en a point. Les créatures féminines ont disparu de cet univers ultime, ou n'y sont pas rentrées. Par souci de les protéger, vous renoncez à les inviter.

Il faut pourtant se résoudre à publier un truc, n'importe quoi. Mais dans cette désespérante solitude, que publier ? Que publier sur Google+ que l'on n'ait déjà dit sur Twitter, planète bouillonnante où l'on rame patiemment pendant des mois pour gagner des followers avec quelques bons mots ou traits d'esprit, exercice épuisant dans lequel chacun excelle ? Que publier sur Google+ que vous ne partagiez déjà avec vos amis sur Facebook, avec des centaines voire des milliers d'amis accumulés, et un historique de plusieurs mois ou plusieurs années, qui en fait votre média personnel le plus intime ou le plus exposé ? Poser peut-être une question que vous avez déjà posé en américain sur Quora, et dont vous connaissez déjà la réponse, laquelle d’ailleurs vous importe peu, puisque vous n'habitez pas la Silicon Valley ni le Texas.

Qu'importe, il vous faut publier, par solidarité pour le cercle de vos amis qui se sont fait piéger dans ce trou noir, et qui émettent également des appels désespérés dans le vide, parce qu’ils sont atteints comme vous d’une pathologie compulsive. Google+, c’est vraiment la preuve incontestable que la fin du monde approche. En attendant, je publie des trucs, genre S.O.S, on ne sait jamais. Peut-être que, s'ils voient de la lumière, d'autres gens vont venir ?

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