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Sarkozy II : le Parlement, une perte de temps.... ; Montebourg : un de Gaulle en marinière ? ; Il y a 50 ans, Mao mourait ; être gay en Afrique de l'Est ; Hollande et l'histoire.
©relay

Revue de presse des hebdos

Le second mandat de Sarkozy serait sportif, le premier de Montebourg serait gaulliste. Mao, le tyran sanguinaire qui s'était fait oublier. Du Rwanda à l'Ouganda, la scène gay tente d'exister. Quand François Hollande gamberge sur sa postérité.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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On avait un peu perdu l'habitude des unes de news magazines avec du Sarko pleine page. Lui, on imagine, aimerait bien qu'on s'y réaccoutume. Et si L'Express lui accorde sa couverture de mi-août, ce n'est pas parce qu'il ne se passe rien d'intéressant, mais surtout parce que l'ancien président vient de sortir un bouquin (« La France pour la vie », Plon) dans lequel il explique que, s'il revient, il va littéralement casser la baraque.

« Si les Français choisissent Sarkozy II, prévient Christophe Barbier qui a dû lire le livre sur la plage, qu'ils le sachent, ils auront Sarkozy au carré. Réélu, il lancera encore plus de réformes, encore plus vite qu'il ne le fît lors des chamboulements désordonnés du printemps 2007 ». Le boss des Républicains promet même « une gestion du temps très personnelle et l'emploi du référendum sur les sujets, telle l'immigration, trop urgents pour qu'on les laisse s'enliser au Parlement, ou trop sensibles aux blocages politico-médiatiques ».

On est prévenu : un second mandat Sarkozy n'aura rien d'un second mandat Mitterrand ou d'un second mandat Chirac. Il y aura du sport.

Barbier le pense, mais il n'est pas le seul, « le fiasco général du quinquennat Hollande lui facilite la tâche ». Reste à savoir si la tempête sécuritaire qu'il envisage et le cap sur l'identité qu'il désigne dans son bréviaire est ce qu'attendent les Français en premier lieu, qui aimeraient peut-être que la droite ait une vague notion de ce qui peut être fait pour leur redonner du boulot et de la croissance avant de partir à la chasse aux électeurs du FN. L'Express s'amuse d'ailleurs de ce que pourrait être un gouvernement d'ouverture dans un contexte pareil : « Eric Zemmour secrétaire d’État à l'Identité ? Gilles-William Goldnadel ministre délégué à la réforme pénitentiaire ? Robert Ménard aux Collectivités locales ? ».

Oui, effectivement, s'il est réélu, il y aura du sport. Mais sans doute pas de celui qui rapporte des médailles... Enfin, on verra.

Montebourg en embuscade

Mais L'Express est un hebdo pluraliste, qui partage ses pages entre droite et gauche comme la pendule du CSA pendant un débat télévisé. En embuscade derrière le dossier Sarko, une enquête sur un autre revenant possible : Arnaud Montebourg. Lui aussi, il se rêve en président sportif, même son tropisme gauche de la gauche à l'intérieur de la gauche du centre, est un créneau encombré. Entre Marie-Noëlle Lienemann, Gérard Filoche et maintenant Benoît Hamon, il lui faudra plus qu'une marinière pour se distinguer.

Qu'à cela ne tienne, indique-t-il au magazine : « Je suis comme un sportif qui a fait des pompes toute sa vie (…). Les automatismes reviennent ». « A 53 ans, la silhouette légèrement plus arrondie, la chevelure plus grisonnante, il montera seul, ce 21 août, sur le ring de Frangy-en-Bresse, comme un boxeur après une blessure : il n'a invité aucun autre orateur cette année à sa Fête de la rose ».

Lui, son truc, croit savoir L'Express, sera plutôt le souverainisme (« restructurer l'Europe, imposer un rapport de force avec l'Allemagne, sortir de l'alignement avec les États-Unis »). Il paraît qu'il se prend un peu pour Chevènement, son mentor, et parfois carrément pour de Gaulle « qu'il cite à l'envi ».

Du côté de l’Élysée, on ne semble pas trop le craindre pour autant : « Le fait qu'il ait accéléré son rendez-vous de Frangy prouve qu'il cherche à retrouver de l'oxygène car sa campagne ne prend pas », raille-t-on chez les conseillers de François Hollande.

Mao, l'affreux qui rendait indulgent

Si L'Express fait dans le leader potentiel, il reste clairement ancré dans le champ de la démocratie. Ce n'est pas le cas de L'Obs de la semaine, qui préfère s'intéresser à Mao et qu'il qualifie d'ailleurs, assez pertinemment, de « plus grand criminel de l'histoire ». A la lecture de ce dossier, on se dit que l'idée était bonne. Et que les jeunes générations, qui ont sans doute, du moins on l'espère, entendu parler d'Hitler, voire de Staline, ne savent peut-être pas grand chose du « Grand timonier » et des ses 50 millions de mort.

Disparu il y a déjà quarante ans, Mao continuerait, estime d'ailleurs l'historien Frank Dikötter, de jouir d'une aura vaguement favorable dans certains cercles. C'est que, pour toute sa cruauté, le maoïsme a une histoire politique française : « Au début des années 60, le communisme à la mode soviétique, assommé par les révélations du rapport Khrouchtchev (1956), représenté par des partis d'apparatchiks gris comme la pluie, ne fait plus guère rêver ceux qui se sentent l'âme révolutionnaire ». On les comprend. Mais, du coup, c'est l'homme de la Grande marche qui prend le relais dans une jeunesse française en quête d’icônes : « Mao vient de rompre à grand fracas avec l'URSS (...), n'est-ce pas la preuve qu'il va réussir à sortir de l'impasse stalinienne et trouver, enfin, la voie qui conduit au socialisme ? ».

En tout état de cause, les Jean-Luc Godard, les Philippe Sollers, les Simone de Beauvoir, les Jean-Paul Sartre ou les Bernard Clavel vont y croire, en même temps qu'une tripotée de féministes du MLF et d'étudiants portant la fameuse « gauche prolétarienne » sur les fonts baptismaux. Comme avec l'aventure stalinienne, les témoignages des horreurs finiront par se propager et ramener la plupart des fans de Mao à la raison. Mais pas au point, pour certains, de renier leurs amours inconséquentes de l'auteur du « Petit Livre Rouge », un catalogue de pensées édifiantes encore trouvable chez les bouquinistes.

Mais bon, cinquante millions de morts tout de même, le bonhomme...

Amours interdites

L'Obs livre également, dans ce numéro, un reportage sur l'homosexualité en Afrique de l'Est du photographe Frédéric Noy, qui présente son travail jusqu’au 11 septembre au festival Visa pour l'image de Perpignan. « Sur le continent africain, explique l'hebdo, 33 pays sur 50 condamnent  l'homosexualité (…) mais, au Burundi, au Rwanda ou en Ouganda, dont les législations diffèrent radicalement les unes des autres, Noy a suivi celles et ceux qui, stigmatisés, tentent d'exister ».

Passant d'une salle de tribunal où un homme est jugé pour « acte homosexuel » aux préparatifs d'un concours de « Monsieur et mademoiselle Fierté » à Kampala, de la tombe d'un militant de la cause LGBT mort du sida à un musulman pieux bien que gay priant dans sa maison (« Si Dieu doit me punir, il me punira, mais je sais qu'il m'a créé ainsi »), l'artiste lève un coin du voile sur les conditions de vie d'une communauté en danger permanent.

Hollande : « Mais que dira-t-on de moi plus tard ? »

Il semblerait, apprend-on dans Le Point, qui publie des extraits d'un livre explorant les méandres de ce qui se passe dans le cerveau de François Hollande lorsqu'il se préoccupe de sa postérité (« Conversations privées avec le président », Antonin André et Karim Rissouli, Albin Michel).

« Ce qui est terrible, estime le chef de l’État, c'est de faire un mandat présidentiel dont il ne reste rien. Sauf une bonne image dans le meilleur des cas. Se dire : j'étais là, j'ai occupé la fonction. Mais qu'est-ce que l'histoire retiendra ? ». « Moi, j'ai réglé cette question, se répond-il cependant : le Mali, la réponse aux attentats de janvier, le mariage pour tous, la loi Macron... Une fois qu'on a réglé cette question, on peut tout faire pour poursuivre mais, en même temps, ce n'est pas un drame si ça s'arrête. Le drame, c'est quand vous laissez la place et que vos traces sur le sable s'effacent d'elles mêmes ».

On ne veut certes pas accabler un homme dont les responsabilités sont objectivement importantes, mais sa conviction d'avoir d'ores et déjà marqué l'histoire surprend un poil. Sur la question du chômage, en tout cas, il a l'air moins convaincu de mériter sa statue et son avenue : « L'erreur, c'est d'avoir fixé l'échéance (de l'inversion de la courbe, NDLR) avant la fin de l'année (…). J'ai eu tort, je n'ai pas eu de bol ! En même temps, j'aurais pu gagner ».

Effectivement, on est d'accord, il aurait pu. Même Mao s'est peut-être dit la même chose...

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