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La crise présidente
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Revue de presse des hebdos

Qui sera le faiseur de roi à l’élection présidentielle de 2012 ? Marine Le Pen ? François Bayrou ? Que nenni, c’est la crise !

François Bayrou en couverture du Point, Marine Le Pen, en une de l’Express. Après la Hollande-mania, les hebdos se penchent sur les deux candidats à la place de « troisième homme » à l’élection présidentielle. Qui arbitrera le duel Sarkozy/Hollande ?

Selon l’enquête du Point, Bayrou est plus motivé que jamais. Et ce ne sont pas deux campagnes successives soldées par des échecs, qui ont eu raison de sa « flamme intérieure ». On nous dit qu’il carbure aux crudités, aux fruits, aux protéines, et qu’il a banni le vin de ses déjeuners. Un sacerdoce ? Une passion forte, oui ! « Quatre ans qu’il attend ça, cette élection « terrible et magique » à la fois », écrit Emilie Trevert.

Bayrou, l’increvable espoir

Alors, quelle est sa botte secrète ? Primo… l’échec, car Bayrou pense que la défaite fait vendre. « Il veut croire qu’il s’est assagi, endurci avec le temps et les épreuves (près de dix ans de solitude depuis la création de l’UMP, des échecs à répétition aux élections locales…)  Pour celui qui estime que les Français préfèrent élire des hommes qui en ont « chié », « les traversées du désert, c’est même recommandé ! ». Deuzio, la vérité, qu’il ose regarder en face. « Il pense être le seul à pouvoir la formuler dans cette campagne. Dire que le pays va mal, que la faillite guette, qu’il faudra résorber la dette, augmenter les impôts, la TVA… » Tertio, il fait la promesse qu’en 2012, il donnera des consignes de vote claires pour le second tour. De qui se rapprocherait-t-il ? Suspense, suspense… Ce pourrait être Hollande, avec qui il entretient des relations très amicales.

Mais aussi Sarkozy, avec qui il s’est réconcilié - merci Borloo, dont le retrait de la campagne profite à l’un comme l’autre. Les Français, pourtant, ne voient le Béarnais ni à droite, ni à gauche, mais condamné à la marginalité. Enfin, l’enquête du Point est émaillée de petites phrases assassines lâchées par les adversaires, anciens amis, ex-soutiens du centriste – il faut reconnaître à Bayrou un véritable don pour attiser les belles et grandes insultes. On vous a gardé la meilleure, prononcée par Chirac : « Un jour, il pétera de vanité ». Mais n’est-ce pas le minimum si on veut tout casser en politique ?

Marine, fille à papa

La publication de La Face cachée de Marine Le Pen, signé par leur journaliste Romain Rosso, est pour L’Express l’occasion de fouiller les « secrets de famille » de l’autre arbitre de la présidentielle. A vrai dire, l’enquête est un peu chiche en secrets, et nous n’apprenons pas grand-chose que nous ne sachions déjà sur le clan Le Pen et Montretout, la maison familiale de Saint Cloud que Raymond Depardon comparait à la vieille baraque victorienne de Psychose.

Le dossier montre justement qu’avec Marine, le FN, ce n’est plus le train fantôme, la famille Adams ou un cauchemar hitchcockien, mais une machine de guerre efficace, dans laquelle papa – qu’on voit dans ces pages dans un abominable costume de pirate - est toujours très présent. Dans les bonnes feuilles du livre de Romain Rosso, on lit que Jean-Marie Le Pen passe sa vie au siège du FN, et pas seulement pour prendre des cafés. Mais pour conseiller, aiguiller, coacher sa fille. Il lui dit de s’intéresser aux militants : « Tu es un peu leur Dieu, tu es un élément de leur vie affective (…) Il faut que tu leur montres que tu n’es pas indifférente, toi non plus, à ce sentiment. » Il voudrait qu’elle arrête de fumer, commente ses interventions télévisuelles, et même son programme présidentiel : « Il y avait eu une petite imprudence dans l’expression « Il faut sortir de l’euro », car nous ne sommes pas en mesure de sortir de l’euro. Si notre analyse est validée, c’est l’euro qui va s’écrouler », dit-il.

En attendant le second tour de la présidentielle, dans laquelle Marine se verrait bien donner la réplique à François Hollande, elle travaille, réseaute, et enchaîne les braderies dans le Pas-de-Calais, son terrain de prédilection. Hénin-Beaumont, où son parti a fait une percée insigne, est « le laboratoire du FN », nous dit L’Express, et un tremplin tout trouvé pour un siège au Palais Bourbon, qui pourrait être un lot de consolation non négligeable après une défaite à la présidentielle.  

La crise, sur le ring présidentiel

Et si le troisième homme, l’arbitre ultime de la campagne présidentielle qui s’annonce était la crise des dettes souveraines ? La crise, la crise, les hebdos n’ont que ce mot à la bouche. Sûr que c’est elle qui comptera les points le 6 mai prochain. Le décompte a même commencé. François Hollande et Nicolas Sarkozy s’écharpent déjà au sujet du triple A, qui est devenu un thème de campagne.

Qui, de l’un ou l’autre, saura préserver la notation française menacée ? « Gagnera [celui qui sera] le plus capable de remettre en cause, dans un projet de société cohérent, ses tabous d’avant la crise », analyse Guillaume Hannezo interrogé par L’Express. Augmenter franchement les impôts pour la droite, attaquer la dépense de manière frontale pour la gauche. Parce qu’il est indispensable de conduire les deux. » Toujours est-il que dans cette bataille contre la crise financière, Sarkozy a pris de l’avance sur Hollande, qui va devoir fourbir de nouveaux arguments, le programme du PS étant obsolète (il date de mai) sur le sujet. Mais que cela ne nous empêche pas de compter les points.

Les Inrocks pointent du doigt la mauvaise gestion de crise de Sarkozy : « Un vrai Président serait intervenu dès le départ pour expliquer aux Français les périls de l’euro et de l’Europe, sept minutes bien écrites, bien torchées, bien prononcées. » VSD, moins critique, plus pédagogique, titre : « Le chef de l’Etat compte sur le succès du sommet de la zone euro pour rebondir ». Le Nouvel Obs et Le Point rappellent – on dirait avec une pointe d’ironie - cette phrase aux accents prophétiques et désormais célèbre du président de la République sur le sauvetage de l’Europe : « S’il n’y avait pas eu cet accord, ce n’est pas seulement l’Europe qui sombrait dans la catastrophe, c’est le monde entier. »

La guerre est déclarée

Bon, on ne sait pas si la catastrophe a été évitée, et, cette semaine, il n’y a que Christine Lagarde, la directrice du FMI, pour déclarer, optimiste, dans Challenges : « La crise peut être accoucheuse de bonnes nouvelles : la prise de conscience des impératifs de cohésion. On ne peut avoir le confort d’une Union monétaire sans en avoir les fondamentaux et la discipline. Cela suppose de mettre en commun une part de souveraineté et de ne plus finasser avec les règles. »

Car, en parallèle du plan de sauvetage de l’Europe : réduction de la dette de la Grèce, discipline renforcée des dix-sept membres de l’euro, instauration de la « règle d’or », recapitalisation des banques européennes, les mauvaises nouvelles se ramassent à la pelle. C’est l’annonce, par Georges Papandréou, d’un référendum sur l’accord européen, que Le Point qualifie de « coup de Jarnac » : « Le Premier ministre grec n’a pas seulement créé la surprise, il a surtout jeté la consternation. Pour preuve, les Bourses européennes ont dégringolé dès mardi matin, craignant une faillite du pays et un éclatement de la zone euro. »

C’est l’Europe qui « tend sa sébile aux pays émergents, comme la Chine », lit-on dans le Nouvel Observateur.  Et plus loin : « On va aller faire la quête, s’indigne Michel Sapin, député PS, ancien ministre de l’Economie. Et vous pensez que la Chine va, sans aucune contrepartie, apporter son soutien à l’Europe ? » Les contreparties ? Difficile de lui demander ensuite de réévaluer sa monnaie, de respecter les normes sociales ou environnementales. En revanche, la Chine exigera le statut d’économie de marché à l’Organisation mondiale du Commerce qui lui permettrait de faire baisser certains droits de douanes pour ses produits. »

Marine Le Pen et François Bayrou semblent peser si peu de chose dans ce chaos.

Astrid Eliard

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